Identification

Critiques

Crever la nuit, Philippe Colmant (par François Baillon)

Ecrit par François Baillon , le Mardi, 03 Juin 2025. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Poésie, Le Coudrier

Crever la nuit, Philippe Colmant, Editions Le Coudrier – Mars 2025 Illustrations : Philippe Colmant. 68 pages – 18 € Edition: Le Coudrier

 

Le titre de ce recueil, aussitôt lu, nous projette vers un double sens auquel le contenu ne déroge pas. L’insomnie du poète le force à désirer « crever la nuit », à désirer une faille au sein d’une obscurité trop dense, trop longue, à désirer apercevoir, au sein même de sa prison, un trait de lumière. Car la douleur exprimée ici est si aiguë que le poète pourrait bien être près de « mourir » au cours de cette nuit.

L’être aimé n’est plus présent dans ces murs. Le sommeil est introuvable. A l’image de ces feuilles éclairées par un lampadaire, que nous montre la couverture, on a l’illusion de voir et d’entendre des insectes bourdonner autour de l’esprit du poète, assailli par un essaim d’intranquillité. L’environnement, observé, écouté, se dresse devant lui comme un reflet. « Une brise discrète pleure quelque étoile écrasée. (…) au loin, dans les campagnes, la cécité guette, ratisse large. Les labours neufs s’éteignent dans leurs lignes. Les champs en grains cèdent de leur opulence aux rongeurs impénitents. » (p. 8)

Voyage oublié (Viaje olvidado), Silvina Ocampo (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Mercredi, 28 Mai 2025. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Amérique Latine, Nouvelles, Editions Des Femmes - Antoinette Fouque

Voyage oublié (Viaje olvidado), Silvina Ocampo, 136 p., trad. Anne Picard, éd. Des femmes-Antoinette Fouque, avril 2025, 14 € Edition: Editions Des Femmes - Antoinette Fouque

 

Maisons de l’enfance


Silvina Ocampo, née à Buenos Aires en 1903, décédée en 1993, fut mariée à Adolfo Bioy Casares (1914-1999, écrivain argentin d’origine béarnaise) et l’amie de Jorge Luis Borges. Poétesse et romancière, elle a publié sept recueils de nouvelles, traduit une vingtaine d’œuvres ; de plus, elle a suivi à Paris l’enseignement de Giorgio de Chirico et de Fernand Léger. Elle est considérée comme la plus grande figure poétique de l’Amérique du Sud. Silvina Ocampo signe ici son premier livre de fiction. Par ailleurs, quatre autres récits sont publiés par les éditions des femmes, également traduits par Anne Picard.

Achever Sartre, Élucidations sur les dix dernières années de sa vie, Laurent Touil-Tartour (par Patricia Trojman)

Ecrit par Patricia Trojman , le Mardi, 27 Mai 2025. , dans Critiques, Les Livres, Essais, La Une Livres, Grasset

Achever Sartre, Élucidations sur les dix dernières années de sa vie, Laurent Touil-Tartour, Grasset, 2024, 213 pages, 20 € Edition: Grasset

 

Le Testament de Sartre

Écrivain et cinéaste, élève d’Emmanuel Levinas, Laurent Touil-Tartour rejoint l’Institut d’études lévinassiennes fondé par Benny Levy, Alain Finkielkraut, et Bernard-Henri-Levy. Créateur et réalisateur de la série Urban Wolf (Apple) adaptée du mythe de Gygès dans la République de Platon. Achever Sartre est son premier essai philosophique.

Plus qu’une simple biographie des dernières années de Sartre, ce livre est un cadeau confidentiel.

Nous passons quelques heures en compagnie de trois géants de la pensée : Sartre, Benny-Lévy, le tonitruant jeune maoïste de 25 ans sorti de Normale Sup, et Levinas. Un intellectuel parisien qui croise un juif égyptien lequel croise un juif lituanien.

L’hospitalité du démon, Constantin Alexandrakis (par Gilles Cervera)

Ecrit par Gilles Cervera , le Mardi, 27 Mai 2025. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, Verticales

L’hospitalité du démon, Constantin Alexandrakis, éd Verticales, 228 p. 20 €

Lorsque le père naît

Commençons par la fin. Par la dernière phrase.

Elle dit le titre : Admettre cela, c’est ce qu’on appelle l’hospitalité du démon.

Cela ! C’est l’enjeu du livre. L’enjeu d’un père qui se livre.

Admettre : donc écrire !

Constantin Alexandrakis publie son second livre chez Verticales : l’hospitalité du démon.

Où il habite ?

Comment il parle ?

Sur quel corps il a été frotté ?

Qui s’est masturbé sur lui, devant lui ?

Comment ouvrir les yeux après ? Une solution : écrire, écrire, écrire.

Olympe de Gouges, Une femme dans la Révolution, Florence Lotterie, Elise Pavy-Guilbert (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Jeudi, 22 Mai 2025. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Biographie, Flammarion

Olympe de Gouges, Une femme dans la Révolution, Florence Lotterie, Elise Pavy-Guilbert, Flammarion, février 2025, 176 pages, 22 € Edition: Flammarion

La vie mouvementée d’une « femme dans la Révolution » est reconstituée par les autrices qui ont manifestement effectué pour ce faire un maximum de recherches sur ce qu’il est possible de retrouver et de recoller des éléments biographiques de ce personnage d’exception et qui en ont comblé les trous en présumant, en levant des hypothèses, en faisant parfois aller librement leur imagination, procédé littéraire qu’elles « avouent », dont elles revendiquent même la nécessité, et qui leur permet de nous offrir une histoire cohérente, qui se tient, qu’on pourrait assimiler ici et là à une biographie juste autant romancée qu’il en est besoin.

Car non seulement les autrices ont tenu à combler au possible, tout en maintenant au mieux la nécessaire vraisemblance, les manques de l’histoire officielle de notre révolutionnaire, à mettre un peu de liant, souvent en se référant aux propres écrits du personnage, dans les ellipses biographiques, à se glisser dans la peau de l’héroïne pour nous faire ressentir ses souffrances physiques, entrer dans ce qu’ont pu, ou dû, être ses pensées, ses affres, ses colères, ses pulsions de rébellion, mais encore reconstituer les circonstances de ses rencontres marquantes avec les plus grands acteurs de la Révolution et les dialogues auxquels elles ont donné cours.