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Les Chroniques

Patchwork, Christian Ducos (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Mercredi, 04 Décembre 2024. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED

Patchwork, Christian Ducos, Le Pauvre Songe Éditions, octobre 2024, 64 pages, 12 €

 

« Qu’adviendrait-il d’un oiseau en vol si par malheur il venait à prendre conscience de son état d’oiseau ? Il est probable que son vol s’en ressentirait gravement, la fine mécanique des plumes n’aurait plus la même précision, la même spontanéité d’action, d’adaptation au vent, le surplomb du gouffre durant le vol probablement se teinterait d’une sensation jusqu’alors inconnue de vertige. Expulsé de l’impensé, de l’incalculé, contraint à la pénétration brutale dans l’atmosphère de la conscience de soi, comment l’oiseau pourrait-il survivre à pareille violence ? Que resterait-il alors de la légèreté du vol, de l’innocence de l’envol ? Mais en irait-il autrement si à la place du mot oiseau on trouvait le mot poète, saint ou savant ? Comment la légèreté d’être, l’innocence créatrice pourraient-elles sans disparaître supporter pareille chute dans l’image de soi ? » (p.29).

Blancs-seings, Silvia Majerska (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 02 Décembre 2024. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED, Poésie

Blancs-seings, Silvia Majerska, Gallimard, octobre 2024, 68 pages, 12,90 €

 

Fleurs imaginaires

Ce petit livre, en volume, de Silvia Majerska, détient un pouvoir expressif qui en passe notamment par la nomination de certaines fleurs, arbres, une flore sans considération de noblesse, grâce aux titres en latin de chaque poème, même si ce latin-là est élégant, raffiné, beau à lire. De cela, l’on peut conclure que cette référence au latin appuie le penchant de l’écrivaine vers une expression directe et sans ombre, une essence. Sa langue s’appuie sur ces mots latins comme pour se tenir serrée sur la haute marche du langage. Que cela soit la rose (rosa), le souci (bellis) ou encore le trèfle (trifolium), l’imaginaire de la planche botanique fonctionne comme elle le fait durant l’enfance, émerveillement et mystère des cartes et autres tableaux.

VITIS

Cartes postales et autres textes, Henry J.-M. Levet (par Patrick Abraham)

Ecrit par Patrick Abraham , le Jeudi, 28 Novembre 2024. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED, Poésie

Cartes postales et autres textes, Henry J.-M. Levet, Poésie/Gallimard, 2001, 165 pages, 8,20 €

En marge des Cartes Postales de Levet

1) Quelques dates significatives :

– mars 1900 : publication des quatre Sonnets torrides d’Henry J.-M. Levet dans La Vogue ;

– avril et septembre 1902 : publication des Cartes postales dans La Grande France ;

– 1921 : première édition des Poèmes, précédés d’une Conversation de MM. Léon-Paul Fargue et Valery Larbaud (La Maison des Amis des Livres, 7, rue de l’Odéon, Paris : on aura reconnu l’adresse de la librairie d’Adrienne Monnier) ;

– 2001 : réédition de la publication de 1921 avec une préface essentielle de Bernard Delvaille (Poésie/Gallimard).

Griffes 14 (par Alain Faurieux)

Ecrit par Alain Faurieux , le Mardi, 26 Novembre 2024. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED

 

Madelaine avant l’aube, Sandrine Collette, éditions JC Lattès, août 2024, 252 pages, 20 €

Sandrine Collette m’étant inconnue, je projetais un contenu régionaliste, voire Canadien. Couverture Club des Lecteurs : jolie petite fille sur la joue de laquelle on a tracé quelques lignes boueuses mais élégantes, vent dans les cheveux et regard sérieux, sourcils froncés, vers un futur encore à préciser. Un côté campagnard, pull fait main, une brindille, des bleus des verts, un fond flou. La photo (car c’est une photo, ce qui rend les premières pages plus difficiles à situer) n’utilise que la moitié de l’espace. Nulle part, nul temps. Le premier chapitre (de cinq, tout très court) engage mal l’affaire : intitulé « prologue » nous voyons tout de suite qu’il se passe en fait bien après tous les événements importants qui vont nous être rapportés, il en est la conséquence. Par-dessus la trame historique (?) l’auteur ne rechigne pas à utiliser les poncifs du polar. Avec Cut directorial pour le suspense.

Vies héroïques, Daniel Kay (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 25 Novembre 2024. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED

Vies héroïques, Daniel Kay, Gallimard, septembre 2024, 114 pages, 15,50 €

 

S’approcher

Le dernier livre de Daniel Kay consiste en un art du portrait – portraits, je pense, plus proches d’Arcimboldo que de Bonnat –, soutenu par une étrangeté et parfois du comique. Je veux dire qu’il y a une invention propre. L’on ne reste jamais sur le même registre et l’on suit avec intérêt l’évolution de l’auteur à travers sentences et anecdotes. L’on y trouve peut-être un peu de Borges, du Roberto Bolaño, des Caractères de La Bruyère, en tout cas une facétie intelligente et instructive. Quoi qu’il en soit, le livre domestique l’étrange, le saisit, le capture, l’aliène.

Cette littérature est une domestication, une appropriation, qui rend proches des êtres réels ou de fantaisie, imposant souvent une vision du monde ; dans la proximité des êtres, avec une certaine tendresse parfois. Du reste, cette écriture se réclame sans doute mieux de la fiction, d’un arrière-monde fictionnel, que d’un naturalisme, il me semble.