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Les Chroniques

Au-delà du ciel sous la terre, Aleš Šteger (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 24 Juin 2024. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED, Poésie

Au-delà du ciel sous la terre, Aleš Šteger, Gallimard, Coll. Du Monde Entier, avril 2024, trad. slovène, Guillaume Métayer, 140 pages, 16,50 €

 

Le haut et le bas

La poésie de Aleš Šteger que je découvre dans la fameuse Collection Du Monde Entier, de Gallimard, représente à mon sens une tentative osée de faire correspondre dans une même expression les deux pôles de notre condition humaine : le ciel et la terre. Cette conception du monde est figurée par une écriture que je serais tenté de traiter d’oxymorique. Le bas et le haut, l’espoir et le désespoir, le noir et le blanc, le bien et le mal, le beau et la laideur, la présence et l’absence, le monde physique et métaphysique, le temps et l’éternité tout à la fois. Il y a donc deux mondes, le palpable et l’impalpable, deux mondes qui luttent au sein d’un débat axiologique, où matière et esprit sont l’étayage des poèmes, son bois d’œuvre.

Œuvres en prose, Hugo von Hofmannsthal (par Patrick Abraham)

Ecrit par Patrick Abraham , le Jeudi, 20 Juin 2024. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED, Le Livre de Poche

Œuvres en prose, Hugo von Hofmannsthal, Le Livre de Poche, La Pochothèque, 2010, trad. Jean-Yves Masson, 911 pages, 24 €

 

Sur Une lettre de Hofmannsthal

La Lettre de Lord Chandos à Francis Bacon de Hofmannsthal, publiée en 1902 dans le journal berlinois Der Tag (je me réfère à la traduction d’É. Hermann à laquelle Charles Du Bos, dit-on, aurait contribué, rééditée en 2010 dans les Œuvres en prose de l’écrivain viennois, pp.491-502) et datée du 22 août 1603, peut être lue comme un examen personnel, Hofmannsthal se cachant derrière le « fils cadet du comte de Bath » pour relater une « crise » : l’impossibilité d’écrire, l’adieu aux armes, c’est-à-dire à la littérature – adieu qui au contraire de ceux de son personnage ou de Rimbaud avec les Illuminations n’en sera pas un pour l’auteur lui-même puisque, s’il s’éloignera de la poésie, il ne renoncera jusqu’à sa mort brutale le 15 juillet 1929 ni à la fiction narrative ni au théâtre ni aux interventions dans les revues et quotidiens de son époque.

Coups de griffes N°9 (par Alain Faurieux)

Ecrit par Alain Faurieux , le Mardi, 18 Juin 2024. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED

 

La Langue des Choses Cachées, Cécile Coulon, L’Iconoclaste, janvier 2024, 134 pages, 17,90 €

Merci Madame Coulon. Je viens de terminer Le langage des choses cachées, votre dernier (ou avant-dernier, vous écrivez si vite) roman. Disons plutôt votre nouvelle, vous et moi savons que quelquefois les éditeurs… Dès les premières lignes j’ai ressenti une certaine familiarité avec votre récit. Des lieux et un temps restant vagues, mal définis, des personnages semblables aux cartes d’un tarot retrouvé. Un conte moral, bien sûr. J’ai d’abord cru que les nombreux heurts, les hésitations ou contradictions dans vos phrases faisaient partie de votre style ; un sens caché. Un voile levé sur notre monde illogique et brutal. Signifiant/signifié, tout ça tout ça. Malheureusement cette lecture s’est révélée optimiste. Et pourtant quand un livre fait moins de cent pages (quelquefois la pagination et l’édition…), le moindre mot compte, non ?

Réveiller les morts, Ron Rash (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 17 Juin 2024. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED, USA, Poésie

Réveiller les morts, Ron Rash, éditions Corlevour, avril 2024, trad. anglais (Etats-Unis) Gaëlle Fonlupt, 170 pages, 18 €

 

la lumière ne tombait pas mais s’élevait

comme si certaines choses ne pouvaient rester

cachées à jamais mais devaient remonter

à la surface […]

Ron Rash

 

Amérique

Quel bonheur de découvrir un poète américain. On sait la profusion d’auteurs de grande qualité aux USA, et le livre que publient ici les éditions de Corlevour ajoute une pierre angulaire à ce foisonnement poétique.

Un mot sans l’autre, Dialogue avec Philippe Bouret, Lili Frikh (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Mardi, 11 Juin 2024. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED

Un mot sans l’autre, Dialogue avec Philippe Bouret, Lili Frikh, Mars-A éditions, février 2024, 108 pages, 15 €

 

Brève présentation du livre au Gazette-café de Montpellier, ce samedi 11 mai 2024, 18 heures. Vingt personnes dans la petite salle rouge du fond. Dès les premiers mots, Lili Frikh bouleverse et inquiète, dans une impression d’Artaud et Simone Weil mêlés, comme se jaugeant l’un l’autre, ironiques et affectueux (!), depuis longtemps. Mais reprenons du début.

Lili Frikh, dès qu’on l’a aperçue une fois ou deux, fait tellement peur dans sa dégaine et sa conduite (une fine sorcière aux yeux jaunes, avec leur lumière à bout portant ; ou une bête amochée et timide – qui va visiblement parler, mais avec laquelle on ne va certes pas connaître le « plaisir du texte » !) qu’on préfère arriver après qu’elle se soit installée, pour ne pas voir comment et combien elle se dispose anormalement là – où que ce soit – à quel point elle débarque et s’établit de justesse, si pudiquement et farouchement devant les autres.