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Critiques

Les Indignes, Agustina Bazterrica (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Mercredi, 29 Janvier 2025. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Amérique Latine, Roman, Flammarion

Les Indignes, Agustina Bazterrica, Flammarion, janvier 2025, trad. espagnol (Argentine), Margot Nguyen Béraud, 190 pages, 21,50 € Edition: Flammarion

 

Atmosphère, atmosphère… Voilà un roman qui a vraiment une gueule d’atmosphère… nauséeuse.

L’histoire se situe quelque part au milieu de nulle part, dans une ère indéterminée que le lecteur est toutefois à même d’à peu près dater, en interprétant quelques éléments narratifs indiciels pseudo-historiques disséminés parcimonieusement, comme postérieure à une catastrophe apocalyptique provoquée par une humanité rapace ayant réussi à détruire la quasi-totalité des espèces végétales et animales et à provoquer presque intégralement l’extinction de son propre genre. La narratrice est l’une des résidentes, arrivée là après une longue errance, dont elle relate par ailleurs, histoire dans l’histoire, le cheminement aventureux dans un environnement désertique à ce point dévasté que, symptomatiquement, le mot « forêt » est systématiquement barré dans le texte lorsqu’il apparaît « accidentellement » sous la plume de cette chroniqueuse clandestine.

Trilogie d’une nuit d’hiver, Katherine Arden (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Mardi, 28 Janvier 2025. , dans Critiques, Les Livres, Science-fiction, La Une Livres, USA, Roman, Folio (Gallimard)

Trilogie d’une nuit d’hiver : L’Ours et le rossignol (9,40 €), La Fille dans la tour (9,40 €), L’Hiver de la sorcière (9,90 €), Katherine Arden, Folio, mai 2024, trad. anglais (USA) Jacques Collin Edition: Folio (Gallimard)

 

L’Ours et le rossignol (9,40 €), La Fille dans la tour (9,40 €), L’Hiver de la sorcière (9,90 €), Katherine Arden, Folio, mai 2024, trad. anglais (USA) Jacques Collin

La Russie du XIVe siècle, sous les règnes successifs d’Ivan II et Dimitri Ier Donskoï : un double moment-clé dans l’histoire de ce pays destiné à devenir un empire. D’une part, la religion chrétienne prend peu à peu le pas sur le paganisme ; d’autre part, Dimitri, grand prince de Moscou et de Vladimir, prend son indépendance par rapport à la Horde d’or des Tatars, et remporte une victoire décisive lors de la bataille de Koulikovo. C’est ce cadre historique qu’a choisi Katherine Arden pour raconter sa Trilogie d’une nuit d’hiver, trois romans à lire d’une seule traite pour qui aime la fantasy.

Vibre, exquise nature ! selon Chardin, Alain Vircondelet (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Mardi, 28 Janvier 2025. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Poésie, Récits

Vibre, exquise nature ! selon Chardin, Alain Vircondelet, éditions Les Ateliers Henry Dougier, janvier 2025, 130 pages, 14,90 €

Durée

Oui, la durée est le maître mot de ce livre qui se propose, avec simplicité, de recourir à l’écriture pour en faire une escorte suffisante et le récit d’un tableau : Le Panier de fraises des bois, de Jean Siméon Chardin. Cette entreprise de lecture d’un chef d’œuvre est facile, vivante, argumentée comme en un sens l’est une biographie. Qui essaie de prendre à bras le corps le monde de la vanité du XVIIIème siècle.

Ce livre nous plonge dans un compotier de fraises sauvages afin de comprendre de l’intérieur – si je puis dire – ce qui est passage ou pérennité dans l’activité de toute vie humaine. Cette pyramide de fruits rouges nous permet de comprendre le but de la vie, à l’instar de la leçon que donnent ces fraises peintes, qui vraisemblablement seraient promises à une destruction naturelle, où ici elles se figent et tendent vers l’éternité. C’est en tout cas le flux logique de toute matière, sachant qu’ici c’est la peinture qui fait écran à la mort. Et si je dis la mort, il faut comprendre le temps. C’est à un archi-présent que nous avons à faire, au carrefour du fini et de l’infini, sorte de magie végétale métaphysique.

A la fin de l’été, Magdalena Blazevic (par Anne Morin)

Ecrit par Anne Morin , le Lundi, 27 Janvier 2025. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman

A la fin de l’été, Magdalena Blazevic, Les éditions Bleu & Jaune, janvier 2025, trad. croate, Chloé Billon, 169 pages, 19,90 €

 

D’une saison l’autre, d’un paysage l’autre, larvé, miné par l’arrière-plan, la menace, toujours présente, entre cours de la vie, une vie ordinaire et arrière-cour, ce qu’il s’y profile. Comme au théâtre, on entre côté cour, du côté des vivants, du sursis, on sort côté jardin, du côté de la mort, ou l’inverse, on ne sait plus très bien.

Le temps défile, passe, revient sur ses pas, balbutie, dans le souvenir d’une toute jeune fille qui s’en va. Et qui dit… l’avant, l’après, le moment : « Les lèvres de la Mort pâlissent. Son index est habitué au contact du métal. Il ne tremble pas » (p.106)… La mort, un tout jeune homme, tue une toute jeune fille, c’est l’ordinaire, dans ce pays, cette guerre qui broie, s’en va, revient, flux et reflux, menace de tous côtés, comment ne pas se retrouver après, comment ne pas accompagner ?

Le paysage, le végétal lui-même porte en germes des menaces, les plantes piquent, se refusent à la consommation.

Au cabaret des oiseaux et des songes – Roman d’escapades - Éric Poindron (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 24 Janvier 2025. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Poésie, Roman, Le Passeur

Au cabaret des oiseaux et des songes – Roman d’escapades - Éric Poindron – Préface de Denis Grozdanovitch – Le Passeur Éditeur – 349 p. – 17 euros . Ecrivain(s): Eric Poindron Edition: Le Passeur

 

« Mes éducations et mes écoles primesautières furent les églises de campagne et les cathédrales d’Europe, les musées de guingois et de province, les vignes sacrées, les presbytères confidentiels, l’océan qui chahute et les cours d’eau qui chuchotent, la correspondance des peintres et les journaux d’écrivains, la forêt confessionnal, les châteaux et les bistrots, les bibliothèques publiques et les chapelles privées. »

 

Au cabaret des oiseaux et des songes est peut-être le roman le plus personnel d’Éric Poindron ; une escapade dans l’enfance et la grande jeunesse de l’auteur aux mille faces. Comme la vie est un roman, le roman est une vie inspirée et inspirante. Il y a l’école des buissons et des rivières, celle des chemins traversés et des lanternes magiques et poétiques.