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Autrement

 

 

Autrement – 33 ans, l’âge de la maturité 

40 collections créées depuis 1975 (dont 20 actives aujourd’hui) mêlant, en forte convergence, sciences humaines, littérature et ouvrages pour enfants : ce qui nous mobilise depuis l’origine, c’est essayer de comprendre la société dans laquelle nous vivons, de la décrypter, et parfois même de la transformer.

 

La vie prodigieuse de Garnet Ferrari, Marie Manilla

Ecrit par Marjorie Rafécas-Poeydomenge , le Jeudi, 05 Novembre 2015. , dans Autrement, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman

La vie prodigieuse de Garnet Ferrari, Traduit de l’américain par Sabine Porte mars 2015, 585 pages, 24 € . Ecrivain(s): Marie Manilla Edition: Autrement

 

Ce premier roman traduit en français de Marie Manilla est une histoire enchanteresse et pleine de poésie qui sublime la différence. Garnet Ferrari, dotée d’une chevelure rousse peu commune et de taches de vin qui recouvrent tout son corps façon mappemonde, n’est pas du tout le joli bébé joufflu tant attendu. Alors que ses parents s’astreignent à faire le deuil de leur fille idéalisée, sa grand mère Nonna y décide d’y voir la réincarnation de Sainte Garnet, une guérisseuse légendaire sicilienne. Ces taches de vin ne peuvent pas être le fruit du hasard. Nonna est terriblement superstitieuse : le moindre grain de sable et elle y voit le signe d’un mauvais sort. Elle ne peut imaginer la vie sans amulettes. Sa petite-fille a le pouvoir d’accomplir des miracles, notamment soigner toutes les maladies de peau (eczéma, poireaux, verrues, rien ne lui résiste…) et elle le fait savoir. Son vilain petit canard a le pouvoir de réenchanter le monde ! Entre les superstitions siciliennes à l’accent chantant, l’envie de sauver les apparences à l’américaine et l’humour « volcanocynique », ce livre nous amuse.

Inconnu à cette adresse, Kressmann Taylor

Ecrit par Didier Smal , le Lundi, 17 Août 2015. , dans Autrement, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman

Inconnu à cette adresse, juin 2015, trad. de l’anglais (E.-U.) par Michèle Lévy-Bram, 175 p. 8,50 € . Ecrivain(s): Kathrine Kressmann Taylor Edition: Autrement

 

En septembre 1938, le bimestriel américain Story Magazine publie une longue nouvelle intitulée Inconnu à cette Adresse, par un certain Kressmann Taylor ; ce sera un succès, critique et public, immédiat, et un véritable choc pour tous ses lecteurs de l’époque. Il ne faudra pas longtemps pour que le pseudonyme dévoile son secret : l’auteur est une femme, Kathrine Kressmann Taylor (1903-1996), et il s’agit d’une femme d’exception, puisqu’elle fut des rares à pointer la menace nazie dans un pays isolationniste où la German-American Bund pouvait revendiquer cent à deux cent mille membres. Car c’est de ça que parle Inconnu à cette Adresse : de la menace nazie, celle qu’elle fait peser sur les esprits, celle qui va mener à l’extermination massive des Juifs entre autres.

Cette nouvelle se présente sous la forme de dix-huit lettres, dont un « câblogramme », qui forment la correspondance échangée, de novembre 1932 à mars 1934, entre un Juif américain qui a séjourné en Allemagne, Max Eisenstein, et un Allemand parti de Californie pour habiter Munich avec sa famille, Martin Schulse. Ces deux amis tenaient une galerie d’art à San Francisco et le premier envoie des comptes au second, tandis que le second, dans un premier temps, le fournit en œuvres européennes.

Aucun homme ni dieu, William Giraldi

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 23 Avril 2015. , dans Autrement, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman

Aucun homme ni dieu (Hold the dark). Traduit de l’américain par Mathilde Bach. Mars 2015. 310 p. 19 € . Ecrivain(s): William Giraldi Edition: Autrement

 

« Notre vie est un voyage

dans l’hiver et dans la nuit

nous cherchons notre passage

dans ce ciel où rien ne luit »

 

C’est à un voyage glacial et sombre que William Giraldi nous convie. L’espace – aux confins de l’Alaska – le cœur de ses étranges habitants, les affreux événements, le poil des loups, tout est noir comme la nuit la plus profonde. Pas une lueur. On pense souvent à ces paroles d’une chanson des grognards de Napoléon qui ouvrent le « Voyage au bout de la nuit » de Céline, cités ici en épigraphe.

La joie d’amour, pour une érotique du bonheur, Robert Misrahi

Ecrit par Marie-Pierre Fiorentino , le Jeudi, 18 Septembre 2014. , dans Autrement, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres

La joie d’amour, pour une érotique du bonheur, janvier 2014, 251 p. 15 € . Ecrivain(s): Robert Misrahi Edition: Autrement

 

La joie d’amour. Pour une érotique du bonheur aurait pu aussi s’intituler « L’anti métaphysique de l’amour » car à l’encontre de Schopenhauer qui assimilait l’amour à l’instinct sexuel afin de confirmer son pessimisme, influençant ainsi la littérature réaliste du XIX° siècle et suggérant à Freud la théorie de l’inconscient pour comprendre les névroses, Robert Misrahi veut montrer qu’il y a « un lien intrinsèque entre (sa) conception du bonheur et (sa) conception de l’amour ».

Après une introduction et un premier chapitre susceptibles de dérouter le lecteur peu familier du genre (définition des termes, problématisation, détour par l’analyse du devoir moral), la patience est récompensée par des pages de plus en plus captivantes au fur et à mesure que sont déroulés les fils de l’amour réel dans la vie quotidienne, puis dans la littérature et enfin dans la vie de ceux qui en font le sens de toute leur existence. Passée la deuxième moitié, le lecteur devient très curieux de connaître la solution que le philosophe va proposer à la question initiale : vivre durablement un amour heureux est-il possible ? Les références littéraires détaillées, la mise en scène des exemples à travers des personnages, l’appel à des termes du quotidien pour synonymes de termes spécifiques, concilient rigueur philosophique et souci d’être compris des non-spécialistes.