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Critiques

La Lettre Écarlate (The Scarlet Letter, 1850), Nathaniel Hawthorne (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mercredi, 05 Mars 2025. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, USA, Roman, Folio (Gallimard), En Vitrine, Cette semaine

La Lettre Écarlate (The Scarlet Letter, 1850), Nathaniel Hawthorne, Folio, 1977, trad. américain, Marie Canavaggia, 368 pages Edition: Folio (Gallimard)

Écarlate est ce roman, comme la braise qui scintille dans les yeux de la mère sous l’opprobre, et ceux de la fille dont on ne sait si elle est fille de Dieu ou du Diable. Cet ouvrage brûle les doigts et ouvre la route qui mène au torrent de lave incandescente qui irrigue la littérature gothique américaine. Ce roman est un moment-clé de la littérature d’Outre-Atlantique qu’il place à tout jamais sous le thème du combat du Bien et du Mal, du péché et du remords, du châtiment et de la rédemption.

Le génie de Hawthorne est de brouiller sans cesse les lignes, d’éviter radicalement le pathos de la lutte entre le Bien et le Mal pour nous emmener dans des territoires effrayants où la morale ne trouve plus ses repères. La tentation est forte de prêter aux Puritains inquisiteurs les pires penchants mais jamais dans le roman ils ne seront les seuls acteurs du Mal, de même que la femme qui subit l’infamie de la lettre écarlate ne sera – ni elle ni sa petite fille – l’incarnation pure du Bien. Les traits se mêlent, s’entortillent, en un combat douteux dirait Steinbeck, allant jusqu’à superposer les images symboles. Ainsi la madone qui prend forme dans la femme honnie et exposée à la vue d’un public hostile :

Le Livre de la mort, Khalid Jawed (par Patrick Abraham)

Ecrit par Patrick Abraham , le Mardi, 04 Mars 2025. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Asie, Roman, En Vitrine, Cette semaine

Le Livre de la mort, Khalid Jawed, éditions Banyan, décembre 2024, trad. ourdou (Inde), Rosine-Alice Vuille, 127 pages, 17 €


La publication par les éditions Banyan du Livre de la mort de l’écrivain indien contemporain Khalid Jawed est une excellente nouvelle tant sont rares les traductions françaises de la littérature de langue ourdoue, continent quasi inexploré pour nous. On félicitera David Aimé pour cette initiative et Rosine-Alice Vuille pour la remarquable qualité de son travail.

Mais Le Livre de la mort, malgré sa brièveté, est en soi un grand livre par sa densité ténébreuse – je veux dire qui marque dès la première lecture en nous ouvrant sur nos ténèbres et nous obligeant à une série de relectures.

La Figure, Bertrand Belin (par Gilles Cervera)

Ecrit par Gilles Cervera , le Lundi, 03 Mars 2025. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, P.O.L

La Figure, Bertrand Belin, éd. P.O.L, janvier 2025, 175 pages, 18 € Edition: P.O.L

 

Buisson iodé

Chanteur, on l’écoute. Acteur, on le voit.

Toujours avec joie. Comme on attendait Jean-François Stévenin ou qu’on guette Jacques Bonnaffé au coin d’un film, second rôle essentiel. Bertrand Belin est aussi un bel écrivain.

On le lit.

Belin est un marginal de tout y compris des marges de cahier.

Il nous donne, chez P.O.L, à lire La Figure.

C’est un petit roman dur, un roman de rêve et de glace. D’eaux tourmentées qui montent, envahissent, et de pères fous qui battent les fils et dont il ne faut se protéger d’eux qu’en le tuant ou en les fuyant.

Nos insomnies, Clothilde Salelles (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 21 Février 2025. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, Gallimard

Nos insomnies, Clothilde Salelles, Gallimard, Coll. L’arbalète, janvier 2025, 256 pages, 20,50 € Edition: Gallimard

 

Si chacun d’entre nous est incommunicable en proportion de sa richesse affective, il ne peut tourner cet obstacle que par la ruse d’une évocation (Huyghe, Dialog. avec visible, 1955)

Agrypnie

Une petite fille, dont la famille vit au sein d’« un quartier presque désert, entouré de champs et de hameaux, avec au loin des habitants qui se fondaient dans une colline, et de l’autre côté de la colline, la ville la plus proche », parle à la première personne et soliloque. Elle utilise l’imparfait, tout comme la vie de cette famille est imparfaite, révélant au fur et à mesure de douloureux inconforts. Oui, quelque chose de cauchemardesque plane dans cet univers parental. Nos insomnies est le premier roman de Clothilde Salelles (docteure en sociologie, ancienne élève de l’École Normale Supérieure de Lyon, chercheuse en Science politique au sein de l’Université d’Anvers).

Sortir du travail qui ne paie plus, Antoine Foucher (par Shaun Lévy)

Ecrit par Shaun Lévy , le Jeudi, 20 Février 2025. , dans Critiques, Les Livres, Essais, La Une Livres, En Vitrine, Editions de l'Aube, Cette semaine

Sortir du travail qui ne paie plus, Antoine Foucher, Éditions de L’Aube, août 2024, 138 pages, 17 € Edition: Editions de l'Aube

 

Dans un contexte où le rapport au travail est profondément questionné, Antoine Foucher, ancien directeur de cabinet au Ministère du Travail, signe avec Sortir du travail qui ne paie plus un essai ambitieux et éclairant. À travers une analyse rigoureuse, l’auteur s’attaque à des problématiques majeures : pourquoi le travail semble-t-il aujourd’hui moins gratifiant sur le plan financier et symbolique ? Et comment redonner au travail une place centrale dans la société française ?

Dès les premières pages, Foucher capte l’attention par un diagnostic limpide et documenté. À ses yeux, la dévalorisation du travail trouve ses racines dans plusieurs facteurs : la désindustrialisation, qui a appauvri les territoires et détruit des emplois bien rémunérés, une polarisation croissante des métiers concentrant d’un côté des emplois très qualifiés et de l’autre des emplois peu qualifiés et un système d’aides sociales qui, bien qu’essentiel, peut parfois dissuader de reprendre un emploi. L’auteur n’hésite pas à pointer les incohérences de ces dispositifs, tout en rappelant leur importance pour les plus précaires. Ce positionnement équilibré renforce la crédibilité de son analyse.