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Critiques

Le Temps étroit, Michel Passelergue (par François Baillon)

Ecrit par François Baillon , le Mardi, 02 Décembre 2025. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Poésie

Le Temps étroit, Michel Passelergue Éditions G.R.P 56 pages – 9,15 € Ombres portées, ombres errantes Éditions du Petit Pavé 94 pages – 12 €

L’œuvre de Michel Passelergue, essentiellement poétique, s’étend sur plusieurs décennies. Nous allons nous intéresser ici à deux de ses ouvrages : Le Temps étroit, publié en 2001, et son prolongement (suivant les propres mots de l’auteur), Ombres portées, ombres errantes, publié en 2011.

Un thème, si ce n’est une obsession, les traverse continûment : la mort. La poésie de Michel Passelergue a la substance d’un roc pur, pourvu de surfaces lisses et modelées par l’eau, mais également d’angles coupants qui vous saisissent d’un trait. Il s’agit d’une poésie sèche, brute, qui ne ménage pas ses effets ; bien au contraire, elle cherche à entrer au plus près dans l’instant du départ ultime, de sa sensation, avec tout ce que celle-ci peut contenir de bouleversant et de direct – pour le principal concerné comme pour l’observateur qui semble en état de sidération : « N’oublie pas de brûler ton sommeil, stance après stance, pour mieux carder le regard dans ses dernières fibres. Étoffe de voix perdues, le vent aura déjà lacéré nos chansons d’approche. Va, traverse les pierres. Hante au plus sombre l’atelier du silence. » (p. 37, Ombres portées, ombres errantes) « Sois nuit dans les pierres, voix sourde sous l’herbe, jusqu’à toucher enfin à ta propre transparence. » (p. 85, Ombres portées, ombres errantes).

Alice suivi de La Chasse au Snark (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 28 Novembre 2025. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Iles britanniques, Roman, La Pléiade Gallimard

Alice suivi de La Chasse au Snark, traductions nouvelles, Philippe Jaworski, éd. bilingue, 207 illustrations, 1024 p., éd. Gallimard/La Pléiade, n°681 de la collection, 2025, 64 €

 

Royaumes enchantés

Les célèbres récits : Aventures d’Alice sous terre / Aventures d’Alice au Pays des Merveilles / De l’autre côté du miroir, et ce qu’Alice y trouva, suivis de Le Frelon emperruqué et de La chasse au Snark, écrits par Charles Lutwidge Dodgson (alias Lewis Carroll, né en 1832 à Daresbury, et décédé en 1898 à Guildford), font l’objet d’une nouvelle traduction établie par Philippe Jaworski qui précise : « Le diacre Charles Lutwidge Dodgson n’a cure de célébrer la morale conventionnelle quand il écrit des histoires sous le pseudonyme de Lewis Carroll ». La composition des textes s’apparente au collage, au rêve, où, néanmoins, les rituels, les éléments du récit et les mœurs restent typiquement anglais. Lewis Carroll rédige les Aventures d’Alice « sur le fond sinistre de massacres en Irlande, d’oppression dans les manufactures et de la philosophie utilitariste de Bentham. » [Jaworski]. Le texte de Carroll est juxtalinéaire, d’une écriture ronde, qu’il illustre de dessins assez naïfs.

Malraux maintenant – Pascal Louvrier (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 27 Novembre 2025. , dans Critiques, Les Livres, Essais, La Une Livres, Le Passeur

Malraux maintenant – Pascal Louvrier – Préface de Daniel Rondeau – Le Passeur éditeur – 280 p. – 17 euros – 16/10/25. . Ecrivain(s): Pascal Louvrier Edition: Le Passeur

 

« Nous avons besoin de Malraux et de ses fulgurances, bercées de songes et de visions panoptiques où il serait loisible de retrouver le visage de ce que nous sommes. »

Daniel Rondeau – Préface

« Il fut opiomane, but beaucoup de whisky, fut accusé de mythomanie – terme incorrect, repris par ses détracteurs. On le voit, Malraux ne chercha jamais l’apaisement, mais la prophétie qui regarde le soleil en face. Or, notre époque refuse l’intrusion de l’irrationnel. »

Pascal Louvrier – Malraux maintenant

Lettres à la Bien-aimée, Thierry Metz (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Mercredi, 26 Novembre 2025. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Poésie, Gallimard, En Vitrine, Cette semaine

Thierry Metz, Lettres à la Bien-aimée, Poésie/Gallimard, 2025, 400 p. Edition: Gallimard

 

I. PUISQU'IL ME FAUT ALLER JUSQU'AU PUITS

Qu'un homme naufragé, brisé par un deuil, consacre à l'écriture, au feuillet, à la page, tant de poèmes, c'est le signe que, grâce à elle, il pourra remonter du puits où il est enfoui.

L'homme que "Sur la table inventée" ou "Entre l'eau et la feuille" décrivent, "nomade de ton souffle", qui n'a "le souci/ que toucher/ un peu d'herbe", recueille en très brefs poèmes les pulsations de vie "dans ton livre".

Au centre d'une nature que le poète ou le manoeuvre connaît par des voies singulières, il fait de tout ce qui est vu, senti, aimé, palpé, une "écriture, /une langue appelée nulle part".

Il se sait dormeur de tant de choses à dire, passant "derrière les feuilles", "dans la chambre dormante".

Les poèmes tombent en gouttes d'or, "frondant la langue".

Exister de vivre suivi de Bribes du dehors, Stéphane Juranics (par Parme Ceriset)

Ecrit par Parme Ceriset , le Mercredi, 26 Novembre 2025. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Poésie

Exister de vivre suivi de bribes du dehors, Stéphane Juranics, La Rumeur libre éditions, septembre 2025, 288 pages, 19 euros

 

Poète de la profondeur et ami du silence, doté d’un grand sens de l’observation, Stéphane Juranics, dans « Exister de vivre », affirme que « le seul sens de la vie est de chercher le sens de la vie ». Animé de cette quête, il se montre attentif à la beauté où qu’elle se trouve, là où elle se laisse cueillir. Nul besoin d’aller à l’autre bout du monde pour s’émerveiller du quotidien… Il suffit d’ouvrir son âme comme les volets d’une chambre, se laisser griser par « la houle des rideaux », par la rosée sur le corps de l’aimée, « humant l’éveil de la ville », par le « vertigineux miracle » d’un ciel étoilé.

Inlassablement, le poète « écoute ce qui ne s’entend pas », prenant ainsi « conscience de la vie jusqu'à ses moindres cellules », mais aussi, et c’est plus douloureux,  « jusqu'à ses moindres germinations de mort ».

Cette découverte s’accompagne parfois d’un sentiment de « terrifiante solitude », celle des « arbres que le vent rend seuls à jamais », mais elle est source d’inspiration, car « quelque chose nous appelle au-dehors et ne se pense qu'en nous ».