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Critiques

L’hospitalité du démon, Constantin Alexandrakis (par Gilles Cervera)

Ecrit par Gilles Cervera , le Mardi, 27 Mai 2025. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, Verticales

L’hospitalité du démon, Constantin Alexandrakis, éd Verticales, 228 p. 20 €

Lorsque le père naît

Commençons par la fin. Par la dernière phrase.

Elle dit le titre : Admettre cela, c’est ce qu’on appelle l’hospitalité du démon.

Cela ! C’est l’enjeu du livre. L’enjeu d’un père qui se livre.

Admettre : donc écrire !

Constantin Alexandrakis publie son second livre chez Verticales : l’hospitalité du démon.

Où il habite ?

Comment il parle ?

Sur quel corps il a été frotté ?

Qui s’est masturbé sur lui, devant lui ?

Comment ouvrir les yeux après ? Une solution : écrire, écrire, écrire.

Olympe de Gouges, Une femme dans la Révolution, Florence Lotterie, Elise Pavy-Guilbert (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Jeudi, 22 Mai 2025. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Biographie, Flammarion

Olympe de Gouges, Une femme dans la Révolution, Florence Lotterie, Elise Pavy-Guilbert, Flammarion, février 2025, 176 pages, 22 € Edition: Flammarion

La vie mouvementée d’une « femme dans la Révolution » est reconstituée par les autrices qui ont manifestement effectué pour ce faire un maximum de recherches sur ce qu’il est possible de retrouver et de recoller des éléments biographiques de ce personnage d’exception et qui en ont comblé les trous en présumant, en levant des hypothèses, en faisant parfois aller librement leur imagination, procédé littéraire qu’elles « avouent », dont elles revendiquent même la nécessité, et qui leur permet de nous offrir une histoire cohérente, qui se tient, qu’on pourrait assimiler ici et là à une biographie juste autant romancée qu’il en est besoin.

Car non seulement les autrices ont tenu à combler au possible, tout en maintenant au mieux la nécessaire vraisemblance, les manques de l’histoire officielle de notre révolutionnaire, à mettre un peu de liant, souvent en se référant aux propres écrits du personnage, dans les ellipses biographiques, à se glisser dans la peau de l’héroïne pour nous faire ressentir ses souffrances physiques, entrer dans ce qu’ont pu, ou dû, être ses pensées, ses affres, ses colères, ses pulsions de rébellion, mais encore reconstituer les circonstances de ses rencontres marquantes avec les plus grands acteurs de la Révolution et les dialogues auxquels elles ont donné cours.

Le Rouge et Laure, Galien Sarde (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Mercredi, 21 Mai 2025. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman

Le Rouge et Laure, Galien Sarde, Éditons Fables Fertiles, février 2025, 230 pages, 18,60 €

 

« Non loin, tout près, l’orage grondait dans l’air toujours plus électrique, un vent mauvais venait de la mer, morne et houleuse. Le ciel, désormais, était sombre, sombre et brumeux, chargé de pluie. Toutes les fenêtres étaient closes, à Lagord, les stores baissés, les machines à risque, débranchées. L’avis d’orage émis la veille par les médias avait grandement été suivi, le précédent ayant fait des dégâts. Assis dans la cuisine éclairée, survoltée, les enfants de Gaspard en entendaient grossir les signes, bientôt sur le point d’éclater. Leurs visages, semblables, étaient tristes, franchement émus, navrés par la mort de leur père ».

Le Rouge et Laure est un roman policier altier. La mort de Gaspard dans d’étranges conditions pousse un policier à lever, ou tenter de lever quelques voiles familiaux. Gaspard est riche, Laure sa compagne, qu’il devait épouser avant de subitement quitter la terre, dans sa maison de Lagord, trouble tous ceux qui la croisent, elle incarne la séduction et l’attirance volcanique.

Le Portrait de Jennie, Robert Nathan (par François Baillon)

Ecrit par François Baillon , le Mardi, 20 Mai 2025. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, USA, Roman, Joelle Losfeld

Le Portrait de Jennie, Robert Nathan, Editions Joëlle Losfeld, 2000, trad. anglais (USA) Germaine Delamain, 144 pages, 5,10 € Edition: Joelle Losfeld

 

Un passage de ce livre résume la quête, somme toute absolutiste, de son personnage principal : « N’existe-t-il peut-être qu’une seule âme entre toutes – entre toutes celles qui ont vécu, à travers les nouvelles générations, d’un bout du monde à l’autre – et qui doit nous aimer ou mourir ? Que nous devons aimer à notre tour, que nous devons espérer toute notre vie, aveuglément, avec nostalgie, jusqu’à la fin » (p.92).

Eben Adams est un peintre de vingt-huit ans, qui vit dans un profond dénuement. Nous sommes en 1938 : New York est une ville qui résiste durement au talent d’Eben. Celui-ci ne parvient pas à vendre les toiles qu’il compose et il s’interroge, les déceptions répétées le plongeant dans un très grand désarroi. La « faim » qu’il a de s’accomplir est, cependant, plus dévorante que la faim du corps elle-même ou que le froid. Un soir de cet hiver-là, revenant d’une journée à nouveau stérile, il erre dans ce qu’il appelle « le Mail », tout à fait déserté :

Tweet n°1 (classé) X, Guillaume Basquin (par Claire Fourier)

Ecrit par Claire Fourier , le Lundi, 19 Mai 2025. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, Tinbad

Tweet n°1 (classé) X, éditions Tinbad, 2025, 112 p., 16 euros . Ecrivain(s): Guillaume Basquin Edition: Tinbad

 

Guillaume Basquin est un bourreau du travail et un derviche tourneur. Un érudit et un danseur sur lignes. Il est sage et il est fou. C’est un virtuose de la réflexion et des mots. Où trouve-t-il donc le souffle dont il fait preuve ?

« Mon âme est une étrange usine. » Il y a du génie dans cet homme excentrique… qui recentre.

Tweet n°1, (classé) X, son dernier livre, se donne pour mission celle que Kafka intimait à l’écrivain : « Hacher en nous la mer gelée ». Basquin, effacé en public et défonçant plume en main, chauffe la température à fond, et la mer gelée bouillonne dans un tourbillon de phrases où cet homme singulier, ce « monsieur cent mille volts » et cependant très doux, ausculte le cœur de son époque. Ça roule et se déroule, ça tournoie, ça galope. Basquin, l’insurgé, le dissident, le mutin, le psychopompe à qui vous « donneriez le bon Dieu sans confession », examine et pose un regard implacable et sans pitié sur les grands traits de notre monde et de celui qui se profile.