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La Brune (Le Rouergue)

Editions rattachées aux éditions Le Rouergue

Les routes, Damien Ribeiro (par Martine L. Petauton)

Ecrit par Martine L. Petauton , le Jeudi, 13 Juillet 2023. , dans La Brune (Le Rouergue), Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Les routes, Damien Ribeiro, Le Rouergue, La Brune, mai 2023, 237 pages, 21,50 € Edition: La Brune (Le Rouergue)


Routes, certes, mais jamais droites. Qu’on ne s’attende pas à du géométrique quand on parle Portugal, le pays de l’art Manuélin qui ne connaît que les courbes mystérieuses, la langue qui s’honore de l’origine du mot baroque, « barroco-la perle imparfaite ». Aussi la construction du livre est-elle surprenante comme la perle baroque – rien de chronologique – mélangeant en tracés sinueux, avec force allers-retours, les routes, synonymes, au pays des Découvertes, de destins, peut-être, à tout le moins de lignes de vie. Mais, cependant, comme dans les sculptures de la fenêtre de Tomar, en regardant attentivement, il y a une ligne directrice ; le ciment et sa poussière, la maçonnerie, la fierté de la belle ouvrage, les mains abîmées par le travail manuel ; et bien sûr les chemins de l’émigré.

Les événements, suite, Isabel Ascencio (par Martine L. Petauton)

Ecrit par Martine L. Petauton , le Mercredi, 22 Juin 2022. , dans La Brune (Le Rouergue), Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Les événements, suite, Isabel Ascencio, Le Rouergue, La Brune, mars 2022, 245 pages, 20 €


Il y a dans ce livre tout ce qu’on recherche dans un roman ; une histoire, croisée avec l’Histoire, des personnages forts et attachants, du mystère, une enquête, tout ça posé dans le décor, un personnage en soi, du Var, de la Corse et de l’Algérie. Alors, qu’on puisse hésiter en avançant, sur le mot roman – et si c’était le récit et des tranches de vie de l’auteure ? n’enlève rien au plaisir qu’on prend à ce livre-roman-récit, captivant d’un bout à l’autre. Ajoutons, le tout servi par une magnifique écriture, ce qui en fait un produit littéraire parfaitement réussi.

Le titre, à la fois ouvert et fermé, « les événements, suite », couvre l’histoire, tissée – trame, chaîne – et agencée telles de multiples poupées gigognes qui n’en finissent pas de nous tromper quant à leurs tailles et de chatoyer à ces soleils du sud – encore un personnage.

Les enfants martyrs de Riaumont, Ixchel Delaporte (par Martine L. Petauton)

Ecrit par Martine L. Petauton , le Mardi, 31 Mai 2022. , dans La Brune (Le Rouergue), Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Histoire

Les enfants martyrs de Riaumont, Ixchel Delaporte, Le Rouergue, La Brune, mars 2022, 373 pages, 22 €


De temps à autre, les colonnes des magazines, ou les sujets d’actu télévisuels éclairent ce qu’on nomme presque pudiquement « un scandale d’enfants abusés » dans le sport, l’enseignement, l’enfer du privé des familles d’accueil, les colonies de vacances… Le mot enfant qu’on voudrait tant associer au bonheur et à la sécurité, semblant aller aussi, depuis le fond des temps, de pair avec l’abus et le malheur. Presque aussi répugnants que les faits eux-mêmes, le déni, le refus d’assumer des agresseurs, et, non moins terribles, les diverses façons des institutions de « couvrir » les accusés ou de passer le tout à l’éteignoir… Qui d’entre nous n’a encore en fraîche mémoire – faits tonitruants toujours en cours judiciaire – les si nombreux enfants abusés par des prêtres catholiques et la difficile acceptation des crimes par la hiérarchie d’une Église aux abois.

Rien à voir avec l’amour, Claire Gallen

Ecrit par Martine L. Petauton , le Lundi, 29 Janvier 2018. , dans La Brune (Le Rouergue), Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Rien à voir avec l’amour, janvier 2018, 297 pages, 21 € . Ecrivain(s): Claire Gallen Edition: La Brune (Le Rouergue)

 

Qui autour de nous n’a pas dit un jour en fronçant le nez – bof, c’est un film français… qui. Les mêmes, sans doute, de détourner les yeux des « romans français », parce que voyez-vous, l’Amérique ! sa littérature et ses films, c’est quand même autre chose…

Alors qu’ils viennent ces gens, devant ce Rien à voir avec l’amour – le roman aujourd’hui, n’en doutons pas, le film demain.

Le titre pourrait nous perdre un peu, convenons-en, qu’on ne s’y fie pas trop. Second roman d’une auteure qui semble écrire-Amérique, regarder-Amérique, penser peut-être Amérique, et signe ici un « roman américain », magnifiquement français et plus que prometteur. Sa formation journalistique, du reste, et notamment AFP, est probablement à la racine de cet effet gros paquets de mer sans essuie-glaces, quotidienneté volontairement non littéraire ; le dru, le précis et le rapide, le cœur de cible étant ici un langage sinon une atmosphère. Récit fort comme d’autres écritures d’outre Atlantique – chacun fera le rapprochement qu’il choisira – situées dans les banlieues de L.A., noires à force d’être éclaboussées de tous les néons des turn pike. Récit mi-ombres, mi-flash aveuglant, cogneur, inquiétant, aux personnages de roman noir absolu, policier ou thriller psychologique.

Une mer d’huile, Pascal Morin

Ecrit par Martine L. Petauton , le Lundi, 04 Septembre 2017. , dans La Brune (Le Rouergue), Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, La rentrée littéraire

Une mer d’huile, août 2017, 127 pages, 13,80 € . Ecrivain(s): Pascal Morin Edition: La Brune (Le Rouergue)

 

On hésite : « Décaméron » façon Pasolini (1971) posé un été de littérature ? Renaissance des sons si particuliers à la grande Sagan sur les routes sinueuses suspendues au-dessus de la Méditerranée ? Un peu de tout ça ou autre chose ? Assurément, on va dire les deux, et c’est là que réside le climat – tous sens du mot – le rythme et l’étrange et prenant charme de ce livre.

Les images du Décaméron de Pasolini, irriguant de sa lumière trouble et dérangeante l’Italie desséchée, nous accompagnent de bout en bout et Pascal Morin le sait, l’utilise habilement, comme en montré-caché. Mais c’est en moins vénéneux, presque en miroir adouci, en moins violemment solaire. Il y a de ça, en autre chose. Mantra du regard du lecteur sur le livre. Et ce mezzo voce, tant dans les personnages que dans les situations, est sans doute plus efficace, plus terrible aussi, car il entre en chacun de nous, en nos itinéraires, nos souvenirs, nos rêves, de façon plus profonde que par le fracas de Pasolini.