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Asie

La Ville introuvable, Yu Hua (par Jean-Jacques Bretou)

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Mercredi, 20 Décembre 2023. , dans Asie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Actes Sud

La Ville introuvable, Yu Hua, Actes Sud, septembre 2023, trad. chinois, Angel Pino, Isabelle Rabut, 480 pages, 24,50 € Edition: Actes Sud

 

Au nord du Yangzi Jiang, vivait à la fin du XIXe siècle Lin Xiangfu, le seul survivant d’une famille de riches propriétaires fonciers. Malgré sa fortune, son statut de lettré et sa grande connaissance de la menuiserie, il ne trouvait pas femme ayant sa condition. Les entremetteuses avaient beau faire, il restait célibataire. Un jour alors qu’il avait déjà vingt-quatre ans, un jeune homme habillé d’une robe bleue et une jeune femme vêtue d’un qipao à petites fleurs se présentèrent à sa porte. L’homme, qui portait un baluchon, parlait à la femme dans une langue rapide qu’il ne comprenait pas. Lorsqu’il ouvrit l’entrée de sa demeure, le voyageur s’adressa alors à lui dans un langage plus compréhensible. Il expliqua que leur voiture à cheval avait une roue cassée et qu’ils ne savaient pas où passer la nuit, l’auberge la plus proche étant à plus de dix li. Le propriétaire leur proposa de les loger. Alors qu’ils dînaient, Lin Xiangfu, qui les croyait mari et femme, apprit qu’il s’agissait d’un frère et d’une sœur prénommés respectivement Aqiang et Xiaomi, qu’ils venaient de Wencheng, et qu’ils allaient à la capitale pour rencontrer un oncle. Le lendemain, Xiaomi se réveilla souffrante mais Aqiang devait partir. Il fut décidé que la jeune femme resterait chez leur hôte et que son frère reprendrait la route.

Anthologie des mythes et légendes de la Chine ancienne, traduit du chinois et indexés par Rémi Mathieu & Contes de la Montagne Sereine

Ecrit par Didier Smal , le Lundi, 16 Octobre 2023. , dans Asie, Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Contes

Anthologie des mythes et légendes de la Chine ancienne, traduit du chinois et indexés par Rémi Mathieu, mai 2023, 272 pages, 11 € & Contes de la Montagne Sereine, traduction du chinois par Jacques Dars, mai 2023, 558 pages, 15 €

 

Gallimard a la bonne idée de rééditer deux ouvrages importants pour qui veut s’intéresser à l’esprit de la Chine ancienne de façon directe, c’est-à-dire sans passer par le biais d’un glossateur ou d’un essayiste. Le premier, Anthologie des mythes et légendes de la Chine ancienne, propose ce qu’indique son titre : un aperçu de la mythologie chinoise telle qu’elle a traversé les siècles, de façon fragmentaire, sans un Hésiode, un Hérodote ou un Ovide pour mettre de l’ordre dans des histoires extraordinaires qui, comme tout mythe, expliquent voire justifient l’état du monde, aussi d’un point de vue politique. Comme l’écrit Rémi Mathieu dans une introduction éclairante, ces mythes « ont été longtemps le terreau d’un des plus impressionnants ensembles culturels ».

Si profonde est la forêt, Anthologie de la poésie des Tang, Guomei Chen (par Luc-André Sagne)

Ecrit par Luc-André Sagne , le Jeudi, 07 Septembre 2023. , dans Asie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Anthologie

Si profonde est la forêt, Anthologie de la poésie des Tang, Guomei Chen, éditions Les Deux-Siciles, 2020, version bilingue, traduction et présentation, Guomei Chen, Préface Pierre Dhainaut, 280 pages, 25 €

 

Une anthologie, c’est un florilège, un bouquet composé avec soin par celui ou celle qui en est l’architecte et qui en a choisi chaque élément pour offrir au lecteur une vue d’ensemble, la plus représentative possible, du thème ou du genre dont il veut l’entretenir. Et quand il s’agit de poésie, qui plus est d’une poésie écrite dans une langue non familière comme peut l’être la langue chinoise, monosyllabique et polytonale, les choix opérés et la qualité de la traduction sont primordiaux. L’époque et le public auquel elle s’adresse déterminent également les caractères de toute anthologie.

Guomei Chen nous propose ici de nous intéresser à une période particulière de la poésie classique chinoise, qui en constitue l’âge d’or, celle qui a cours sous la dynastie des Tang, entre 618 et 907 de notre ère, soit pendant 289 années.

Manuel du Prince Indien, L’Arthashastra de Kautilya (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Mercredi, 16 Novembre 2022. , dans Asie, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Les Belles Lettres

Manuel du Prince Indien, L’Arthashastra de Kautilya, morceaux choisis introduits, commentés et traduits du sanskrit par Marinette Dambuyant, photographies et postface par Anthony Cerulli, avril 2022, 272 pages, 23 € Edition: Les Belles Lettres

 

Dans sa préface à la traduction de l’Offrande Lyrique de Tagore, Gide a rappelé le mot d’un écrivain oublié, Paul de Saint-Victor (1827-1881) : « Entre l’esprit européen et celui de l’Inde se dressent cent millions de dieux monstrueux ». Des dieux, mais pas seulement : des manuscrits par millions également (entre sept et trente millions, selon les estimations, et un écart pareil indique à lui seul l’ampleur du travail d’inventaire encore à accomplir) ; des manuscrits comme ceux photographiés par Anthony Cerulli, un professeur américain, dont les clichés émouvants agrémentent les pages de ce volume ; des manuscrits très différents, au point de vue matériel, des codices occidentaux (ils furent copiés sur des feuilles de palmier ou de bananier réunies par une simple couture dans la marge, entre deux ais de bois) et conservés dans des conditions parfois aléatoires, le climat chaud et humide du subcontinent étant mauvais pour eux – sans même évoquer d’autres circonstances favorables à la disparition de bibliothèques entières, comme les convulsions politiques, dont l’histoire indienne fut prodigue.

Le Livre de la contemplation intérieure, et autres textes taoïstes, Anonyme chinois (par Didier Ayres)

, le Lundi, 07 Novembre 2022. , dans Asie, Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Poésie, Rivages poche

 

Tao

Le livre de la contemplation intérieure, traduit par Catherine Despeux, ouvre une fenêtre sur la philosophie de Lao-Tseu. De cette fenêtre on aperçoit les thèmes récurrents du Tao-te-King. Au reste, cette plongée dans le cœur du monde oriental, dans le chef-d’œuvre de la littérature chinoise, offre une vue sur l’aspect religieux du texte de Lao-Tseu. Il retrace ainsi une sorte de mythologie avec sa cosmogonie et peut-être aussi une eschatologie. Tout cela conduit vers le concept premier du taoïsme, c’est-à-dire, la Voie. Ces textes anonymes nous y invitent. Ils soulignent surtout l’alliance, délicate à comprendre pour un Occidental, de la philosophie et de la religion. Et même si les conseils d’ascèse de la Bible sont nos références ici, l’on voit nettement comment la poursuite de la Voie rejoint la notion de régénération chrétienne. Je dirai plus en faisant de l’exercice spirituel taoïste une forme de mystique – mystique hindoue, musulmane, juive, chinoise, chrétienne, donc universelle.