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La Contre Allée

 

 

Avec une ligne éditoriale déterminée autour d'un axe Mémoire(s) et Société, La Contre Allée s'attache tout particulièrement au devenir et à la condition de l'individu au coeur de nos sociétés contemporaines.

Témoigner, transmettre, questionner... Provoquer et croiser réflexions et sensibilités sur des sujets d'intérêts communs, aller à la rencontre d'artistes, d'intellectuels et de personnalités politiques, voilà ce qui anime et illustre l'esprit de rencontre(s) qui caractérise et fait l'attrait de la maison.

 

 

Le Nuage et la valse, Ferdinand Peroutka (par Guy Donikian)

Ecrit par Guy Donikian , le Lundi, 02 Septembre 2019. , dans La Contre Allée, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Pays de l'Est, Roman

Le Nuage et la valse, avril 2019, trad. tchèque Hélène Belletto-Sussel, 573 pages, 25 € . Ecrivain(s): Ferdinand Peroutka Edition: La Contre Allée

 

Ce fut tout d’abord une pièce de théâtre jouée en 1947-1948, pièce écrite par Ferdinand Peroutka qui fut interné à Buchenwald par les nazis en raison de ses convictions démocratiques ; ce n’est qu’en 1976, alors exilé aux USA en raison du Coup de Prague, qu’il publie son texte sous la forme d’un roman.

La structure du texte donne une vision kaléidoscopique du nazisme, de la guerre jusqu’à la libération et les excès et autres « erreurs » commises alors. Ce n’est pas, en effet, une structure romanesque classique obéissant à une linéarité « confortable », mais plutôt un rhizome de personnages dont les trajectoires peuvent se recouper. Il y a malgré tout un fil conducteur cristallisé par une méprise liée à une homonymie. Un employé de banque est interné par erreur par les nazis, et ce personnage sera confronté à d’autres individus, des internés comme lui mais aussi des gardiens nazis.

Le Bruit des tuiles, Thomas Giraud (par Guy Donikian)

Ecrit par Guy Donikian , le Lundi, 19 Août 2019. , dans La Contre Allée, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, La rentrée littéraire

Le Bruit des tuiles, Thomas Giraud, août 2019, 280 pages, 18,50 € . Ecrivain(s): Thomas Giraud Edition: La Contre Allée

 

Considerant, tel est son nom, sans accent sur le « e », fait partie de ces utopistes sans lesquels le monde n’aurait pas exploré les limites d’une utopie imposées par la nature. Parce ce qu’il s’agit d’une utopie que cet ingénieur économiste polytechnicien français aura voulu vivre et faire vivre.

Nous sommes en 1855. Considerant se rend dans quelques villes françaises pour recruter les candidats à une vie nouvelle. Considerant est un disciple de Fourier, et son projet n’est rien moins que fonder une ville « ex nihilo » pour que chacun puisse rapidement jouir d’une vie plus égalitaire et plus paisible. Ainsi a-t-il acheté des terres dans le « nouveau monde », près d’une ville, Dallas, sans les avoir visitées, grâce à un intermédiaire, pour y bâtir une nouvelle ville qu’on nommera Réunion. Son projet séduit des Français qui parfois n’ont plus rien à perdre et des Suisses intéressés par l’idée d’une vie nouvelle. Ces candidats sont dotés d’un enthousiasme proportionnel au désarroi ou à la misère endurée jusque-là. Réunion, c’est pour eux un nouveau départ qui devrait laisser loin derrière eux jusqu’au souvenir des jours difficiles.

Assommons les poètes !, Sophie G. Lucas (par Sylvie Zobda)

Ecrit par Sylvie Zobda , le Lundi, 08 Avril 2019. , dans La Contre Allée, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie, Anthologie

Assommons les poètes !, mars 2018, 156 pages, 10 € Edition: La Contre Allée

 

Sophie G. Lucas convoque dès le titre de son dernier recueil de poésie les plus grands. Comme Baudelaire et son Assommons les pauvres !, elle rappelle que vivre de l’écriture poétique relève du combat, le paysage littéraire laissant peu de place à ce genre. « Ecrire de la poésie de nos jours est une forme de résistance ». Le livre est un témoignage. Un Témoin (pour reprendre le titre de son précédent ouvrage édité lui aussi à La Contre Allée en 2016) de sa vie de poète.

