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Folio (Gallimard)

Collection de poche des éditions Gallimard

 


À chacun son dû, Leonardo Sciascia (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Mercredi, 03 Juillet 2024. , dans Folio (Gallimard), Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Italie

À chacun son dû, Leonardo Sciascia, Folio, avril 2024, trad. italien Jacques de Pressac, revue et corrigée par Mario Fusco, 192 pages, 7,40 € . Ecrivain(s): Leonardo Sciascia Edition: Folio (Gallimard)

 

À chacun son dû présente d’emblée les caractéristiques, trompeuses on le verra, d’un roman policier : dès la première page, le pharmacien Manno reçoit une lettre anonyme l’avertissant de sa mort prochaine pour un motif tu qui fera l’objet de spéculations de la part de ses concitoyens, et, effectivement, il meurt quelques pages plus tard en compagnie du docteur Roscio lors d’une partie de chasse. Celui qui mène l’enquête, puisque les brigadiers progressent peu, très peu, est un professeur de lycée et critique littéraire occasionnel, ami de Roscio, Laurana. Mais très vite, Sciascia brouille le sens de son roman, se faisant même le critique du genre policier :

Les Raisins de la colère, John Steinbeck (Nelle traduction) (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Mardi, 25 Juin 2024. , dans Folio (Gallimard), Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman, En Vitrine, Cette semaine

Les Raisins de la colère, John Steinbeck, Folio, mars 2024, nouvelle trad. anglais (Etats-Unis) Charles Recoursé, 672 pages, 11 € . Ecrivain(s): John Steinbeck Edition: Folio (Gallimard)

 

« Le peuple fuit en laissant l’horreur derrière lui ; des choses étranges lui arrivent, certaines cruelles et amères, d’autres si belles qu’elles ravivent à jamais sa foi ». Parmi ces « belles » choses, une en particulier, « ce qu’il faut bombarder » proclame Steinbeck en s’adressant à ceux qui possèdent « les choses dont les autres manquent » : « le commencement : de “je” à “nous” ». Ce pourrait être, proposée à la fin du chapitre XIV des Raisins de la colère, la morale politique d’un roman qui dépiaute le rêve américain comme peu, le montrant tel un épouvantail cauchemardesque en cette fin des années trente où les tracteurs ont chassé les métayers du Midwest vers une Californie fantasmée et vendue en de mensongers prospectus. Un appel à l’altruisme, pas seulement syndicaliste, mais aussi chrétien – dans un roman où pourtant un pasteur, Casy, prétend ne plus être capable de prier ou prêcher, seulement d’écouter désormais.

Le Journal d’une femme de chambre, Octave Mirbeau (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Mardi, 18 Juin 2024. , dans Folio (Gallimard), Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, En Vitrine, Cette semaine

Le Journal d’une femme de chambre, Octave Mirbeau, Folio, février 2024, édition de Noël Arnaud, révisée par Michel Delon, 592 pages, 8,30 € Edition: Folio (Gallimard)

 

« D’ailleurs, j’avertis charitablement les personnes qui me liront que mon intention, en écrivant ce journal, est de n’employer aucune réticence, pas plus vis-à-vis de moi-même que vis-à-vis des autres. J’entends y mettre au contraire toute la franchise qui est en moi et, quand il le faudra, toute la brutalité qui est dans la vie. Ce n’est pas de ma faute si les âmes, dont on arrache les voiles et qu’on montre à nu, exhalent une si forte odeur de pourriture ».

Célestine prévient d’emblée, dès la première entrée du Journal d’une femme de chambre, que ce qu’elle propose au lecteur sera peu reluisant, sera un portrait sans fards de la bourgeoisie au service de laquelle elle a été, et pourtant la critique fut scandalisée lors de la publication de ce roman d’Octave Mirbeau en 1900.

Persuasion, Jane Austen (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Mardi, 04 Juin 2024. , dans Folio (Gallimard), Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Roman

Persuasion, Jane Austen, Folio Éditions spéciales, novembre 2023, trad. anglais, Pierre Goubert, 432 pages, 14 € . Ecrivain(s): Jane Austen Edition: Folio (Gallimard)

 

Célébrons d’abord l’objet : une couverture cartonnée couverte d’une fine couche de velours gaufré bleu, et un ruban de même couleur en guise de signet. Ouvrir Persuasion dans cette belle édition, c’est s’abstraire quelque peu du monde de l’édition moderne pour retrouver le goût de lire un bel objet – quand bien même on est conscient de l’aspect commercial de cette proposition, qui donne un sentiment de luxe et d’ancien, voire de précieux. Nonobstant, c’est un beau flacon pour une belle ivresse littéraire, celle offerte par le dernier roman achevé par Jane Austen – et pourtant le plus négligé par la critique parmi l’œuvre de l’Anglaise.

L’histoire, comme toujours chez Austen, peut sembler complexe en ceci qu’elle met en présence de nombreux personnages avec des interactions fluctuantes, mais elle se résume comme suit : Anne Elliot, âgée de vingt-sept ans, a autrefois éconduit, sur les conseils de son amie Lady Russell, Frederick Wentworth parce qu’il n’était qu’un jeune officier de la Royal Navy à l’avenir incertain (« Elle avait renoncé à lui pour obliger les autres. Elle avait succombé à la persuasion. Elle avait été pusillanime et timorée ») ;

La Poésie comique, du Moyen Âge à nos jours, Collectif, Anthologie, Stéphanie Lecompte (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Mercredi, 22 Mai 2024. , dans Folio (Gallimard), Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie, Anthologie

La Poésie comique, du Moyen Âge à nos jours, Collectif, Anthologie, Stéphanie Lecompte, Folio+Lycée, novembre 2023, 272 pages, 4,20 € Edition: Folio (Gallimard)

 

Dans l’imaginaire collectif, poésie rime le plus souvent avec mélancolie, parfois avec folie, courtoisie ou philosophie, mais rarement avec gauloiserie. C’est tout l’intérêt de la présente anthologie, à destination il est vrai d’un public scolaire, préparation du Bac 2024 oblige, que de faire sourire voire rire en vers – envers et contre tout, aurait-on envie d’ajouter, puisque quelques textes combattent par l’humour. En effet, en respectant la chronologie et en explorant différentes formes poétiques (le rondeau, le fatras, le coq-à-l’âne, mais aussi le sonnet ou le poème en prose), Stéphanie Lecompte propose un parcours souriant de l’histoire de la poésie française, y invitant les plus grands noms, de Rutebeuf à Tardieu en passant par Villon, Marot, Du Bellay, Scarron, Baudelaire, ou encore Rimbaud. Même Hugo, pourtant guère surnommé « le rigolo », est présent le temps d’une Chanson, extraite des Châtiments.