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Essais

Sur le pouce, Un petit doigt pour la main, un pas de géant pour l’humanité, Mathieu Vidard (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Mardi, 09 Juillet 2024. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Grasset

Sur le pouce, Un petit doigt pour la main, un pas de géant pour l’humanité, Mathieu Vidard, Grasset, avril 2024, 304 pages, 20 € Edition: Grasset

 

C’est la curiosité qui pousse à ouvrir cet ouvrage : mais qu’y a-t-il donc de si prenant et varié à dire sur le pouce qui justifie qu’on y consacre trois cents pages chez un éditeur non spécialisé dans les publications scientifiques ? Corollaire : le pouce peut-il être un sujet d’étude digne d’intérêt et, surtout, de partage ? Cette curiosité, à laquelle on ne parvient jamais à dire « Pouce ! », est désormais satisfaite : on sait tout sur le « doigt apportant du réconfort aux enfants ou la partie d’une pince qui a changé la face de l’humanité en nous rendant, au quotidien, un nombre incalculable de services », ayant été confronté à une forme de réjouissant épuisement du sujet d’ordre quasi oulipien, épuisement non dénué de poésie occasionnelle et d’humour aussi omniprésent que sous-jacent.

Chronique de la Grande Guerre, Maurice Barrès (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Lundi, 08 Juillet 2024. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Histoire, Classiques Garnier

Chronique de la Grande Guerre, Maurice Barrès, Classiques Garnier, septembre 2023, édition : Denis Pernot, Vital Rambaud, 1040 pages, 48 € Edition: Classiques Garnier

 

Avant de présenter ce fort volume, il faut commencer par tresser une couronne de laurier aux deux éditeurs scientifiques, Denis Pernot et Vital Rambaud, qui ont accompli un travail admirable, un travail de Bénédictin, pour sélectionner, republier et surtout annoter ces textes de Barrès. L’apparat critique est minutieux et les notes, abondantes, identifient les références les plus obscures et les allusions aux personnages les plus oubliés.

Pendant les quatre années que dura la Première Guerre mondiale, Barrès, qui n’était pas un jeune homme (il avait 52 ans en 1914), donna chaque jour ou presque un article à L’Écho de Paris. Ce n’était même pas le vieux conseil de Pline l’Ancien, nulla dies sine linea, mais bien davantage. Cet ensemble impressionnant, ne serait-ce qu’au point de vue quantitatif, fut réuni après-guerre en quatorze volumes (1920-1924, réédition en 1931-1939), qu’il faut aller chercher chez les libraires d’ancien. Malraux admirait le travail fourni par son prédécesseur :

Saison nocturne, Journal poétique sur l’écriture créative, Manon Aline (par Marjorie Rafécas-Poeydomenge)

Ecrit par Marjorie Rafécas-Poeydomenge , le Mardi, 02 Juillet 2024. , dans Essais, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Poésie, L'Harmattan

Saison nocturne, Journal poétique sur l’écriture créative, Aline Manon, L’Harmattan, mars 2024, 88 pages, 13 € Edition: L'Harmattan

« Breuvage

Il n’y a rien de tel que le goût retrouvé

De la créativité

Petit poison sucré

D’un invincible désir »

Et si vous décidiez dès demain de vous offrir un carnet Moleskine ou ceux en trompe-l’œil avec des titres de romans célèbres pour créer un journal intime poétique et renouer avec votre soi créatif. Ecrire juste pour vous, pour vous surprendre, recréer un espace intime du « goût retrouvé ». C’est ce que propose Manon Aline dans sa Saison nocturne, un voyage court mais précieux sur l’art de recréer sa vie avec la poésie. N’est-ce pas le plus beau voyage que l’on peut offrir à son âme d’enfant ?

L’individu, fin de parcours ? Le piège de l’intelligence artificielle, Julien Gobin (par Mona)

Ecrit par Mona , le Mardi, 18 Juin 2024. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Gallimard

L’individu, fin de parcours ? Le piège de l’intelligence artificielle, Julien Gobin, Editions Gallimard, février 2024, 304 pages, 21 € Edition: Gallimard

L’individu serait-il une espèce en voie d’extinction dans nos sociétés ultra individualistes ? Dans son premier essai, L’individu, fin de parcours ? Le piège de l’intelligence artificielle, Julien Gobin manie l’art des paradoxes. Le jeune philosophe observe avec grande justesse notre époque « postmoderne », d’un regard à la fois empathique et piquant, et nous en livre une description quasi phénoménologique.

L’essai s’ouvre sous le signe de la parodie : « Touche pas à mon post ! », manière de tourner en dérision le narcissisme illimité des internautes et la novlangue qui raffole de « termes hybrides, insaisissables et liquides » tels que « post-modernité, post-vérité, post-sexualité ».

Le livre se structure autour d’une métaphore tirée de l’entomologie : la chrysalide. Ce qui semble décadence de l’Occident et fin de l’Histoire ne serait qu’un état intermédiaire, comme celui de la chenille qui quitte son cocon pour devenir papillon. Julien Gobin décrit cette nouvelle civilisation en train de prendre forme, une société techniciste, issue des Lumières, mais qui va rendre caduc le credo des Lumières : le libre arbitre de l’individu.

José Ortega y Gasset, Penseur de l’Europe, Béatrice Fonck (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Lundi, 03 Juin 2024. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Biographie, Les Belles Lettres

José Ortega y Gasset, Penseur de l’Europe, Béatrice Fonck, Les Belles-Lettres, 2023, 478 pages, 25,90 € Edition: Les Belles Lettres

 

Autant un lecteur relativement cultivé n’aurait guère de difficulté à citer un philosophe grec, français ou allemand, autant il serait en peine de nommer un penseur espagnol et, s’il y parvenait, prononcerait probablement le nom de José Ortega y Gasset (Vivès, le contemporain d’Érasme, étant à peu près – bien qu’à tort – oublié). Ortega eut en commun avec Vivès d’avoir vécu une partie de son existence hors de son pays natal (celui-ci repose d’ailleurs à Bruges, après avoir enseigné en Grande-Bretagne et mené la vie gyrovague des humanistes).

Ortega y Gasset (1883-1955) n’est pas tout à fait inconnu en France : même si un projet d’Œuvres complètes traduites (aux éditions Klincksieck) a fait long feu, il existe des ouvrages de synthèse, comme ceux d’Alain Guy (Seghers, 1969) et de Juan Manuel Monfort Prades (RBA, 2016 : il était possible de l’acquérir dans les relais de gare). Ortega est, dans l’ensemble, connu (mais également occulté) par un seul livre, La Révolte des masses (Stock, 1961 ; Les Belles-Lettres, 2010), alors qu’il a énormément écrit.