Identification

La Une Livres

Le Voyage au Congo, André Gide (par Olivia Guérin)

Ecrit par Olivia Guérin , le Vendredi, 26 Septembre 2025. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Récits, Folio (Gallimard), Voyages

André GIDE (1927-1928), Voyage au Congo suivi de Le Retour du Tchad. Carnets de route, Paris, Folio, 2001. Edition: Folio (Gallimard)

Un récit à double détente

Entre juillet 1925 et mai 1926, André Gide a effectué un voyage de près d’un an en Afrique Équatoriale Française, en compagnie de son ami le cinéaste Allégret, de l’embouchure du fleuve Congo au lac Tchad, ce qui représente plus de 3000 kilomètres. La première partie de ce voyage est relatée dans son Voyage au Congo (1927), et la seconde dans Le Retour du Tchad (1928).

Le projet initial de Gide est celui d’un voyage d’agrément, au cours duquel il prend plaisir à observer la faune et la flore africaine. A partir de ses impressions de voyage et de ses carnets de notes, l’auteur produit un récit de voyage qui se donne à voir comme une véritable œuvre littéraire. On y perçoit la grande fascination de Gide face à la nature qu’il observe en Afrique, dans un discours fortement marqué par la subjectivité, et qui est le fruit d’un véritable travail littéraire (pour comparaison, Allégret – qui pour sa part avait pour objectif de réaliser un film documentaire – a lui aussi rédigé un carnet de notes non destiné à la publication – publié à titre posthume [1] sous le titre Carnets du Congo. Voyage avec André Gide, et qui se présente comme un texte plus fragmentaire, plus spontané et moins travaillé sur le plan de l’écriture).

Paris de ma fenêtre – Colette (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 25 Septembre 2025. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Récits, En Vitrine

Paris de ma fenêtre – Colette – Préface par Francis Carco – Postface par Gérald Duchemin – Huit illustrations par Sarah Elie Fréhel – Editions Le Chat Rouge – Collection Pourpre et Or - 22 euros – 304 p. – 17-06-25. . Ecrivain(s): Colette

 

« Oui, j’estime qu’il fallait que ce livre fût écrit – précisément par une femme – pour nous donner de Paris cette leçon de grandeur dans sa quotidienne et fière acceptation. Le miracle est que, sans forcer une seule fois la note, Colette soit parvenue à nous révéler dans de ferveur, de grâce, d’humour, de bon sens et de dignité. »

Francis Carco – 11 août 1944

« Colette excelle à se souvenir, à se raconter à hauteur de femme, à vocaliser sur sa joie de vivre, avec une luxuriance de forêt en pleine santé.

Sa prose alors devient magique. C’est littéral, elle nous ensorcelle. »

Gérald Duchemin – La paysanne de Paris.

Assurance sur la mort (Double Indemnity, 1937), James M. Cain (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mercredi, 24 Septembre 2025. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Polars, USA, Roman, Gallmeister, En Vitrine

Assurance sur la mort (Double Indemnity, 1937), James M. Cain, éd. Gallmeister, 2017, trad. américain, Simon Baril, 157 pages, 8,60 € Edition: Gallmeister

 

Depuis quelques années, il est d’usage et de bon ton chez les experts en polars de chanter la louange des romans policiers qui « bousculent les codes » du genre. Effets de l’air du temps – on déconstruit à tour de bras – ou de la recherche de modernité à tout prix qui ont eu pour résultat de produire une profusion de polars déjantés, de plus ou moins bon goût, dont le seul objectif est visiblement de « bousculer les codes » justement.

Avec James Cain, on ne risque rien. C’est lui, avec quelques autres comme Chandler, Goodis, Hammett, entre autres, qui a établi ces codes, à notre grand bonheur. Assurance sur la mort est l’un des piliers de la grande littérature noire et, comme il se doit de celle-ci, du cinéma noir : Billy Wilder a signé en 1944 un film remarquable tiré du livre.

Donc, tous les codes y sont. Non seulement ceux du polar classique, mais ceux des polars écrits par James Cain. On retrouve en effet, deux ans avant le célébrissime Le Facteur sonne toujours deux fois, le triangle funeste du mari victime, de la femme et de l’amant meurtriers.

Histoire du fils, Marie-Hélène Lafon (par Marie-Pierre Fiorentino)

Ecrit par Marie-Pierre Fiorentino , le Mercredi, 24 Septembre 2025. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Roman, Folio (Gallimard)

Histoire du fils, Marie-Hélène Lafon, Folio 2022, 175 pages, 8,50 euros. . Ecrivain(s): Marie-Hélène Lafon Edition: Folio (Gallimard)

 

Une merveille de petits riens.

 

Suivis du 25 avril 1908 au 28 avril 2008 très précisément, les événements survenus dans les familles Lachalme et Léoty auraient pu constituer une chronique poussive et poussiéreuse sans l’audace de Marie-Hélène Lafon : déconstruire la chronologie. Le temps n’est pas, dans son récit, cette ligne sur laquelle, comme sur un plateau de jeu, se déplacent des hommes-pions dans une seule direction. Il est la durée qui s’enroule en une boucle où seuls le drame fondateur, la rencontre déterminante, et le dénouement de cette Histoire du fils respectent l’ordre de la réalité.

Petit bréviaire du vin et de l’ivresse –– Claudine Brécourt-Villars (par Catherine Dutigny)

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Lundi, 22 Septembre 2025. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Essais, La Table Ronde

Petit bréviaire du vin et de l’ivresse –– Claudine Brécourt-Villars Petit bréviaire du vin et de l’ivresse, Editions La Table Ronde, septembre 2025, 224 pages, 19 € Edition: La Table Ronde

 

Le vin a toujours cheminé aux côtés des plus grands écrivains, et ce depuis l’Antiquité. Euripide, dans Les Bacchantes, en dressait déjà le portrait spirituel : « Le vin est le miroir de l’âme ». Le Moyen Âge, quant à lui, l’honorait en tant qu’élixir d’amour et de passion, le dotant de vertus aussi bien aphrodisiaques que thérapeutiques, notamment contre la mélancolie.

De Rabelais à Baudelaire, en passant par Alexandre Dumas, le vin a irrigué traités, romans et recueils poétiques. Rabelais, dans son Traité du vin, prône avec verve cette joyeuse médecine : « Une âme folâtre est grande salubrité : le buveur de bonnes mœurs sait s'en souvenir. Un vin exquis, bu tripe creuse, renouvelle les forces [...] C'est pourquoi il convient, dès potron-minet, de se rincer le museau, de s'humecter les poumons, de se laver les tripes : ainsi vous serez fringants et ingambes [...] ». Baudelaire, grand amateur de Bordeaux, inverse la perspective : pour lui, l’excès, l’ivresse, entraînent vers les gouffres les plus sombres.