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Critiques

Les nouveaux Moutons de Panurge, Myriam Ackermann-Sommer (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Mardi, 08 Juillet 2025. , dans Critiques, Les Livres, Essais, La Une Livres, Albin Michel

Les nouveaux Moutons de Panurge, Myriam Ackermann-Sommer, Albin Michel, 2025, 172 pages, 17,90 € Edition: Albin Michel

 

En 1952 parut un livre auquel, toute révérence gardée, on pourrait appliquer ces paroles de Dieu à Abraham : « je multiplierai ta race comme les étoiles du ciel et comme le sable du rivage de la mer » (Genèse/Berechit 22, 17 ; traduction Bible du Rabbinat) : La Puissance de la pensée positive de Norman V. Peale. L’ouvrage fut en effet au point de départ d’un genre appelé à une brillante et nombreuse postérité : les traités de développement personnel, un domaine qui occupe désormais des rayonnages entiers dans les librairies et dont les innombrables stolons, qui reprennent et modulent à peu près tous les mêmes considérations, connaissent une rotation très rapide – ceci expliquant cela.

À première vue, le livre de Myriam Ackermann-Sommer n’est qu’un traité de développement personnel supplémentaire et sans doute sera-t-il rangé dans cette catégorie par plus d’un libraire (qui, le fait est notoire, n’ont plus le temps de lire les livres qu’ils proposent au chaland).

La mémoire délavée, Nathacha Appanah (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Mercredi, 02 Juillet 2025. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, Mercure de France

La mémoire délavée, Nathacha Appanah, Mercure de France, collection Folio, 6 février 2025, 150 pages, 7,60 € . Ecrivain(s): Nathacha Appanah Edition: Mercure de France

 

La République de Maurice se qualifie de « nation arc-en-ciel » en référence à la pluralité, à la diversité des composantes de sa population, officiellement classée en quatre catégories de citoyens : les Sino-Mauriciens, les Musulmans, la Population Générale (dont les Cafres descendants des esclaves africains et les Franco-Mauriciens issus des colons), et les Indo-Mauriciens, catégorie à laquelle appartient Nathacha Appanah, journaliste et  romancière bien installée dans le paysage littéraire francophone.

C’est à l’occasion de l’observation des complexes, inextricables, inexplicables circonvolutions du vol migratoire d’une nuée d’étourneaux que l’autrice est saisie par la résurgence de la blessure plus ou moins refoulée, néanmoins toujours latente, de l’angoissante présence de larges zones d’ombre contrastant avec des bribes ténues, fragiles, de rares faits connus dans la chaîne nébuleuse de la migration familiale dont elle constitue l’un des maillons actuels.

J’écris l’Illiade, Pierre Michon (par Gilles Cervera)

Ecrit par Gilles Cervera , le Lundi, 30 Juin 2025. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, Gallimard

J’écris l’Illiade, Pierre Michon, Gallimard 269 p. 21 € Edition: Gallimard

 

J’écris Michon

Ou plutôt je le crie !

Car Michon peut crier aussi. On le savait savant. On le savait minuscule et immense, on le savait montagnard des montagnes, ombré de vallées d’arbres, profondes, obscures, et on savait, grâce à lui, de savants pas moins les zincs où boire et apprendre, les rivières de sources blanches et les Beunes, bon, on savait tout ça de Michon, mais de Pierre que savait-on ?

Le lire s’impose plus que jamais. Il est vieux, il a son âge, deux mille ans pas moins.

Il est jeune, pubère à peine. Il baise en fontaines les princesses de jupes courtes, d’ailées jarretelles. Il n’est pas politiquement ni wokement correct. Il se moque de woke et se fout de MeToo, il est Pierre et sur ce royaume, in saecula saeculorum, Pierre Michon est notre Grand Auteur et Lecteur Difficile.

Les ombres nues, Patrick Martinez et [Notes fantômes], Sylvain Jamet (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 26 Juin 2025. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres

Les ombres nues – Patrick Martinez – Diabase Littérature – 16 euros – 116 p. – 25/02/25

 

Légers comme un souffle littéraire

 

« Moins vivace le souvenir sorti faire le tour du quartier avec lui, et qui s’embraserait, sans doute, un soir d’été.

Comme si les mots l’aidaient à savoir à quoi tenir, ayant fixé pour lui et bien avant qu’il se fût agrippé à eux, quelque chose valant probablement d’être humé, approché, touché. »

Les ombres nues

Parfois la mémoire se glisse entre deux traits de lumière, dans l’ombre vive – comment la nommer autrement ? -, que lui livre ses souvenirs. Tout l’art du romancier est de lier entre eux ces souvenirs, de tisser une matière romanesque, que la mémoire éclaire. Les ombres nues est ce tissage, dans le fil à fil du temps.

La chatte, Colette (par Marie-Pierre Fiorentino)

Ecrit par Marie-Pierre Fiorentino , le Mercredi, 25 Juin 2025. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, Le Livre de Poche, En Vitrine, Cette semaine

La chatte, Colette, Le livre de poche . Ecrivain(s): Colette Edition: Le Livre de Poche

Chez Colette (3)

 

« Mon petit ours à grosses joues…

Fine-fine-fine chatte…

Mon pigeon bleu…

Démon couleur de perle…»

 

« Me-rrouin ». « R…rrouin… ».

Colette possède l’art du mot juste pour toucher nos sens. Elle nous fait entendre Saha, surgie de la végétation sous la main d’Alain, « comme si elle naissait à son appel. » Car Saha a boudé toute la soirée.