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Le Livre de Poche

Le Livre de poche (parfois abrégé LDP) est, à l'origine, le nom d'une collection littéraire apparue le 9 février 1953 sous l'impulsion d'Henri Filipacchiet éditée par la Librairie générale française, filiale d'Hachette depuis 1954.


Léviathan, Julien Green (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mercredi, 01 Octobre 2025. , dans Le Livre de Poche, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, En Vitrine

Léviathan, Julien Green, Le Livre de Poche, 2005, 344 pages Edition: Le Livre de Poche

 

Le morne ennui de la Province il y a un siècle est le décor des romans de Julien Green. Dans une topographie qui semble figée dans l’éternité, la petite ville bourgeoise, ses placettes, ses arbres ordonnés en triangle, la morosité tranquille de ses jours sans fin, ses habitants enfoncés dans des rituels immuables, Green déroule des histoires terribles, qui frisent les limites des comportements humains. Déjà Adrienne Mesurat nous avait conduits vers ces frontières où la raison vacille, où l’horreur fait surface. Mais avec Léviathan, Green franchit toutes les limites du cauchemar et, dans un cauchemar, tout est effroi, lieux sinistres, personnages monstrueux, événements terrifiants.

La fascination de Julien Green pour la topographie se retrouve dans son regard sur cette petite ville de Province. Tout y est lignes et angles, tout y est droites et coins.

La chatte, Colette (par Marie-Pierre Fiorentino)

Ecrit par Marie-Pierre Fiorentino , le Mercredi, 25 Juin 2025. , dans Le Livre de Poche, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, En Vitrine, Cette semaine

La chatte, Colette, Le livre de poche . Ecrivain(s): Colette Edition: Le Livre de Poche

Chez Colette (3)

 

« Mon petit ours à grosses joues…

Fine-fine-fine chatte…

Mon pigeon bleu…

Démon couleur de perle…»

 

« Me-rrouin ». « R…rrouin… ».

Colette possède l’art du mot juste pour toucher nos sens. Elle nous fait entendre Saha, surgie de la végétation sous la main d’Alain, « comme si elle naissait à son appel. » Car Saha a boudé toute la soirée.

La Ballade du Café Triste (The Ballad of the Sad Cafe), Carson McCullers (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mercredi, 29 Janvier 2025. , dans Le Livre de Poche, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman, En Vitrine, Cette semaine

La Ballade du Café Triste (The Ballad of the Sad Cafe), Carson McCullers, Livre de Poche, trad. américain, Jacques Tournier, 106 pages Edition: Le Livre de Poche

 

On sait la fascination qu’exercent sur Carson McCullers les marginaux, les réprouvés, les amoindris, les exclus du monde. Son roman le plus célèbre, Le Cœur est un chasseur solitaire, est une ode à cette humanité oubliée, méprisée. Le Café Triste se constitue en point focal de cette lie humaine, si humaine.

Au cœur d’une bourgade perdue du Sud, autour de l’improbable Amélia, va se tisser une sorte de communauté des âmes perdues, phare inespéré dans un océan de misère. Dans une préface peu inspirée, Jacques Tournier (dit Dominique Saint-Alban) s’aventure à énoncer l’extériorité de McCullers au regard de ses confrères écrivains sudistes, ne lui reconnaissant pas comme prédécesseurs et maîtres Faulkner, O’Connor, Caldwell. Erreur d’autant plus frappante que La Ballade du Café Triste est sûrement, avec Frankie Addams, le roman le plus profondément sudiste de McCullers. Les cadres, les maisons, les gens, la pauvreté, l’idiotie, la folie, tout suinte le Sud. Le début du roman est une évocation toute faulknérienne de la ville en août, on n’attend que Lena* avec son gros ventre…

La Disparition de Josef Mengele, Olivier Guez (par Stéphane Bret)

Ecrit par Stéphane Bret , le Vendredi, 20 Septembre 2024. , dans Le Livre de Poche, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman

La Disparition de Josef Mengele, Olivier Guez, Le livre de poche . Ecrivain(s): Olivier Guez Edition: Le Livre de Poche

 

Jusqu’où peut aller la vérité romanesque ? Doit-elle se substituer à la vérité historique, se superposer à cette dernière, ou limiter sa prétention à un rôle second ? Olivier Guez, dans La Disparition de Josef Mengele, apporte une réponse qui sera précieuse à tous ses potentiels lecteurs que nous espérons très nombreux : il franchit cet obstacle parfaitement en narrant la vie de Joseph Mengele durant l’après-guerre en Amérique Latine par l’imaginaire, bien sûr ; mais aussi en s’adossant à une solide documentation historique et livresque.

Ce qui frappe tout d’abord à la lecture de ce texte, c’est le souci constant de mise en perspective d’Olivier Guez concernant la situation de l’après-guerre. Ainsi décrit-il les lieux de Buenos Aires que Mengele fréquente : « Depuis quelques jours, il arpente Buenos Aires. La colossale avenue du 9 juillet et son obélisque ; Corrientes, ses cabarets et ses librairies ; le gratte-ciel Barolo et les cafés Art nouveau de l’avenue de Mai ».

Œuvres en prose, Hugo von Hofmannsthal (par Patrick Abraham)

Ecrit par Patrick Abraham , le Jeudi, 20 Juin 2024. , dans Le Livre de Poche, Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Œuvres en prose, Hugo von Hofmannsthal, Le Livre de Poche, La Pochothèque, 2010, trad. Jean-Yves Masson, 911 pages, 24 €

 

Sur Une lettre de Hofmannsthal

La Lettre de Lord Chandos à Francis Bacon de Hofmannsthal, publiée en 1902 dans le journal berlinois Der Tag (je me réfère à la traduction d’É. Hermann à laquelle Charles Du Bos, dit-on, aurait contribué, rééditée en 2010 dans les Œuvres en prose de l’écrivain viennois, pp.491-502) et datée du 22 août 1603, peut être lue comme un examen personnel, Hofmannsthal se cachant derrière le « fils cadet du comte de Bath » pour relater une « crise » : l’impossibilité d’écrire, l’adieu aux armes, c’est-à-dire à la littérature – adieu qui au contraire de ceux de son personnage ou de Rimbaud avec les Illuminations n’en sera pas un pour l’auteur lui-même puisque, s’il s’éloignera de la poésie, il ne renoncera jusqu’à sa mort brutale le 15 juillet 1929 ni à la fiction narrative ni au théâtre ni aux interventions dans les revues et quotidiens de son époque.