Identification

Fabriquer une œuvre littéraire (par Galien Sarde)

Ecrit par Galien Sarde , le Mardi, 12 Mars 2024. , dans P.O.L, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman

Fabriquer une femme, Marie Darrieussecq Edition: P.O.L

 

Fabriquer une œuvre littéraire

Publié en janvier 2024 chez P.O.L., le dernier roman de Marie Darrieussecq, Fabriquer une femme, relate avec humour et horreur l’adolescence puis la jeunesse de ses deux héroïnes : Rose et Solange, déjà vues dans des livres antérieurs. À Clèves, un village fictionnel situé au Pays basque, ces deux amies s’éloignent l’une de l’autre quand Solange devient mère accidentellement, engendrant une série de turbulences plus ou moins graves, plus ou moins tragiques.

 

Un roman-chronique

Relatant globalement dans l’ordre les faits qui fondent l’histoire, Fabriquer une femme prend la forme d’un roman-chronique.

Par instants, la vie n’est pas sûre, Robert Bober (par Pierrette Epsztein)

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Jeudi, 27 Mai 2021. , dans P.O.L, Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Par instants, la vie n’est pas sûre, Robert Bober, P.O.L, octobre 2020, 352 pages, 21,90 €

« J’ai décidé d’être vieux. Continue sans moi », lui avait dit son complice Pierre Dumayet, disparu en 2011. Dans son nouveau livre, paru chez P.O.L en 2020, Par instants, la vie n’est pas sûre, Robert Bober va offrir un cadeau à son proche compagnon de longue date avec qui il a entamé un merveilleux chemin. À titre posthume, il va écrire une longue lettre imaginaire à cet homme qu’il admire et de qui il a tant appris et qui l’a comblé de ses bienfaits. Né en 1923, durant sa longue carrière, Pierre Dumayet n’a cessé d’innover et de transmettre la culture au plus grand nombre grâce à la télévision, en noir et blanc à l’époque. Dès 1950, il a ouvert les yeux sur le monde à de tant de gens à travers la « petite lucarne » qui balbutiait et se cherchait un nouveau langage. C’était un luxe à l’époque et on allait souvent la regarder chez des voisins plus fortunés et plus chanceux ou dans les vitrines des magasins d’électroménager aussi où des regards étonnés s’agglutinaient devant cette petite merveille de la technologie. Avec Claude Barma, il écrit les dialogues des dix épisodes du tout premier feuilleton pour la télévision française qui sera diffusé en 1950. De 1958 à 1963, il collabore avec Pierre Desgraupes pendant quinze ans à la réalisation et à la présentation de Lectures pour tous, introduisant la littérature à la télévision. Cet homme est donc scénariste et coproducteur de multiples émissions dont Cinq colonnes à la une de 1955 à 1968.

La Robe blanche, Nathalie Léger (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 12 Février 2021. , dans P.O.L, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

La Robe blanche, Nathalie Léger, 144 pages, 16 € Edition: P.O.L

 

Quatrième livre de la romancière française, La Robe blanche déroule plusieurs facettes d’une fiction, qui joue entre chronique familiale, accompagnement délirant d’une aventure aussi délirante, et enfin domaine d’écriture rendue nécessaire, impérieuse.

En 2008, une artiste de Milan, Pippa Bacca, décide d’entamer un voyage, vêtue d’une seule robe blanche, pour réparer des injustices, et ce, par un long périple qui la mène à traverser toute l’Europe. L’épilogue est tragique. On retrouvera dans un fossé la belle robe assassinée.

Ecrire sur cette histoire à la fois dramatique, surréaliste et volontaire, c’est le projet de la narratrice, qui se livre à sa mère, lui explique les tenants et aboutissants de cette intrigue à laquelle la mère ne croit guère.

En contrepoint de ce projet d’écriture et du récit étonnant de l’artiste italienne au destin brisé, il y a la propre tragédie de la mère, et la volonté chez la fille d’en rendre compte, comme si elle aussi devait réparer quoi que ce soit.

Le Chant du poulet sous vide, Lucie Rico (par Jean-Paul Gavard-Perret)

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Lundi, 04 Mai 2020. , dans P.O.L, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Contes

Le Chant du poulet sous vide, Lucie Rico, mars 2020, 252 pages, 18,90 € Edition: P.O.L

 

Des poulets et des hommes : Lucie Rico

Dans la fable écologique de Lucie Rico, la révolte sourde gronde. Sous les cerisiers parés de blanc, le rouge est mis, comme si le temps de leurs fruits ils allaient se gonfler de sang. Si bien que l’histoire tourne au conte fantastique et horrifique. Il n’est pas sans rappeler le Truismes de Marie Darrieussecq, paru naguère chez le même éditeur.

Au cochon, fait place la poulette. Paule a pour mission de les élever pour les tuer au moment où l’héroïne doit reprendre l’élevage maternel. Tentant de sauver ce qui peut l’être, elle est embrigadée en une aventure que l’auteure construit (dit-elle) « de la même manière que le marketing fabrique des contes, jusqu’à nous faire croire que les animaux que nous mangeons sont d’adorables bêtes, saines et dévouées, avec lesquelles nous avons une relation ».

L’Exposition, Nathalie Léger (par Jean-Paul Gavard-Perret)

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Lundi, 06 Janvier 2020. , dans P.O.L, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

L’Exposition, Nathalie Léger, janvier 2020, format Poche, 160 pages, 9 € Edition: P.O.L

 

L’enfance de l’art

Ressort en format Poche le premier livre de Nathalie Léger paru aux éditions P.O.L en 2008. L’auteure fait preuve déjà de son goût et de son intérêt pour les « images » oubliées comme elle le réalisa aussi dans Supplément à la vie de Barbara Loden.

À l’occasion d’un projet d’exposition sur La Ruine, la narratrice relate sa rencontre inopinée avec une héroïne oubliée du second Empire : la comtesse de Castiglione. Elle en remonte l’histoire à partir d’un recueil de photographies retrouvées dans sa bibliothèque. Adulée pour sa grande beauté mais aussi pour sa prétention et sa triste fin, cette femme a entretenu un rapport étrange avec sa propre image. Elle avait dérisoirement confié le sens de sa vie à la photographie. Adepte narcissique de son reflet, elle n’a cessé de se faire capter par l’appareil photographique. Celui-ci au fil du temps renvoie moins la beauté qu’une solitude. Elle transparaît dans une suite de portraits qui rendent compte des émerveillements comme des échecs d’une existence.