Bricolage(s) – Camille Revol (par Philippe Chauché)
Bricolage(s) – Camille Revol – Editions Louise Bottu – 260 p. – 19 euros – septembre 2025.
Edition: Editions Louise Bottu
« J’ai toujours aimé ça, griffonner. Tout le temps. Partout et dans la chambre. Des notes sur elle, sur rien, le jour et la saison, un livre, un film… Des notes sur tout. Surtout sur elle.
Notes en pagaille. Penser à classer. Y mettre un peu d’ordre. En faire quelque chose, quoi. »
Ce quelque chose a pour nom Bricolage(s), un livre qui porte bien son nom, il zigzague, il biaise, ses phrases ricochent, rebondissement, se cachent sous d’autres phrases, sous d’autres éclairs d’inspirations, et de souvenirs, et pourtant l’auteur se défend de raconter des histoires, il s’en défend tellement bien, qu’il excelle dans l’art de les ajuster au millimètre, comme des planches brutes, qui n’attendent que d’être mises bout à bout. L’écrivain ajuste tout ce qui lui passe par la main et par la tête.
On y croise un écrivain, même s’il s’en défend, mais il écrit, écrit encore, et donc aggrave son cas, un calligraphe qui jouait à éprouver le vide, un pope atrabilaire amateur de vins de Cahors et son interprète-garde-du-corps, des personnages, comme dans les histoires romanesques, quoi qu’en dise l’auteur, mais il dit tant de choses. On y déguste des remarques, des citations tirées de films de Godard (grand bricoleur du cinématographe), des définitions empruntées aux dictionnaires qui sont là pour ça, des commentaires en bas de pages, comme dans les livres savants – Le passé porte mal son nom : il a la vie dure. Bricolage(s) est un feu d’artifice littéraire, aux fusées qui se croisent et s’élèvent pour notre plus grand plaisir de lecteur, et donc d’observateur amusé. L’auteur ou son double, triple, quadruple, nous fait penser à Bartleby d’Herman Melville, on ne sait trop pourquoi il est là, on ne sait trop ce qu’il fait, ce qu’il y fait, et sa réponse ne cessera de nous étonner : Je préférais ne pas !
« J’étais là où j’étais, qu’on l’appelle écriture, machinchouette ou présent, on l’appelle comme on veut, pas besoin d’un chien pour m’y sentir, bien je ne dis pas, en tout cas plus mal d’ailleurs. »
Camille Revol, ou son double, est un écrivain qui se joue de l’écriture et des histoires qu’il raconte, tout en y croyant, comme l’on croit au contes populaires de notre enfance. Il puise dans un imaginaire fertile, souvenirs, souvenirs, chers pays de mon enfance, imagine-t-on, mais aussi sur d’autres instants de sa vie, un amour là, un corps et des yeux ici, tout est heureux et léger. La vie, mode d’emploi, ressemble à Bricolage(s) ou peut-être est-ce l’inverse, la Maison Louise Bottu ne sera pas surprise de cette évocation, elle compte dans son catalogue, une collection sous contraintes ! Nous y ajouterions, l’amour et la mémoire mode d’emploi, et ainsi tout un monde littéraire fait de bric et de broc, assemblé avec méthode, rigueur et humour.
Philippe Chauché
Bricolage(s) est le premier livre de Camille Revol.
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A propos du rédacteur
Philippe Chauché
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Rédacteur
Domaines de prédilection : littérature française, espagnole, du Liban et d'Israël
Genres : romans, romans noirs, cahiers dessinés, revues littéraires, essais
Maisons d’édition les plus fréquentes : Gallimard, Minuit, Seuil, Grasset, Louise Bottu, Quidam, L'Atelier contemporain, Tinbad, Rivages
Philippe Chauché est né en Gascogne, il vit et écrit à St-Saturnin-les-Avignon. Journaliste à Radio France durant 32 ans. Il a collaboré à « Pourquoi ils vont voir des corridas » (Editions Atlantica), et récemment " En avant la chronique " (Editions Louise Bottu) reprenant des chroniques parues dans La Cause Littéraire.
Il publie également quelques petites choses sur son blog : http://chauchecrit.blogspot.com