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Critiques

Le château des insensés, Paola Pigani (par Gilles Cervera)

Ecrit par Gilles Cervera , le Mardi, 07 Octobre 2025. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, Editions Liana Levi

Le château des insensés, Paola Pagani, éd Liana Levi 286 pp. 21 € Edition: Editions Liana Levi

Psychiatrie contre psychiatrie

 

Saint-Alban-sur-Limagnole. 1940/1944.

La Margeride.

Voit-on ce plateau cogné d’air et de nuées et les blocs de cailloux ronds qui ressemblent à des têtes qui auraient roulé d’en haut des monts pour se caler contre une souche ou contre rien ? Contre-poids aux vents secs et glacés qui roulent aussi, contre les joues des femmes et des hommes, s’il en reste.

Voit-on cela ?

Voit-d’où l’on parle ? De qui ?

Quel livre ? Le château des insensés de Paola Pigani, chez Liana Levi, publié en mars 2024.

C’est de ce livre dont on parle, de ces insensés en question, les malades, c’est-à-dire à demi nous, aux trois-quarts nous, bref, nous !

Crime et Châtiment, Fiodor Dostoïevski (par Mona)

Ecrit par Mona , le Vendredi, 03 Octobre 2025. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Russie, Roman, Actes Sud, En Vitrine, Cette semaine

Crime et Châtiment, Fiodor Dostoïevski, traduit par André Markowicz, Editions Actes Sud . Ecrivain(s): Fédor Dostoïevski Edition: Actes Sud

 

Lire Crime et Châtiment aujourd’hui

 

Le sang qui coule de la hache de Raskolnikov préfigure « la mort de l’homme » et Dostoïevski apparaît prophète des totalitarismes à venir. Le héros (ou antihéros) de Crime et Châtiment, étudiant misanthrope aux « idées mal digérées », icône de la radicalité, offre une cruelle résonnance à notre époque qui voit l’essor des partis extrémistes, la remontée des intégrismes et la remise en cause de l’universalisme des Lumières. A rebours des utopies prométhéennes qui sonnent le glas de l’humanisme, ce grand roman exalte l’homme.

L’écrivain conte « une affaire fantastique, sombre, une affaire contemporaine, un cas de notre temps à nous, quand le cœur de l'homme s’est perdu dans le brouillard ».

Archibald Ney, La vérité vingt-quatre fois (par Patrick Abraham)

Ecrit par Patrick Abraham , le Vendredi, 03 Octobre 2025. , dans Critiques, Les Livres, Essais, La Une Livres

Archibald Ney, La vérité vingt-quatre fois, éditions du Vol à voile, avril 2025, 171 pages, 18 euros.

Sur La vérité vingt-quatre fois d’Archibald Ney

 

L’essai et premier livre d’Archibald Ney, La vérité vingt-quatre fois, dont le titre renvoie, en la détournant, à une phrase fameuse de Godard placée en épigraphe (« La photographie, c’est la vérité, et le cinéma, c’est vingt-quatre fois la vérité par seconde »), repose sur un principe simple et stimulant : choisir vingt-quatre scènes marquantes tirées de vingt-quatre films et expliquer en quoi elles ont été importantes pour l’auteur, en quoi elles ont changé sa vie ou du moins l’ont embellie et revivifiée.

Archibald Ney ne prend pas ici la pose d’un cinéphile professionnel et c’est tant mieux si l’on pense avec Gilles Deleuze que les philosophes et les écrivains sont les mieux qualifiés pour parler des films qu’ils ont aimés (mais Archibald Ney est bien un cinéphile puisqu’il cherche à nous transmettre une succession d’engouements) et en dire ce qu’un spécialiste, justement, avec son jargon, n’aurait pas dit.

Léviathan, Julien Green (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mercredi, 01 Octobre 2025. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, Le Livre de Poche, En Vitrine

Léviathan, Julien Green, Le Livre de Poche, 2005, 344 pages Edition: Le Livre de Poche

 

Le morne ennui de la Province il y a un siècle est le décor des romans de Julien Green. Dans une topographie qui semble figée dans l’éternité, la petite ville bourgeoise, ses placettes, ses arbres ordonnés en triangle, la morosité tranquille de ses jours sans fin, ses habitants enfoncés dans des rituels immuables, Green déroule des histoires terribles, qui frisent les limites des comportements humains. Déjà Adrienne Mesurat nous avait conduits vers ces frontières où la raison vacille, où l’horreur fait surface. Mais avec Léviathan, Green franchit toutes les limites du cauchemar et, dans un cauchemar, tout est effroi, lieux sinistres, personnages monstrueux, événements terrifiants.

La fascination de Julien Green pour la topographie se retrouve dans son regard sur cette petite ville de Province. Tout y est lignes et angles, tout y est droites et coins.

Les Tribulations d’un chercheur en littérature, Vincent Laisney (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Lundi, 29 Septembre 2025. , dans Critiques, Les Livres, Essais, La Une Livres

Les Tribulations d’un chercheur en littérature, Vincent Laisney, La fabrique des Souvenirs, Paris, CNRS Éditions, 2025, 356 pages, 25 €.

 

Comme l’écrit dans sa préface Marie-Ève Thérenty, professeur à l’université de Montpellier, qui dirige également la collection où ce volume est accueilli (on comprend dès le départ qu’on est dans un confortable entre-soi), le livre que Vincent Laisney a fait paraître sous un titre un peu étrange possède au moins deux niveaux de lecture.

Le premier est celui d’un ouvrage universitaire comme il s’en publie chaque année des centaines et qui forment ce qu’on appelle de manière peu aimable mais nullement injuste la « littérature grise », que seules achètent en général les bibliothèques universitaires (nous sommes donc en face d’un système fermé sur lui-même). Les trente pages de bibliographie témoignent du sérieux de la recherche. Vincent Laisney s’est attaché à explorer et à cartographier un territoire méconnu, celui d’une sous-catégorie des mémoires appelée « souvenirs littéraires » (ceux de Maxime Du Camp, qui portent précisément ce titre, sont parmi les plus connus ou les moins oubliés).