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Autrement

 

 

Autrement – 33 ans, l’âge de la maturité 

40 collections créées depuis 1975 (dont 20 actives aujourd’hui) mêlant, en forte convergence, sciences humaines, littérature et ouvrages pour enfants : ce qui nous mobilise depuis l’origine, c’est essayer de comprendre la société dans laquelle nous vivons, de la décrypter, et parfois même de la transformer.

 

Grand Canyon, Vita Sackville-West (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Mercredi, 08 Juin 2022. , dans Autrement, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Roman

Grand Canyon, Vita Sackville-West, mai 2022, trad. anglais (Royaume-Uni) Mathilde Helleu, 296 pages, 21,90 € Edition: Autrement

 

« Tiens, voici un beau roman vibratoire, lis-le, n’en parlons pas, je saurai à ton regard quand tu l’auras lu ». Voilà ce qu’on voudrait dire à une personne aimée en déposant sur une table chez elle l’exemplaire de Grand Canyon dont on vient de tourner la dernière page, ému, touché en un noyau stable au fond de soi, comme à chaque fois qu’on lit un roman de Vita Sackville-West. Mais ce serait un peu court, comme critique – alors qu’au fond elle dirait l’essentiel.

Tâchons donc de nous plier à l’exercice, pour partager Grand Canyon avec tout le monde. La vie de Vita Sackville-West est bien documentée, la vie celle qui inspira Orlando à Virginia Woolf, et fut son Orlanda, que ce soit par ses propres écrits autobiographiques (dont un remarquable et apaisant Journal de mon jardin) ou par sa correspondance, et nul doute qu’on pourrait y trouver la raison de ces romans et nouvelles quasi tous traduits en français, au contraire de sa poésie.

Jours d’orage, Kressmann Taylor (par Stéphane Bret)

Ecrit par Stéphane Bret , le Vendredi, 01 Avril 2022. , dans Autrement, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman

Jours d’orage, mars 2022, 284 pages, 10 € . Ecrivain(s): Kathrine Kressmann Taylor Edition: Autrement

 

Est-il possible de surmonter le désir de vengeance, la volonté d’exercer des représailles jugées légitimes, surtout lorsqu’il s’agit de crimes de guerre ? Kressmann Taylor, dans le roman Jours d’orage tente d’apporter une réponse à cette question qui a occupé très longuement les débats politiques et historiques de l’après-guerre et dont l’ombre plane encore de nos jours dans nos controverses nationales.

Kressmann Taylor, on s’en souvient, avait admirablement illustré les changements de perception de deux interlocuteurs, l’un résidant dans l’Allemagne nazie, l’autre à l’étranger, dans la restitution de leurs correspondances épistolaires. Ces dernières illustraient la progression de la dictature nazie, son imprégnation dans l’opinion publique allemande, tel un cancer qui gagne un organisme en répandant ses métastases. Dans ce roman c’est le portrait d’un homme d’extraction noble, Eduardo Carleone, qui vit en Toscane au cœur d’un village isolé.

Le grand combat, Ta-Nehisi Coates (par Jeanne Ferron-Veillard)

Ecrit par Jeanne Ferron-Veillard , le Vendredi, 25 Mars 2022. , dans Autrement, Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Le grand combat (The Beautiful Struggle), Ta-Nehisi Coates, Les éditions Autrement, 2017, trad. anglais, Karine Lalechère, 272 pages, 19 €

 

La romancière Toni Morrison avait écrit Dans l’origine des autres, paru en France en 2018 aux éditions Bourgeois : « Il n’y a pas d’étranger, il n’y a que des choses étrangères à soi ». Ta-Nehisi Coates avait rédigé alors la préface. Auteur et journaliste, Ta-Nehisi travaille ses textes comme ses articles et réciproquement. La rigueur, la distance, le détail et la source vérifiée, ici, la source c’est lui. Rigueur, distance, détail. Sa famille. Sa mère. Son père. Ses frères et sœurs. Description crue de la réalité, voire fantomatique, une exploration physique et mentale dans l’hyper réalisme ou une fiction augmentée dans laquelle l’entrée est celle de l’adolescence. Les identités éclatées, les plaies des adultes comme autant d’alvéoles dans la peau des plus jeunes, les hormones qui la soulèvent et cette peau qui, pour survivre, doit se tendre jusqu’à la rupture. Les percussions des djembés comme bande-son du livre. Entre autres.

Je jouais devant chez lui avec ses G.I. Joe.

La Folie Almayer, Joseph Conrad, Éditions Autrement (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Mardi, 30 Novembre 2021. , dans Autrement, Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Iles britanniques

La Folie Almayer, Joseph Conrad, Éditions Autrement, septembre 2021, trad. anglais, Odette Lamolle, préface Olivier Rolin, 352 pages, 12 €

 

Toutes les biographies l’indiquent : Joseph Conrad est un écrivain qui a choisi un jour d’écrire en anglais, lui, le Polonais, lui, le mousse parti de Marseille pour finir capitaine de la marine marchande britannique, lui, le voyageur d’une Asie aux langues multiples. Il écrit en anglais comme peu, il crée une langue d’une pureté rare, et celle-ci est à rendre en français vaille que vaille, avec plus ou moins de talent, avec plus ou moins de compréhension de cette langue à la fois souple et précieuse, et parfois aussi imaginative qu’imagée.

Partant, les traductions de son œuvre sont multiples, et l’on ne peut toutes les comparer ; on peut du moins en apprécier une par une simple comparaison entre la version originale et la version traduite d’un même paragraphe ; ici, ce sera le dernier du roman, en toute subjectivité :

« And as they passed through the crowd that fell back before them, the beads in Abdulla’s hand clicked, while in a solemn whisper he breathed out piously the name of Allah ! The Merciful ! The Compassionate ! ».

Black Sunday, Tola Rotimi Abraham (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Vendredi, 08 Octobre 2021. , dans Autrement, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Afrique, Roman

Black Sunday, Tola Rotimi Abraham, août 2021, trad. anglais (nigérian) Karine Lalechère 330 pages, 21,90 € Edition: Autrement

 

La situation initiale : une famille bourgeoise, financièrement aisée, à Lagos, avec un mode de vie à l’occidentale. La mère est l’une des trois assistantes personnelles du Ministre du Pétrole. Le père, plus ou moins imprimeur, profite de la position officielle de son épouse pour décrocher à gauche et à droite des contrats d’imprimerie. Quatre enfants : les jumelles Bibike et Ariyike, âgées de dix ans au début du roman, et leurs petits frères Peter et Andrew. Un personnage tutélaire et totémique : la grand-mère paternelle, de condition fort modeste, attachée aux traditions de son ethnie d’origine, celle des Yorubas.

L’événement perturbateur : le Ministre du Pétrole est limogé du jour au lendemain pour avoir accordé une concession d’exploitation pétrolière à une compagnie israélienne. Il entraîne dans sa disgrâce tous ses collaborateurs. La mère, entraînée dans la charrette, en est réduite à donner des cours de dactylo et le père n’a plus aucun contrat.