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Libretto

 

Fondée en 1998, Libretto marie le voyage et l’épique, l’intime et l’ailleurs.


Libretto, c’est la liberté avant tout. Les déserts de sable et de glaces. Le fracas des armes sous les remparts d’Ostende, les rires des flibustiers et le courage du capitaine Bolitho. Ce sont les bagnes flottants le long de la Tamise décrits par Louis Garneray et les voyages au Chili de Francisco Coloane. C’est l’exil de Klaus Mann, la remontée du Nil par Sir Richard Burton, l’immersion de Jack London dans les bas-fonds de Londres, la longue marche de Bernard Ollivier sur la route de la Soie, l’Afrique merveilleuse de Christian Dedet et l’immensité soviétique vue par Ossendowski.

C’est le temps et l’espace, la chaleur de l’intime et le feu de l’ailleurs. C’est hier et demain, des femmes et des hommes hors du commun, et l’aventure, toujours humaine.

De la Mitteleuropa de la Belle Époque du Hongrois Miklós Bánffy, à l’Angleterre victorienne de Wilkie Collins en passant par le Bagdad charnel et spirituel des Mille et Une Nuits intégralement retraduites, la collection propose le tour des siècles et du monde. AlamutMoby DickLaissez-moiLe Conte des Contes… Entre classiques éternels et mises en avant d’auteurs en devenir, Libretto refuse le fatalisme et l’immobilisme des corps comme de la pensée.

C’est fort de cette énergie et servi par l’écriture des plus grands romanciers et voyageurs d’hier et d’aujourd’hui que ce fonds prestigieux invite à l’évasion, aux rencontres et affirme une subjectivité, sans élitisme, porteuse d’histoires et d’émotions.

 

Construire un feu (To Build a Fire, 1902), Jack London (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 17 Octobre 2023. , dans Libretto, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman, En Vitrine, Cette semaine

Construire un feu (To Build a Fire, 1902), Jack London, éditions Libretto, trad. américain, Paul Gruyer, 176 pages . Ecrivain(s): Jack London Edition: Libretto

 

Le cadre de l’histoire, dans le froid extrême d’un Yukon en grande partie inhabité, établit d’entrée le rôle principal de la nouvelle : la Nature. On est loin de celle des romantiques qui communique avec l’âme des hommes. La Nature de ce récit est impassible, d’une cruauté tranquille dans son indifférence. A sa manière, Jack London rejoint dans ce texte sublime, le chant des grands panthéistes que furent avant lui Spinoza et Thoreau. Mais en déifiant le monde naturel, London en fait un Dieu terrible, dénué de tout affect, de toute attention, à mille lieues du Dieu bienveillant des Chrétiens. Le Dieu de Spinoza est plus proche, il est la Nature et ne connaît donc ni compassion, ni amour, ni cruauté, il est, simplement, englobant le Grand Tout.

Le ciel est vide, blanc comme un linceul, immense comme l’éternité. La terre est à l’unisson, infinie, immaculée, déserte. L’homme de cette nouvelle est seul au monde et n’a d’autre compagnon que son chien dans ce paysage spectral.

L’esclave libre, Robert Penn Warren (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 24 Mai 2022. , dans Libretto, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman

L’esclave libre (Band of Angels, 1955), trad. américain, Jean-Gérard Chauffeteau, G. Vivier . Ecrivain(s): Robert Penn Warren Edition: Libretto

A mille lieues des grands flots romantiques de Autant en emporte le vent, L’esclave libre en est néanmoins le pendant, l’autre versant. Une jeune femme en est la narratrice et le roman traverse l’immense bouleversement qui marqua l’histoire américaine, de la fin des années 1850 à la fin des années 1860, la guerre de Sécession. On a souvent comparé ces deux ouvrages, on a même dit que le roman de Margaret Mitchell a « fait de l’ombre » à celui de Penn Warren. Et pourtant – hors la période historique – rien ou presque ne les rapproche. Et à y regarder de près, même la période historique diffère. L’esclave libre se passe essentiellement dans l’immédiat après-guerre, surtout de 1866 à 1870, et ce focus légèrement décalé change tout. Nous ne sommes plus dans une Amérique ravagée par une guerre fratricide mais dans un pays qui – en plein traumatisme – ne parvient pas à se remettre debout, laminé par la haine, la rancœur, les nouvelles ambitions de politiciens douteux plus préoccupés de carrière et de profit personnel que de bien commun. Une Amérique en quête d’une identité perdue, d’une unité qui semble compromise à jamais. Pour le Sud et ses Blancs, c’est le début d’une méfiance structurelle à l’égard des Yankees, image pour eux du pouvoir honni, de l’affairisme et de la corruption. Il est étonnant et pourtant constant de constater que ceux qui, pendant des siècles, ont tenu en esclavage des millions d’hommes occupent une position morale dans leur critique de leurs pendants nordistes.

Dans les ruines, Les massacres d’Adana, avril 1909, Zabel Essayan

Ecrit par Guy Donikian , le Vendredi, 25 Mars 2016. , dans Libretto, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Histoire

Dans les ruines, Les massacres d’Adana, avril 1909, trad. arménien Léon Ketcheyan, postface Gérard Chaliand, 324 pages, 10 € . Ecrivain(s): Zabel Essayan Edition: Libretto

 

Cilicie, avril 1909. Les massacres qui surviennent dans cette province de l’empire ottoman, vont faire une trentaine de milliers de morts en quelques semaines, dans la population arménienne.

La Cilicie fut aux 12ème et 13ème siècles un royaume arménien où les croisés, en route pour Jérusalem, furent accueillis. Cette province était donc à majorité arménienne depuis l’établissement de ce royaume, nommé aussi royaume de la Petite Arménie.

Les Arméniens de l’empire ottoman ont subi, à différents moments de l’histoire, des périodes de massacres qui alternaient avec des périodes de « calme » relatif. En 1895, les massacres perpétrés sur les Arméniens firent 200.000 morts. La Révolution des Jeunes Turcs, en 1908 fit espérer une égalité de tous les sujets ottomans. Mais, un an plus tard, la tentative du sultan Abdul Hamid de reprendre le pouvoir fut jugulée et les massacres reprirent en Cilicie, sous l’égide du parti des Jeunes Turcs, en qui les minorités, dont les Arméniens, avaient fondé des espoirs…