Quatre temps organisent l’ensemble :

* Dans Ecrire, Faire écrire, elle évoque son quotidien, chez elle ou lors des ateliers d’écriture en milieu scolaire ou carcéral. La bataille de la reconnaissance, de la transmission bat son plein. Rien n’est jamais acquis. Pourtant, elle ne désespère pas.

« De petits cailloux ont été semés derrière moi. Je retrouverai mon chemin. Je reviens dans quelques mois. Semer encore quelques cailloux » (Je suis cet homme).

L’instant décisif, Pablo Martín Sánchez

Ecrit par Marc Ossorguine , le Vendredi, 10 Novembre 2017. , dans La Contre Allée, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Espagne, Récits

L’instant décisif, septembre 2017 (Tuyo es el mañana, 2016, Acantilado), trad. espagnol Jean-Marie Saint-Lu, 288 pages, 20 € . Ecrivain(s): Pablo Martín Sánchez Edition: La Contre Allée

Un récit, ou six récits qui commencent à 0 heure et s’achèvent à minuit. Ou plutôt, peut-être, six récits qui commencent à 0 heure, et finalement un récit qui se termine à minuit. Donc sept récits au final. Vous suivez ? Dire cela c’est peut-être livrer une des clés de cet instant décisif qui jongle avec les voix dans un cadre temporel strict de 24 heures. Jeu de construction et de structure qui pourrait paraître un brin intello mais qui est surtout ludique et qui fonctionne parfaitement comme tel.

Reprenons : six récits et six personnages. Ou sept selon comment l’on compte. Disons six plus un. Nous entrons dans leur vie à 0 heure. Quand ? Le jour où il y aura une grève générale en Italie, qui est aussi celui où le président congolais Marien Ngouabi sera assassiné. Le jour aussi où le nouvel état espagnol annoncera une nouvelle amnistie. Un jour et une date que l’auteur ne précise pas plus mais que nous pouvons reconstituer comme étant le 18 mars 1977. Nous sommes à Barcelone en pleine « transition démocratique », dans ce moment où la mort de Franco n’a pas encore complètement signifié la fin de la dictature et le retour de la démocratie. C’est aussi ce jour-là que naît Pablo. Le même jour que l’auteur de cet instant décisif. Mais il n’est pas sûr, il semble même un peu improbable qu’il s’agisse vraiment de lui-même et que le récit soit autobiographique.

Témoin, Sophie G. Lucas

Ecrit par Marc Ossorguine , le Vendredi, 21 Avril 2017. , dans La Contre Allée, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Récits

Témoin, 96 pages, 12 € Edition: La Contre Allée

 

Certains médias aiment à parler de violence et de misère sociale, mais pas trop tout de même. Des politiques aiment aussi à exploiter ce filon sociétal pour racler quelques voix à peu de frais. Pas sûr que les uns et les autres sachent de quoi ils parlent. Pas sûr. Et même, il ne paraît pas idiot de penser qu’ils n’en ont au fond pas grand-chose à faire. Que « ces gens-là » restent où ils sont. Tout sera bien. On sait bien ce que c’est. Pas besoin d’y aller voir de plus près.

Tout le monde ne se contente pas d’images toutes faites. Heureusement. La poétesse Sophie G. Lucas, elle, est allée y voir de plus près. Non pas dans une immersion pseudo-ethnographique, ou carrément journalistique, mais en un lieu où se disent leurs histoires et où peuvent aussi se décider ce que la société fera d’elles et eux, ce que « nous » leur permettrons de faire de leur vie. Des semaines à suivre les audiences d’un tribunal de la misère ordinaire. Un de ces lieux où l’on enchaîne des histoires, les « cas » de petites délinquances, souvent récidivées.