Identification

Langue allemande

Toutes les vies de Kazimira, Svenja Leiber (par Stéphane Bret)

Ecrit par Stéphane Bret , le Vendredi, 04 Octobre 2024. , dans Langue allemande, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman, Belfond

Toutes les vies de Kazimira, Svenja Leiber, éd. Belfond, traduit de l’allemand par Matthieu Dumont mai 2024, 318 pages, 22,50 € Edition: Belfond

 

La littérature allemande a intégré depuis longtemps les grands romans familiaux, types d’œuvres qui ont permis l’évocation en perspective de l’histoire de ce pays. Il en va de même pour Toutes les vies de Kazimira, de Svenja Leiber, qui évoque l’histoire de la Prusse-Orientale d’une part, et de l’ambre d’autre part. Kazimira est une femme aux origines mêlées. La région de la Prusse-Orientale a vu en effet des Polonais, des Russes, des Lituaniens, des Biélorusses, descendants directs des Prussiens, s’établir dans cette région marécageuse et boisée, pour y défricher la terre et la rendre cultivable. Ce qui va marquer la vie de Kazimira, c’est la production de l’ambre, produit typique des pays de la mer Baltique qui va orienter durablement la vie économique de la région. Kazimira a épousé Moritz Hirschberg. Qui est-il ? « Même sur l’étroite piste de sable qui s’étire depuis le continent telle une côte arrachée à travers les eaux de la mer Baltique, un mélange a lieu. Artisans polonais, pêcheurs curoniens, commerçants lituaniens, russes et juifs, Moritz Hirschberg est l’un d’eux ».

Les Effinger, Une saga berlinoise, Gabriele Tergit (par Stéphane Bret)

Ecrit par Stéphane Bret , le Mercredi, 25 Septembre 2024. , dans Langue allemande, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Christian Bourgois

Les Effinger, Une saga berlinoise, Gabriele Tergit, Éditions Christian Bourgois, 2023, 960 pages, 30 € Edition: Christian Bourgois

 

Thomas Mann nous avait décrit avec brio et une grande force d’évocation une saga familiale, celle des Buddenbrook, dont le sous-titre était La décadence d’une famille. Gabriele Tergit renouvelle le genre dans ce roman-fleuve intitulé Les Effinger, une saga berlinoise.

Dans le roman de Thomas Mann, il était question d’une grande famille de l’Allemagne du Nord, protestante. Dans celui de Gabriele Tergit, il s’agit de deux familles, juives, les Effinger et les Oppner. Paul Effinger, horloger à Kragsheim, petite ville du sud-ouest de l’Allemagne pour tenter sa chance à Berlin. Les Effinger vont se lier avec les Oppner, des banquiers juifs assimilés.

Nous sommes en 1870 et le cadre de l’Allemagne fraîchement unifiée incite à l’expansion économique, à la création de nouvelle entreprise, à l’innovation et à l’esprit d’entreprise. L’industrie allemande se développe à grande vitesse et les dirigeants de l’Empire allemand n’ont de cesse que de vouloir dépasser le Royaume-Uni, puissance dominante sur le monde et sur le continent européen.

Jephtias Tragœdia, La Fille de Jephté, tragédie, Jacob Balde (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Lundi, 23 Septembre 2024. , dans Langue allemande, Les Chroniques, La Une CED, Théâtre, Classiques Garnier

Jephtias Tragœdia, La Fille de Jephté, tragédie, Jacob Balde, Classiques Garnier, 2020, trad. Dominique Millet-Gérard, 668 pages, 58 €

 

En matière littéraire comme en la plupart des domaines artistiques, la postérité ne se trompe pas aussi souvent qu’on le prétend, et ses jugements sont en général fondés, même s’ils peuvent être parfois sujets à révision ou à appel, dans un sens comme dans l’autre, au fil du temps (l’exemple-type étant celui de Thomas Corneille, jadis plus lu que son frère). La probabilité de découvrir sous la poussière des bibliothèques et des librairies d’anciens un écrivain de premier ordre qui aurait échappé à toutes les investigations des historiens de la littérature n’est pas aussi élevée que le croient en général les étudiants en doctorat.

Cela étant, il arrive que de grands auteurs soient injustement négligés, pour des raisons externes à leur œuvre proprement dite et à sa qualité, ainsi la langue dans laquelle ils l’ont composée. Durant une très longue période, pratiquement jusqu’au XIXe siècle, tous les écrivains européens furent bilingues, capables d’employer une langue vernaculaire (celle de leur pays) et une langue véhiculaire (le latin).

Désarrois (Verwirrnis), Christophe Hein (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Jeudi, 27 Juin 2024. , dans Langue allemande, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Métailié

Désarrois (Verwirrnis), Christophe Hein, éditions Métailié, avril 2024, trad. allemand, Nicole Bary, 240 pages, 20 € Edition: Métailié

 

Le châtiment

Désarrois, le livre de Christophe Hein (né en 1944 à Heinzendorf, dramaturge, romancier, essayiste et traducteur Est-allemand) se réfère sans doute au célèbre ouvrage, Les Désarrois de l’élève Törless de Robert Musil. Christoph Hein a grandi à Bad Düben, une petite ville au nord de la Saxe, non loin de Leipzig. Son père, pasteur, n’étant pas considéré par les autorités de la RDA comme un travailleur, il ne lui était pas permis de fréquenter le lycée. Christophe Hein passera son baccalauréat en 1964, et ne pourra étudier à l’université qu’à partir de 1967, tout en occupant divers emplois. Il est en 1990 Membre de l’Académie des arts de Berlin et de l’Ordre du Mérite de la République fédérale d’Allemagne en 1994.

Professeur Unrat (L’Ange bleu), Heinrich Mann (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Mardi, 12 Mars 2024. , dans Langue allemande, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Grasset, En Vitrine, Cette semaine

Professeur Unrat (L’Ange bleu), Heinrich Mann, Grasset, Coll. Les Cahiers Rouges, trad. allemand, Charles Wolff, trad. revue, corrigée, Olivier Mannoni, 283 pages, 9,60 € Edition: Grasset

 

Quarante ans après avoir pris place dans la Collection Les Cahiers Rouges de chez Grasset, le roman d’Heinrich Mann, paru initialement en 1905 (oui !) sous le titre Professor Unrat oder Das Ende eines Tyrannen, qu’on peut (qu’on doit) (re)découvrir en cette version sortie en novembre 2023 dans la même collection, n’a rien perdu de sa puissance expressionniste.

Les portraits du professeur Unrat, de ses trois étudiants, et de la chanteuse Lola Frölich sont toujours de ceux qui restent indécrochables dans la galerie mémorielle du lecteur parmi ceux des personnages littéraires qu’il a fréquentés.

« Comme son nom était Raat, tout l’établissement l’appelait Unrat, ‘le fumier’. Rien de plus simple ni de plus naturel ».