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Pierre Guillaume de Roux éditeur

Les éditions Pierre-Guillaume de Roux, nées en juillet 2010, sont le fruit d’affinités profondes et d’amitiés de longue date.

Tout d’abord avec les auteurs qu’il s’agit d’accompagner à travers le temps. Une conduite à laquelle je suis moi-même resté fidèle depuis ma première direction littéraire. Je songe ainsi à Boris Pahor, l’auteur slovène aujourd’hui nobélisable de Pèlerin parmi les ombres, figure emblématique de la littérature des camps que je publiai à la fin des années 80 à la Table ronde, à Linda Lè que je découvris à ses débuts, ou à Robert de Goulaine que Julien Gracq m’avait personnellement recommandé pour son premier livre Le dernier Ange.

C’est à la faveur de rencontres renouvelées que se bâtit un catalogue promis à durer. Donner aux lecteurs le temps de faire connaissance avec les auteurs, voilà l’urgence du moment. Tant il est vrai que la surproduction de livres est devenue leur cimetière. D’où la nécessité de prendre des risques - celui d’un premier roman, d’un roman méconnu ou oublié. Afin de les révéler pleinement.

Editer est une affaire de transmission à travers le temps et les générations. Un sacerdoce qui emprunte bien des chemins : du simple bouche à oreille à l’écho des médias en passant par Internet. Mais qui cultivera encore et toujours la joie du partage avec les premiers partenaires des lecteurs : nos fidèles libraires.

Pierre-Guillaume de Roux

Ma dernière séance, Marielle, Broca et Belmondo, Thomas Morales (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 25 Mars 2021. , dans Pierre Guillaume de Roux éditeur, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Récits, Côté écrans

Ma dernière séance, Marielle, Broca et Belmondo, Thomas Morales, janvier 2021, 126 pages, 15 € Edition: Pierre Guillaume de Roux éditeur

 

« Lui qui jouait les chambellans flamboyants, n’était que timidité, colère rentrée et échappées solitaires. Sa manière de suspendre le temps, de le charger de mille reflets, de nimber la phrase d’une incertitude, il était le seul à pratiquer le funambulisme sur grand écran, entre introspection et ridicule, entre grandiloquence et détachement » (L’ami de la famille, Un moment d’égarement avec vous, Jean-Pierre).

Ma dernière séance, Marielle, Broca et Belmondo, est l’un des derniers livres publiés par Pierre Guillaume de Roux (1) avant sa disparition, le 11 février dernier. Un livre comme il les aimait : curieux, audacieux, drôle, piquant, un rien nostalgique d’un temps précieux où le cinématographe aimait ses comédiens, ses scénaristes et surtout ses spectateurs, un cinéma qui n’avait pas honte qu’on le qualifie de distrayant, de léger, parfois loufoque, maniant avec humour des réflexions au vitriol sur la société de son temps, toujours réjouissant et fantaisiste.

Confession d’un gentil garçon, Roland Jaccard (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 06 Mars 2020. , dans Pierre Guillaume de Roux éditeur, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres

Confession d’un gentil garçon, janvier 2020, 128 pages, 16,50 € . Ecrivain(s): Roland Jaccard Edition: Pierre Guillaume de Roux éditeur

 

« J’ai traversé ma vie sans rien trouver qui retienne mon attention. Sans doute ai-je été un piètre observateur. Je me contentais de donner le change. Je ne peux en vouloir à personne. Certaines existences sont de somptueux ratages. D’autres, d’éblouissantes réussites. Je suis demeuré dans une honnête moyenne ».

Roland Jaccard a de qui tenir, il a forgé ses pensées et son style en lisant Henri-Frédéric Amiel (1), Cioran, Karl Kraus, Schopenhauer, et quelques autres penseurs piquants, pétillants et gracieusement désespérés, ses élus de la mélancolie. L’écrivain qui fut longtemps un grand éditeur (2), livre quelques secrets, quelques scandales, des éclats et des éclairs de sa vie amoureuse. Il aurait pu inscrire en sous-titre de ce nouveau petit livre « Les filles s’enfuient plus vite que les livres », même si en le lisant, on découvre que le plus souvent, c’est lui qui prend la fuite, qui se dérobe, question de sécurité assure-t-il.

Penseurs et tueurs, Roland Jaccard

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 29 Juin 2018. , dans Pierre Guillaume de Roux éditeur, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres

Penseurs et tueurs, mai 2018, 122 pages, 19,90 € . Ecrivain(s): Roland Jaccard Edition: Pierre Guillaume de Roux éditeur

 

« L’affaire est entendue : je suis le fils – illégitime, bien sûr – de Louise Brooks et de Cioran. L’actrice américaine et le volcanique Roumain partageaient la conviction que la création est une aberration, la procréation un crime et la concision un devoir ».

Roland Jaccard a de qui tenir, de Cioran et Louise Brooks, mais aussi d’Arthur Schopenhauer, de son cousin Schnitzler, de George Sanders – Mémoires d’une fripouille –, ou encore de Clément Rosset et Richard Brautigan. Il a parfois écrit sur eux, quand il ne les a pas édités, du temps où il dirigeait « Perspectives critiques »aux Presses Universitaires de France. Penseurs et tueurs est un essai des extrêmes, comme on le dit d’une course en très haute montagne, alors face au danger, au risque de chute, d’avalanche ou d’étouffement, le suisse amateur de tennis de table éclate de rire, comme s’il disait, même si tout cela n’a aucun sens, on ne doit pas se priver d’en rire.

Le livre des sources, Gérard Pfister

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 22 Novembre 2013. , dans Pierre Guillaume de Roux éditeur, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman

Le livre des sources, 2013, 432 pages, 24,90 € . Ecrivain(s): Gérard Pfister Edition: Pierre Guillaume de Roux éditeur

« Après tant de siècles, échauffez mon esprit de vos rayons immortels : c’en est fait, je suis exaucé ; l’étincelle a jailli, je me sens embrasé : commençons ». Charles de Fieux de Mouhy

 

Strasbourg, de 1365 à 1993

Le roman de Gérard Pfister s’ouvre sur une dissertation sur la guerre, ou plus exactement sur des pans de l’Histoire, celle des sacrifices des hommes et de l’injustice à leur égard, dont certains conflits oubliés de l’époque médiévale jusqu’aux massacres de masse des deux grandes guerres mondiales. L’exergue des anarchistes « la liberté ou la mort » – cité par l’auteur lui-même – augure très vite de cette quête mi sociologique, mi initiatique, qui commence par une enquête. Une forme stylistique en spirale, « une narration à plusieurs instances » comme dirait Gérard Genette, produit à la fois « le léger décalage temporel du récit d’événements (…) et la simultanéité absolue dans l’exposé des pensées et des sentiments (…) le direct et le différé (…) le quasi-monologue intérieur et le rapport après-coup » (in Figures III). Nous pourrions peut-être parler de spirale narrative, avec l’irruption de l’auteur, qui nous entraîne d’un récit à un autre, par fragments.