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Julliard

 

Maison d'édition dirigée depuis 1995 par Betty Mialet et Bernard Barrault. Spécialisés dans la littérature française contemporaine, tous deux tentent de rapprocher dès que possible les livres et le cinéma. www.Julliard.fr

 


Volontaires pour l’échafaud, Vincent Savarius (Bela Szasz) (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Jeudi, 12 Janvier 2023. , dans Julliard, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman

Volontaires pour l’échafaud, Vincent Savarius (Bela Szasz) Traduit du hongrois par Jérôme Hardoin, Julliard (Les Lettres Nouvelles), 317 pages Edition: Julliard

 

Dans le tome 3 de Soixante ans de journalisme littéraire, somme publiée en novembre 2022 par les Editions Maurice Nadeau, portant sur Les années “Quinzaine littéraire” (1966-2013), Maurice Nadeau évoque et commente l’ouvrage de Bela Sàndor Szasz, alias Vincent Savarius, intitulé dans sa traduction française "Volontaires pour l'échafaud ».

Voici un extrait de ce qu’en dit le célèbre critique :

« S’il planait encore un mystère sur les Procès de Moscou, on savait déjà par l’admirable livre de Savarius sur l’Affaire Rajk que tout le système reposait sur un truc, une astuce enfantine :  amener l’accusé à collaborer avec son juge instructeur, de façon qu’ils fabriquent tous deux ensemble un produit qui s’appelle l’aveu. Savarius avait refusé de jouer le jeu et, finalement, s’en était miraculeusement tiré. »

Une douleur blanche, Jean-Luc Marty (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 20 Novembre 2020. , dans Julliard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Une douleur blanche, octobre 2020, 174 pages, 18 € . Ecrivain(s): Jean-Luc Marty Edition: Julliard

 

« Une fois, le bateau avait quitté le port pour la mer d’Irlande sous la neige. L’imaginaire de mes neuf ans avait consigné la disparition de mon père à cette marée-là. Plus tard, j’avais appris qu’au jour du naufrage, au large d’Ouessant où son chalutier avait disparu avec cinq marins à son bord, le temps était au beau fixe. J’avais aussi appris l’expression “faire son trou dans l’eau”, qui signifie mourir en mer ».

Une douleur blanche est le roman du retour, retour vers le pays de l’enfance : un port de pêche qui dérive vers la mort qui gangrène ses navires et ses quais, retour vers une mère qui s’y prépare, et les souvenirs d’un père disparu au large. Le narrateur revient en ses terres, loin de celles qui l’ont accueilli, à dix mille kilomètres de chez lui : le Brésil, qui s’infiltre dans le roman, en éclats romanesques et fraternels – « C’est une côte qui parle ma langue… Une langue morte qui renaît par surprise, au passage du fleuve à l’océan ». Une douleur blanche est aussi le roman d’une étrange rencontre sur le bord d’une route, une inconnue, sauvage, inquiétante, insaisissable, un astre étourdissant qui collectionne les bois flottés, abandonnés aux flots et au sable, aux étranges réparties : « Tu n’es pas là, dit-elle. – Comment le sais-tu ? – Parce que je ne suis pas sûre d’aimer où tu es ».

A la recherche de Marie J., Michèle Sarde (par Sandrine Ferron-Veillard)

Ecrit par Jeanne Ferron-Veillard , le Jeudi, 12 Décembre 2019. , dans Julliard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

A la recherche de Marie J., octobre 2019, 368 pages, 20 € . Ecrivain(s): Michèle Sarde Edition: Julliard

 

« Les noms des personnages vivants ont été remplacés par des initiales et leurs prénoms ont été changés. Le moins possible ».

Ne cherchez pas non plus dans les remerciements, les prénoms du livre. Entre autres, Yolène, Elena, Rodriguo. Il n’y a aucune initiale.

Seule est, Marie J.

Certains liens sont indéfectibles, au-delà des identités.

Ce serait par exemple une ressemblance troublante entre elle, l’auteure dont le prénom n’est pas Michèle, et sa grand-mère. Marie J. Troublante au point de « passer sa vie à » rechercher derrière les traits d’un être vivant, le visage d’un autre. Décédé en 1944.

Nous étions nés pour être heureux, Lionel Duroy (par Arnaud Genon)

Ecrit par Arnaud Genon , le Mardi, 19 Novembre 2019. , dans Julliard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Nous étions nés pour être heureux, août 2019, 240 pages, 20 € . Ecrivain(s): Lionel Duroy Edition: Julliard

Il y a trente ans, en 1990, Lionel Duroy publiait Priez pour nous (éd. Bernard Barrault, 1990, réédité chez J’ai lu en 2011), son premier roman autobiographique. Il y relatait son enfance chaotique, entouré de ses neuf frères et sœurs qui subirent, à ses côtés, la tyrannie maladive de leur mère (qui n’est pas sans rappeler la Folcoche d’Hervé Bazin) et les maladroites tentatives de leur père, « Toto », de sortir la famille de ses multiples déboires. L’écriture de ce livre fut pour lui salvateur. « J’ai organisé ma vie autour de l’écriture de mes livres, déclare Paul, le personnage principal de Nous étions nés pour être heureux, je peux dire aujourd’hui que je suis fait de mes livres, qu’ils m’ont construit, qu’ils m’ont sauvé ». Il mit des mots sur ce qu’il lui était arrivé, il tenta de comprendre le désastre de cette enfance qui lui avait été volée. Mais s’en sortir eut un prix. Ses frères et sœurs, qui avaient pourtant subi les mêmes violences, se désolidarisèrent de lui et l’accusèrent d’être indirectement responsable de la mort de ses parents qui ne supportèrent pas de voir ainsi étalé ce qu’ils avaient tenté, toute leur vie durant, de dissimuler. Ils coupèrent les ponts lui reprochant notamment son égoïsme et d’avoir ainsi dévoilé la honte familiale qui aurait dû, selon eux, rester silencieuse. Même ses enfants n’eurent plus le droit de voir leurs cousins et grandirent dans la conscience de l’hostilité de leurs oncles et tantes.

Être, tellement, Jean-Luc Marty

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 15 Septembre 2017. , dans Julliard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, La rentrée littéraire

Être, tellement, août 2017, 306 pages, 18 € . Ecrivain(s): Jean-Luc Marty Edition: Julliard

 

« L’inconnue avait pris l’initiative de s’imposer à lui. Il en est maintenant certain : qu’elle ait pu marcher de cette manière, d’un arbre à l’autre, témoignait de l’intérêt qu’elle avait eu à se trouver là, à aller et à venir sous ses yeux, car elle ne pouvait pas ne pas l’avoir remarqué. Il en a été impressionné et, en même temps, affaibli, dans l’incapacité de faire face ».

Être, tellement est le roman d’un musicien aventurier, son archet tient ses personnages sous tension, roman grave et profond, qui frisonne comme une tragédie à venir, mais aussi comme une joie lointaine qui va se dessiner, à l’image de la suite N°3 de Johann Sébastian Bach par Alexander Kniazev, un éclat à naître et un frisson en devenir. Être, tellement est un roman du bout du monde du Brésil, le Nordeste, roman des sables mouvants, du désert qui gagne sur la vie, roman où se brisent des vagues rêvées, où des êtres se rencontrent, et une douce musique s’élève dans leurs cœurs*.