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Critiques

Àgua Viva, Clarice Lispector (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 06 Décembre 2024. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Amérique Latine, Récits, En Vitrine, Cette semaine, Editions Des Femmes - Antoinette Fouque

Àgua Viva, Clarice Lispector, éditions des femmes Antoinette Fouque, octobre 2024, trad. portugais (Brésil) Didier Lamaison, Claudia Poncioni, 324 pages, 24 € . Ecrivain(s): Clarice Lispector Edition: Editions Des Femmes - Antoinette Fouque

 

L’être-là est soutenu par un être de l’ailleurs

(Gaston Bachelard, La Poétique de l’espace, 1957)

Maïeutique

Clarice Lispector, née le 10 décembre 1920 à Tchetchelnyk (Ukraine), grande nouvelliste et journaliste de renom, est considérée comme un des auteurs brésiliens les plus importants du vingtième siècle. En 1943, elle épouse Maury Gurgel Valente, un diplomate, ce qui la conduit dans différents pays. Deux fils naissent pendant cette période. Clarice Lispector se sépare de son mari en 1959, et retourne avec ses enfants au Brésil. Elle meurt le 9 décembre 1977, la veille de son 57e anniversaire, et est enterrée au cimetière juif de Caju à Rio de Janeiro.

Œuvres complètes, Lautréamont en La Pléiade (par Patrick Abraham)

Ecrit par Patrick Abraham , le Mercredi, 04 Décembre 2024. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Poésie, La Pléiade Gallimard

Œuvres complètes, Lautréamont, Bibliothèque de la Pléiade, 2009, 848 pages, 53 € Edition: La Pléiade Gallimard

 

Note sur le Chant VI des Chants de Maldoror

Philippe Sollers a beaucoup aimé la nouvelle édition des Œuvres complètes de Lautréamont dans la Bibliothèque de la Pléiade, établie et annotée par Jean-Luc Steinmetz. Le corpus ducassien ne s’étendant que sur un peu plus de trois cents pages, courte correspondance et textes d’attribution douteuse inclus, Steinmetz et ses commanditaires ont fait le choix a priori judicieux, pour amplifier le volume, d’y adjoindre une sélection de « Lectures de Lautréamont » allant de 1868 à la fin du vingtième siècle. Or on trouve dans ces « lectures » deux contributions de Sollers justement, un article de 1967 pour la revue Critique, péniblement lisible aujourd’hui, et un remarquable entretien de 1997 publié dans la revue Ligne de risque : en célébrant « le Montévidéen » et cette édition, Philippe Sollers célébrait donc d’abord Philippe Sollers. Libre à lui après tout mais on a le droit d’en sourire.

L’Escalier de la rue de Seine, Fouad El-Etr (par Laurent Fassin)

Ecrit par Laurent Fassin , le Mardi, 03 Décembre 2024. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, L'Atelier Contemporain

L’Escalier de la rue de Seine, Fouad El-Etr, L’Atelier Contemporain, juin 2024, 280 pages, 25 € Edition: L'Atelier Contemporain

 

Roman picaresque ou mémoires d’un aventurier et esthète, L’Escalier de la rue de Seine nous entraîne dans le sillage d’une revue, La Délirante, « du beau nom d’un voilier qui croisait au large de Porquerolles » ; comme un encouragement à rompre les amarres « pour aller à contre-courant en quête de l’Absolu ». Fouad El-Etr, son fondateur en 1967, signe là un livre inspiré.

Pour ce poète et traducteur, né à Alexandrie en 1942 dans une famille libanaise, tout a véritablement commencé un « soir d’octobre 1965 […] nous passions rue de Seine, je dis à mon amie qui était au volant : “Freine, mais freine donc !” La coccinelle pila net. Je venais d’apercevoir, beau à couper le souffle, un dessin très noir dans une vitrine ».

Rothko, peintre mystique (Ressemblances et analogies), Ghislain Chaufour (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Mardi, 03 Décembre 2024. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Arts

Rothko, peintre mystique (Ressemblances et analogies), Ghislain Chaufour, Les Provinciales, 2023, 62 pages, 12 €

 

À qui s’étonnerait ou s’indignerait de trouver sur un site comme La Cause littéraire le compte rendu d’un ouvrage consacré à un peintre, il serait facile de répondre que Diderot et Baudelaire, pour ne citer qu’eux, ont de longue date donné ses lettres de noblesse à la critique d’art, fut-ce en parlant d’artistes dont le nom ne survit que grâce à des écrivains.

On a dit de Mark Rothko (1903-1970) qu’il voulait rendre visible la shekina, la présence de Dieu qui se tenait dans le Saint des Saints du Temple. Rothko avait d’ailleurs été surnommé « le peintre-rabbin ». Cependant, il en va de lui comme de la plupart des peintres contemporains : des doutes sont permis quant à l’importance de son « coefficient personnel ».

Je lisais, ne vous déplaise, Thomas A. Ravier (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 28 Novembre 2024. , dans Critiques, Les Livres, Essais, La Une Livres, Tinbad

Je lisais, ne vous déplaise, Thomas A. Ravier, Tinbad, Essai, septembre 2024, 264 pages, 23 € . Ecrivain(s): Thomas A. Ravier Edition: Tinbad

 

« Colette écrit : “une fleur”… et voilà la fleur présente ; elle écrit le mot “rose”… et il y a une odeur ; le mot “soleil” chauffe ; le mot “pluie” mouille. Et le reste est divagation nihiliste » (Colette la prédatrice, Je lisais, ne vous déplaise).

« Danser sur la bibliothèque comme sur le fil divin du temps, tel est notre glorieux chef d’œuvre. Le style, c’est l’homme qui a trouvé le passage » (Proust Party, Je lisais, ne vous déplaise).

Au rugby, lorsque l’on marque un essai, il convient de le transformer, le ballon passe alors des mains aux pieds, de la ligne à entre les poteaux, de la terre au ciel ; en ailier ailé, Thomas A. Ravier, de débordements en esquives, réussit à faire de Je lisais, ne vous déplaise, un essai romanesque, un roman soumis à l’éblouissement et à la transformation de l’essai. Ce festin littéraire convie ses écrivains, qui ont belle allure, il y a Colette vibrante qui fait ronronner le français de plaisir, qui a la main verte quand elle écrit, la main du bonheur.