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Sindbad, Actes Sud

A Pierre Bernard et aux éditions Sindbad, qu’il a fondées en 1972, revient d’abord le grand mérite d’avoir lancé en France le mouvement de traduction de la littérature arabe contemporaine et d’avoir offert au grand public quelques chefs-d’oeuvre représentatifs de l’immense patrimoine arabe, mais également persan. Car il fallait, déjà, combattre les idées reçues sur l’islam en montrant, textes à l’appui, la grandeur et l’extrême diversité de la civilisation qu’il a engendrée.

Depuis 1995, les éditions Actes Sud se sont employées à prolonger le travail de Pierre Bernard, non seulement en enrichissant les collections qu’il avait lui-même conçues et développées, mais aussi en en créant de nouvelles qui couvrent d’autres aires culturelles de l’islam, s’intéressent à des domaines encore peu fréquentés ou abordent les mêmes questions fondamentales sous un angle original.

Un détail mineur, Adania Shibli (par Marie du Crest)

Ecrit par Marie du Crest , le Vendredi, 15 Janvier 2021. , dans Sindbad, Actes Sud, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Bassin méditerranéen, Roman

Un détail mineur, Adania Shibli, novembre 2020, trad. arabe, Stéphanie Dujols, Khaled Osman,128 pages, 16 € Edition: Sindbad, Actes Sud


Les filles que l’on abat


En 2020, paraissent, selon le hasard éditorial, le grand livre de l’irlandais Colum McCann, Apeirogon (cf. article Cause Littéraire), écrit en anglais aux allures de somme, et le court roman, Un détail mineur, de la palestinienne Adania Shibli. La première œuvre, à travers les figures centrales de deux pères en deuil de leur fille à dix ans d’intervalle, met en lumière la même douleur de l’inacceptable mort d’une adolescente israélienne de 14 ans, tuée lors d’un attentat-suicide à Jérusalem-Ouest et d’une fillette palestinienne de 10 ans, victime d’un tir de soldat israélien, à Anata, en Cisjordanie. La seconde raconte le destin tragique d’une jeune fille bédouine dans le Néguev : capturée, séquestrée, violée et abattue par un escadron de soldats israéliens, en août 1949.

Un oiseau bleu et rare vole avec moi, Youssef Fadel

Ecrit par Patryck Froissart , le Mercredi, 23 Août 2017. , dans Sindbad, Actes Sud, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Bassin méditerranéen, Roman, Maghreb

Un oiseau bleu et rare vole avec moi, mars 2017, trad. arabe marocain Philippe Vigreux, 394 pages, 23,80 € . Ecrivain(s): Youssef Fadel Edition: Sindbad, Actes Sud

 

Bouleversant !

La lecture de ce roman hors du commun est une plongée en enfer.

Aziz, issu d’un milieu rural pauvre où il a vécu une enfance difficile, violente, douloureuse avant d’être recueilli par une communauté religieuse qui lui permet de faire des études, devient aviateur.

Zina, qui a eu elle aussi un parcours d’enfance et d’adolescence ponctué de violence paternelle, est prise en charge et protégée par sa sœur aînée Khatima, que le dénuement contraint, après qu’elle et Zina ont fui nuitamment les violences de leur père, et après maintes vicissitudes, à la prostitution à Azrou sous le joug brutal du proxénète Jojo.

Rien de très original, si on s’en tient à ce résumé de la première partie du récit.

Mais l’histoire a pour contexte très particulier le Maroc des années de plomb…

Trois poèmes préislamiques Le Cédrat, La Jument et La Goule

Ecrit par Didier Ayres , le Vendredi, 03 Février 2017. , dans Sindbad, Actes Sud, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie, Pays arabes

Trois poèmes préislamiques Le Cédrat, La Jument et La Goule, présentés et traduits de l’arabe par Pierre Larcher, octobre 2016, 16 € Edition: Sindbad, Actes Sud

 

Mystère des temps

Ces trois poèmes préislamiques que présente ici Pierre Larcher, constituent une petite partie de ce livre que publient les éditions Sindbad Actes sud, sachant que l’ouvrage est doté d’un important appareil critique, très développé et savant. Au reste, on peut s’autoriser plusieurs lectures : celle de l’ensemble, texte et apparat critique, ou celle d’un mélange des deux lectures, la savante et la sienne propre, ou encore ne lire que les poèmes – ce qui n’est pas tout à fait impossible. Car il est net que quelle que soit la lecture choisie, nous sommes devant une poésie mystérieuse et profonde. Car comment aborder ce continent enfoui sous les siècles de l’Islam, créé avant l’Hégire, sinon comme une sorte d’objet archéologique, à l’instar des Hymnes Védiques ou des énigmes de la Kabbale ? Il faut surtout abandonner la raison raisonnante et se fier aux « couleurs » du texte, à ce rythme, comme le considère Nietzsche dans le Gai savoir, où le philosophe explique la naissance de la poésie par le rythme qui suivrait l’évolution de la civilisation, et qui en serait le témoin.

Du souvenir, du mensonge et de l’oubli : Chroniques palestiniennes d’Ilan Halevi

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Jeudi, 26 Janvier 2017. , dans Sindbad, Actes Sud, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres

Du souvenir, du mensonge et de l’oubli : Chroniques palestiniennes, novembre 2016, 23 € . Ecrivain(s): Ilan Halevi Edition: Sindbad, Actes Sud

 

« La vie est sage de nous tromper, car si elle disait dès le début ce qu’elle nous réserve, nous refuserions de naître »

Naguib Mahfouz, Impasse des Deux Palais

 

Bouleversements d’un territoire

Le livre, Chroniques palestiniennes, d’Ilan Halevi (1943/2013), ancien vice-ministre palestinien des affaires étrangères, est composé d’articles très renseignés sur le monde israélo-palestinien, tant du point de vue historique que politique. En effet, l’auteur interroge le principe de « démocratie », à travers l’appareil politico-idéologique sioniste, puis plus largement, à travers le règne de l’hégémonie brutale des élites « démocratiques » sur les masses. Ilan Halevi, au style clair, établit des comparaisons entre l’impérialisme et le racisme. A cette lecture, je ne peux m’empêcher de faire le lien avec Penser d’Althusser, quand le philosophe écrit que

Pas de couteaux dans les cuisines de cette ville, Khaled Khalifa

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Mardi, 04 Octobre 2016. , dans Sindbad, Actes Sud, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Pays arabes, La rentrée littéraire

Pas de couteaux dans les cuisines de cette ville (Lâ sakâkîna fi matâbikhi hâdhihi-l-madîna), septembre 2016, trad. arabe Rania Samara, 256 pages, 21,80 € Edition: Sindbad, Actes Sud

 

 

Je suis la péniche, parce que je suis le câble et le flotteur et que si je relâchais mon attention un seul instant, elle coulerait et serait entraînée par le courant…

Naguib Mahfouz, Dérives sur le Nil (1966/1989)

 

Les corniches avaient été neuves autrefois ; elles avaient brillé d’un éclat aussi vif que la honte qui les faisait bouder maintenant, ternies et méprisées de tous. Les fenêtres n’avaient pas toujours été aveuglées, les portes n’avaient pas toujours rappelé la méfiance et le silence d’une cité longtemps assiégée. (…) Autrefois, on y avait résidé, tandis que maintenant, on y était en prison.

James Baldwin, Un autre pays (1960/62)