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Asie

Anthologie des mythes et légendes de la Chine ancienne, traduit du chinois et indexés par Rémi Mathieu & Contes de la Montagne Sereine

Ecrit par Didier Smal , le Lundi, 16 Octobre 2023. , dans Asie, Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Contes

Anthologie des mythes et légendes de la Chine ancienne, traduit du chinois et indexés par Rémi Mathieu, mai 2023, 272 pages, 11 € & Contes de la Montagne Sereine, traduction du chinois par Jacques Dars, mai 2023, 558 pages, 15 €

 

Gallimard a la bonne idée de rééditer deux ouvrages importants pour qui veut s’intéresser à l’esprit de la Chine ancienne de façon directe, c’est-à-dire sans passer par le biais d’un glossateur ou d’un essayiste. Le premier, Anthologie des mythes et légendes de la Chine ancienne, propose ce qu’indique son titre : un aperçu de la mythologie chinoise telle qu’elle a traversé les siècles, de façon fragmentaire, sans un Hésiode, un Hérodote ou un Ovide pour mettre de l’ordre dans des histoires extraordinaires qui, comme tout mythe, expliquent voire justifient l’état du monde, aussi d’un point de vue politique. Comme l’écrit Rémi Mathieu dans une introduction éclairante, ces mythes « ont été longtemps le terreau d’un des plus impressionnants ensembles culturels ».

Si profonde est la forêt, Anthologie de la poésie des Tang, Guomei Chen (par Luc-André Sagne)

Ecrit par Luc-André Sagne , le Jeudi, 07 Septembre 2023. , dans Asie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Anthologie

Si profonde est la forêt, Anthologie de la poésie des Tang, Guomei Chen, éditions Les Deux-Siciles, 2020, version bilingue, traduction et présentation, Guomei Chen, Préface Pierre Dhainaut, 280 pages, 25 €

 

Une anthologie, c’est un florilège, un bouquet composé avec soin par celui ou celle qui en est l’architecte et qui en a choisi chaque élément pour offrir au lecteur une vue d’ensemble, la plus représentative possible, du thème ou du genre dont il veut l’entretenir. Et quand il s’agit de poésie, qui plus est d’une poésie écrite dans une langue non familière comme peut l’être la langue chinoise, monosyllabique et polytonale, les choix opérés et la qualité de la traduction sont primordiaux. L’époque et le public auquel elle s’adresse déterminent également les caractères de toute anthologie.

Guomei Chen nous propose ici de nous intéresser à une période particulière de la poésie classique chinoise, qui en constitue l’âge d’or, celle qui a cours sous la dynastie des Tang, entre 618 et 907 de notre ère, soit pendant 289 années.

Manuel du Prince Indien, L’Arthashastra de Kautilya (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Mercredi, 16 Novembre 2022. , dans Asie, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Les Belles Lettres

Manuel du Prince Indien, L’Arthashastra de Kautilya, morceaux choisis introduits, commentés et traduits du sanskrit par Marinette Dambuyant, photographies et postface par Anthony Cerulli, avril 2022, 272 pages, 23 € Edition: Les Belles Lettres

 

Dans sa préface à la traduction de l’Offrande Lyrique de Tagore, Gide a rappelé le mot d’un écrivain oublié, Paul de Saint-Victor (1827-1881) : « Entre l’esprit européen et celui de l’Inde se dressent cent millions de dieux monstrueux ». Des dieux, mais pas seulement : des manuscrits par millions également (entre sept et trente millions, selon les estimations, et un écart pareil indique à lui seul l’ampleur du travail d’inventaire encore à accomplir) ; des manuscrits comme ceux photographiés par Anthony Cerulli, un professeur américain, dont les clichés émouvants agrémentent les pages de ce volume ; des manuscrits très différents, au point de vue matériel, des codices occidentaux (ils furent copiés sur des feuilles de palmier ou de bananier réunies par une simple couture dans la marge, entre deux ais de bois) et conservés dans des conditions parfois aléatoires, le climat chaud et humide du subcontinent étant mauvais pour eux – sans même évoquer d’autres circonstances favorables à la disparition de bibliothèques entières, comme les convulsions politiques, dont l’histoire indienne fut prodigue.

Le Livre de la contemplation intérieure, et autres textes taoïstes, Anonyme chinois (par Didier Ayres)

, le Lundi, 07 Novembre 2022. , dans Asie, Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Poésie, Rivages poche

 

Tao

Le livre de la contemplation intérieure, traduit par Catherine Despeux, ouvre une fenêtre sur la philosophie de Lao-Tseu. De cette fenêtre on aperçoit les thèmes récurrents du Tao-te-King. Au reste, cette plongée dans le cœur du monde oriental, dans le chef-d’œuvre de la littérature chinoise, offre une vue sur l’aspect religieux du texte de Lao-Tseu. Il retrace ainsi une sorte de mythologie avec sa cosmogonie et peut-être aussi une eschatologie. Tout cela conduit vers le concept premier du taoïsme, c’est-à-dire, la Voie. Ces textes anonymes nous y invitent. Ils soulignent surtout l’alliance, délicate à comprendre pour un Occidental, de la philosophie et de la religion. Et même si les conseils d’ascèse de la Bible sont nos références ici, l’on voit nettement comment la poursuite de la Voie rejoint la notion de régénération chrétienne. Je dirai plus en faisant de l’exercice spirituel taoïste une forme de mystique – mystique hindoue, musulmane, juive, chinoise, chrétienne, donc universelle.

Un Homme dos à la mer, Wang Wen-hsing (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mercredi, 18 Mai 2022. , dans Asie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Un Homme dos à la mer, Wang Wen-hsing, Editions Vagabonde, mai 2022, trad. chinois (mandarin) de Taïwan, Camille Loivier, 390 pages, 22 €

 

Note liminaire : le rédacteur de cette critique ne sait pas un mot de mandarin et ne pourrait par conséquent émettre le moindre avis sur la moindre référence à la langue chinoise. Les excellentes éditions Vagabonde proposent, avec ce roman taïwanais, une transposition/traduction du mandarin au français, à la houlette de Camille Loivier. C’est donc bien de cet ouvrage que nous allons parler, de cet objet recomposé en langue française, avec de toute évidence, un grand talent. Ces précautions préalables s’imposent car ce roman, très au-delà de l’histoire qu’il raconte, vaut essentiellement par sa langue saisissante, l’expérimentation énonciative ahurissante qu’il propose.

Ici la langue n’est pas – ou presque plus – le véhicule du sens. Elle l’est encore certes, mais « en passant » comme on dit dans un jeu d’échecs. Elle constitue plutôt un matériau malléable, truffé de formes inventées, de creux, de protubérances, de déformations de mots, de ponctuation hors règles, d’espacements anarchiques. Mais rien, absolument rien n’est gratuit, tout signifie, ce qui a pour effet de doubler, parfois de tripler, le sens d’une page, d’une phrase, d’un mot.