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Les Chroniques

Un été en montagne, Elizabeth von Arnim (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Mercredi, 24 Avril 2024. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED, Océanie

Un été en montagne, Elizabeth von Arnim, Arfuyen, mars 2024, trad. anglais, Paul Decottignies, 238 pages, 17 €

 

On ne dira presque rien de l’intrigue, merveilleusement formée et suivie, souhaitant juste donner ici envie de découvrir le monde parfait (cohérent, malicieux, distingué) d’une auteure (1866-1941) anglaise, libre et juste (dont la délicatesse, la lucidité et l’humour ne pourront décevoir), ayant toujours vécu dans (mais non de) la haute société, et qui – mère comblée, veuve charmante, amante subtile – reste animée d’une sorte de fougue cosmopolite et d’une folle imagination condamnée à se reciviliser périodiquement en œuvres à succès. Disons seulement du contenu : une dame (la cinquantaine ?), fortunée et fine, vient, au sortir d’une première guerre mondiale qui a fait de sa vie socio-personnelle un champ de ruines, se réfugier un été dans une résidence de montagne (suisse), où elle n’aura – bien servie, indépendante et claire – qu’à retrouver rythme, goût de vie et son ordinaire joie de réfléchir et contempler. Jusqu’à ce que, selon le Journal de bord qu’elle tient ici-même pour nous, débarquent deux dames égarées et baroquement irrésistibles…

Éternelle Yuki, Coralie Akiyama (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mardi, 23 Avril 2024. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED, Poésie

Éternelle Yuki, Coralie Akiyama, Éditions du Cygne, Coll. Voix au poème, février 2024, 56 pages, 12 €

 

Akiyama, un autre langage : celui que porte la voix d’une mère, Coralie, à l’adresse de sa fille Yuki coupée d’elle comme une île serait coupée de son archipel.

L’espoir de te revoir s’amuse s’amenuise s’amenuise et

puis comme ça un jour tu me raconteras ta journée je

me jetterai sur l’anecdote comme une affamée sur du

pain.

Yuki signifie « neige », et l’on sait l’inaccessible beauté des neiges éternelles. Neige dont un glaçon par moment renfermerait une pierre et blesserait celle qui innocemment s’en trouverait touchée dans l’éblouissement candide de sa ferveur ; qui atteindrait son corps, son âme, en la brûlant, en les ravissant. En dépit de l’espoir qui tisse sa toile pour en faire la tapisserie d’une Pénélope persévérante et malgré tout tournée vers le possible retour équilibré d’une situation nouée de douloureuse absence.

L’époque de la peinture, Prolégomènes à une utopie, Jérôme Thélot (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 22 Avril 2024. , dans Les Chroniques, Les Livres, Essais, La Une CED

L’époque de la peinture, Prolégomènes à une utopie, Jérôme Thélot, L’Atelier contemporain, février 2024, 160 pages, 20 €

 

Ambiguïté de la peinture/ambiguïté de l’utopie

Je viens de passer quelques heures en compagnie du livre que Jérôme Thélot a fait paraître récemment. Il avance une thèse hardie et très intelligente, en parlant des lieux d’utopie de la peinture, et bientôt de l’utopie au sens général à laquelle la peinture pourrait donner accès. Pas avec une langue absconde ou amphigourique, mais par une analyse qui suggère au lecteur de faire sienne cette hypothèse, voire cette théorie. À savoir, que la peinture de Manet, de Hals, de Poussin, de Zurbaran, de van Velde, par exemple, se trouve être davantage des pensées que des choses. Une peinture qui pense.

Et ce regard qui pense surgit dans une sphère hantée par le silence et en même temps par le cri – le Tres de mayo de Goya ou celui de Munch, entre autres.

Dictionnaire littéraire et culturel de l’insecte, sous la direction d’Alain Montandon (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Jeudi, 04 Avril 2024. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED, Editions Honoré Champion

Dictionnaire littéraire et culturel de l’insecte, sous la direction d’Alain Montandon, Honoré-Champion Editeur, 2023, 786 pages, 90 €

« And now the scene came swiftly into focus, and staring back at him, showing neither enmity nor friendship, neither excitement nor indifference, were the fathomless eyes of the Watchers. The thin, grotesquely articulated figures stood around him in a close-packed circle, looking down at him across a gulf which neither his mind nor theirs could ever span. Other men would have felt terror, but Marlan only smiled, a little sadly, as he closed his eyes forever. His questing spirit had reached its goal ; he had no more riddles to ask of Time. For in the last moment of his life, as he saw those waiting round him, he knew that the ancient war between Man and insect had long ago been ended, and that Man was not the victor ».

« Et maintenant, très rapidement, la scène devenait plus nette : le dévisageant, ne montrant ni amitié ni hostilité, ni agitation ni indifférence, les yeux insondables des Veilleurs lui apparurent. Ces silhouettes minces, aux articulations grotesques, se tenaient autour de lui en cercle serré, le regardant par-delà un abîme que ni son esprit ni les leurs ne pourraient jamais franchir.[...]

Errance, Raymond Depardon (par Sandrine-Jeanne Ferron-Veillard)

Ecrit par Jeanne Ferron-Veillard , le Mardi, 02 Avril 2024. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED

Errance, Raymond Depardon, éditions du Seuil, 2000, 181 pages

Écoute plus souvent

Les Choses que les Êtres

La Voix du Feu s’entend

Entends la Voix de l’Eau

Écoute dans le Vent

Le Buisson en sanglots

Ceux qui sont morts ne sont jamais partis

Ils sont dans l’ombre qui s’éclaire…

Souffles de Birago Diop (Dakar 1906-1989, Leurres et lueurs, Présence Africaine, 1960 et 2008) extrait :

Lire et relire à voix haute ce poème avant d’ouvrir Errance. Ou les haïkus du journal de voyage de Bashô (éditions Verdier, 2016). Errer, flâner, déambuler, dévier, dériver, dévoyer, divaguer, marauder, s’écarter, s’égarer, vagabonder, vaguer comme si l’errance appartenait aux verbes du premier groupe.