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La Une Livres

Chanson pour bercer de grands garçons, Conceição Evaristo (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Jeudi, 11 Juillet 2024. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Langue portugaise, Editions Des Femmes - Antoinette Fouque

Chanson pour bercer de grands garçons, Conceição Evaristo, éditions Des femmes Antoinette Fouque, juin 2024, trad. portugais (Brésil) Izabella Borges, 140 pages, 14 € Edition: Editions Des Femmes - Antoinette Fouque

 

Saudade

Pour son « écrit-vie », Chanson pour bercer de grands garçons, Conceição Evaristo convoque la réalité des conditions d’existence du peuple noir du Brésil, des femmes multipliant les grossesses –, épouses légitimes ou maîtresses attitrées ou encore compagnes de passage. Fio Jasmin, à l’origine d’une nombreuse descendance, est le fruit de l’invention de l’écrivaine. Elle le met au monde, sur papier, lui et ses nombreuses liaisons, comme autant de masques du moi, du ça et du surmoi – la conscience des siens qui l’habite, la réserve pulsionnelle de l’amour passion, et le ça, le « prince noir », l’acteur de prédilection adulé par la gent féminine. Or, Fio Jasmin est né sur un continent, le Brésil, où la racialisation par la couleur de peau discrimine les individus, les ghettoïsant dans une société eugéniste.

Quand le fleuve gronde, Borden Deal (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Mercredi, 10 Juillet 2024. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, USA, Roman, Belfond, En Vitrine, Cette semaine

Quand le fleuve gronde, Borden Deal, éditions Belfond, juin 2024, trad. Charles B. Mertens, 720 pages, 17 € Edition: Belfond

 

Histoire du Tennessee

Quand le fleuve gronde, chef-d’œuvre de Borden Deal (né à Pontotoc dans le Mississippi, en 1922 et mort à Sarasota en Floride en 1985, auteur de vingt et un romans et de plus d’une centaine de nouvelles), narre un épisode de l’histoire du sud des États-Unis des années 1930-1940 – une description géographique, sociologique et poétique du Tennessee, inspirée de faits réels. Le Tennessee est réputé grâce à Memphis, la capitale du rock et Nashville, capitale de la musique country. Le Tennessee a aussi d’énormes ressources minières (charbon, fer, etc.) et possède un taux de croissance hors norme (environ 4% par an) pour un État situé dans le centre des États-Unis.

Le grand écrivain donne à découvrir « un coin de terre bien défini parmi toutes les autres terres, un coin qui porte le nom de David Dunbar, un Indien blanc qui n’était ni cherokee ni chickamauga mais chickasaw ». La famille Dunbar est composée du vieux père invalide, de Matthew fils, veuf, d’Arlis, Knox, Rice, Miss Hattie et Jesse John, marié à Connie.

Sur le pouce, Un petit doigt pour la main, un pas de géant pour l’humanité, Mathieu Vidard (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Mardi, 09 Juillet 2024. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Essais, Grasset

Sur le pouce, Un petit doigt pour la main, un pas de géant pour l’humanité, Mathieu Vidard, Grasset, avril 2024, 304 pages, 20 € Edition: Grasset

 

C’est la curiosité qui pousse à ouvrir cet ouvrage : mais qu’y a-t-il donc de si prenant et varié à dire sur le pouce qui justifie qu’on y consacre trois cents pages chez un éditeur non spécialisé dans les publications scientifiques ? Corollaire : le pouce peut-il être un sujet d’étude digne d’intérêt et, surtout, de partage ? Cette curiosité, à laquelle on ne parvient jamais à dire « Pouce ! », est désormais satisfaite : on sait tout sur le « doigt apportant du réconfort aux enfants ou la partie d’une pince qui a changé la face de l’humanité en nous rendant, au quotidien, un nombre incalculable de services », ayant été confronté à une forme de réjouissant épuisement du sujet d’ordre quasi oulipien, épuisement non dénué de poésie occasionnelle et d’humour aussi omniprésent que sous-jacent.

Chronique de la Grande Guerre, Maurice Barrès (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Lundi, 08 Juillet 2024. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Essais, Histoire, Classiques Garnier

Chronique de la Grande Guerre, Maurice Barrès, Classiques Garnier, septembre 2023, édition : Denis Pernot, Vital Rambaud, 1040 pages, 48 € Edition: Classiques Garnier

 

Avant de présenter ce fort volume, il faut commencer par tresser une couronne de laurier aux deux éditeurs scientifiques, Denis Pernot et Vital Rambaud, qui ont accompli un travail admirable, un travail de Bénédictin, pour sélectionner, republier et surtout annoter ces textes de Barrès. L’apparat critique est minutieux et les notes, abondantes, identifient les références les plus obscures et les allusions aux personnages les plus oubliés.

Pendant les quatre années que dura la Première Guerre mondiale, Barrès, qui n’était pas un jeune homme (il avait 52 ans en 1914), donna chaque jour ou presque un article à L’Écho de Paris. Ce n’était même pas le vieux conseil de Pline l’Ancien, nulla dies sine linea, mais bien davantage. Cet ensemble impressionnant, ne serait-ce qu’au point de vue quantitatif, fut réuni après-guerre en quatorze volumes (1920-1924, réédition en 1931-1939), qu’il faut aller chercher chez les libraires d’ancien. Malraux admirait le travail fourni par son prédécesseur :

Dagon, Fred Chappell (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 04 Juillet 2024. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, USA, Roman, Christian Bourgois

Dagon, Fred Chappell, éd. Christian Bourgois, 1968, trad. américain, Maurice-Edgar Coindreau, 282 pages Edition: Christian Bourgois

Les Philistins prirent l’arche de Dieu, et ils la transportèrent d’Ében Ézer à Ashdod. Après s’être emparés de l’arche de Dieu, les Philistins la firent entrer dans la maison de Dagon et la placèrent à côté de Dagon. Le lendemain, les Ashdodiens, qui s’étaient levés de bon matin, trouvèrent Dagon étendu la face contre terre, devant l’arche de l’Éternel. Ils prirent Dagon, et le remirent à sa place. Le lendemain encore, s’étant levés de bon matin, ils trouvèrent Dagon étendu la face contre terre, devant l’arche de l’Éternel ; la tête de Dagon et ses deux mains étaient abattues sur le seuil, et il ne lui restait que le tronc. C’est pourquoi jusqu’à ce jour, les prêtres de Dagon et tous ceux qui entrent dans la maison de Dagon à Ashdod ne marchent point sur le seuil.

La Bible, Premier livre de Samuel, chapitre 5, versets 1 à 5

 

Il arrive qu’un roman fasse peur. Dagon est la peur. De la première à la dernière ligne, ce roman suinte la peur comme une maladie fait la fièvre. Comme la peste fait des bubons. C’est organique, physique.