Identification

USA

Bien-être (Wellness), Nathan Hill (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 10 Octobre 2024. , dans USA, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Gallimard

Bien-être (Wellness), Nathan Hill, Gallimard, août 2024, trad. américain, Nathalie Bru, 668 pages, 26 €

 

Il fut un temps – récent – où parler de « roman américain » envoyait aussitôt dans les vents et marées de la littérature bouillonnante, aventureuse, spectaculaire, détonante. Si on dit de Bien-être que c’est LE roman américain du moment, on peut alors dire que l’Amérique a bien changé et sa littérature avec : écriture atone, pour une histoire atone, dans un Chicago atone.

Nathan Hill maîtrise parfaitement ce choix de linéarité narrative, de platitude apparente. Le lecteur français ne peut éviter de penser à Michel Houellebecq : on retrouve ici la même sorte d’insignifiance. Chaque événement – jusqu’au plus petit – est décortiqué avec soin, dans une sorte de souci maniaque du détail : les ingrédients d’un plat, les mimiques des enfants quand ils parlent, les particularités d’un vêtement. La vie d’un couple, puis d’une famille dans une linéarité forcenée, obsessionnelle. Un glissement progressif d’une existence vers la quête éperdue d’un « bien-être » qui aura perdu tout sens commun.

Leaving Tulsa, Jennifer Elise Foerster (par Nicolas Grenier)

Ecrit par Nicolas Grenier , le Mardi, 24 Septembre 2024. , dans USA, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie

Leaving Tulsa, Jennifer Elise Foerster, éditions Encrages & Co, Coll. Parallèles, juin 2024, trad. anglais, Béatrice Machet, 120 pages, 17 €

 

Coma Oklahoma

On a l’impression d’abandonner un monde ancien, l’enfance de Jennifer Elise Foerster, l’ombre de ses grands-parents à Jenks, dans le comté de Tulsa, comme les derniers éclats de la tribu amérindienne, la nation Muscogee : les légendes, les rites, les funérailles. À travers ses élégies, ses lamentations, ses chansons, cette terre de mémoire pourrait s’appeler Tulsa, dans l’État de l’Oklahoma, Tucson, Tupelo, Topeka :

Je vois nos cent soixante acres

Tamponnées sur le pays abandonné de Dieu,

Un toit de hangar emporté par le vent

Vision composée, 20 poèmes d’Emily Dickinson traduits et commentés, Pierre Vinclair (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Mardi, 24 Septembre 2024. , dans USA, Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Poésie

Vision composée, 20 poèmes d’Emily Dickinson traduits et commentés, Pierre Vinclair, Exopotamie éditions, mai 2024, 124 pages, 17 €

 

This is my letter to the World

That never wrote to Me –

The simple News that Nature told –

With tender Majesty

Her Message is committed

To Hands I cannot see –

For love of Her – Sweet – countrymen –

Judge tenderly – of Me (E.D., 519)

L’Âge de l’innocence, Edith Wharton (par Guy Donikian)

Ecrit par Guy Donikian , le Mardi, 17 Septembre 2024. , dans USA, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman, Les Belles Lettres

L’Âge de l’innocence, Edith Wharton, Les Belles Lettres, 2019, trad. anglais (Etats-Unis) Sarah Fosse, 453 pages, 15,50 € . Ecrivain(s): Edith Wharton Edition: Les Belles Lettres

 

C’est en 1920 que paraît ce roman qui obtient le Prix Pulitzer en 1921. L’autrice, Edith Wharton, entend répondre à son mentor, Henry James, qui lui enjoignait de dépeindre New York, avec ce roman qui se situe donc dans le New York de la seconde moitié du 19ème siècle.

C’est plus précisément au début des années 1870 que se situe le roman, dans le milieu très fermé de la bonne société new-yorkaise, milieu élitiste dans lequel l’étiquette a ses exigences auxquelles on ne saurait se soustraire. Tout y est codifié, s’agissant du langage, du vêtement (on se change pour le dîner…), du maintien corporel ou des interactions dans une société qui règle les parcours, qui ne tolère aucun écart quant aux codes en vigueur et où les unions ne sont pas nécessairement liées au transport amoureux.

Le Gardien du verger, Cormac McCarthy (par Jeanne Ferron-Veillard)

Ecrit par Jeanne Ferron-Veillard , le Vendredi, 13 Septembre 2024. , dans USA, Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Le Gardien du verger (The Orchard Keeper, 1965), Cormac McCarthy, éditions de l’Olivier, janvier 2024, trad. anglais (États-Unis), François Hirsch, Patricia Schaeffer, 298 pages, 12,50 € Edition: Points

J’ai ce même goût en bouche. L’élan et la curiosité. L’appétit, celui de l’inattendu. Devant un livre, je suis comme ces critiques gastronomiques qui entrent sans préavis ou par effraction, avec invitation ou sans avis de passage, dans les restaurants qu’ils vont autopsier. Celui ou celle qui dîne à tous les râteliers, l’importun, l’imposteur, l’impertinent, le redouté, le pas si redoutable, le mélancolique qui se délecte de son bonheur de l’être, etc. Critiquer un mets et gagner son pain avec. J’entre dans l’histoire avec la mienne sous le bras.

Lire en songeant à l’auteur, et sans attentes, l’attente non atteinte est un désespoir dont on se remet avec peine. Prêter attention, observer ses procédés et se rendre disponible. Ne faire que cela, c’est presque un acte de résistance, lire sans consulter son téléphone ou manger ou tout autre activité qui nuit à l’intégrité du livre. Guetter les fêlures comme les cheveux dans les assiettes. Le faux-pas ou le manque de structure. La concentration. Les accords entre les plats. Le fil qui se casse en cours de route. La fausse route ou les transitions qui se brisent contre le paragraphe suivant. Les fumets, les vapeurs et tous les effets de style pour estomper les contours du réel ou les rendre plus visibles. Quelque chose dans ce goût-là.