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Critiques

Paris de ma fenêtre – Colette (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 25 Septembre 2025. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Récits, En Vitrine

Paris de ma fenêtre – Colette – Préface par Francis Carco – Postface par Gérald Duchemin – Huit illustrations par Sarah Elie Fréhel – Editions Le Chat Rouge – Collection Pourpre et Or - 22 euros – 304 p. – 17-06-25. . Ecrivain(s): Colette

 

« Oui, j’estime qu’il fallait que ce livre fût écrit – précisément par une femme – pour nous donner de Paris cette leçon de grandeur dans sa quotidienne et fière acceptation. Le miracle est que, sans forcer une seule fois la note, Colette soit parvenue à nous révéler dans de ferveur, de grâce, d’humour, de bon sens et de dignité. »

Francis Carco – 11 août 1944

« Colette excelle à se souvenir, à se raconter à hauteur de femme, à vocaliser sur sa joie de vivre, avec une luxuriance de forêt en pleine santé.

Sa prose alors devient magique. C’est littéral, elle nous ensorcelle. »

Gérald Duchemin – La paysanne de Paris.

Assurance sur la mort (Double Indemnity, 1937), James M. Cain (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mercredi, 24 Septembre 2025. , dans Critiques, Les Livres, Polars, La Une Livres, USA, Roman, Gallmeister, En Vitrine

Assurance sur la mort (Double Indemnity, 1937), James M. Cain, éd. Gallmeister, 2017, trad. américain, Simon Baril, 157 pages, 8,60 € Edition: Gallmeister

 

Depuis quelques années, il est d’usage et de bon ton chez les experts en polars de chanter la louange des romans policiers qui « bousculent les codes » du genre. Effets de l’air du temps – on déconstruit à tour de bras – ou de la recherche de modernité à tout prix qui ont eu pour résultat de produire une profusion de polars déjantés, de plus ou moins bon goût, dont le seul objectif est visiblement de « bousculer les codes » justement.

Avec James Cain, on ne risque rien. C’est lui, avec quelques autres comme Chandler, Goodis, Hammett, entre autres, qui a établi ces codes, à notre grand bonheur. Assurance sur la mort est l’un des piliers de la grande littérature noire et, comme il se doit de celle-ci, du cinéma noir : Billy Wilder a signé en 1944 un film remarquable tiré du livre.

Donc, tous les codes y sont. Non seulement ceux du polar classique, mais ceux des polars écrits par James Cain. On retrouve en effet, deux ans avant le célébrissime Le Facteur sonne toujours deux fois, le triangle funeste du mari victime, de la femme et de l’amant meurtriers.

Charles Molina, Monographie (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 19 Septembre 2025. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Arts

Charles Molina, Monographie, 192 p., bilingue, éd. Skira, août 2025

Skira publie la première monographie d’un jeune acteur de la scène artistique contemporaine américaine, Charles Molina. Né à Aventure Miami en 2001, Charles Molina « samplait » sa peinture, s’inspirant de l’expressionnisme abstrait, du hip hop ou de la musique électro. Il avait suivi un cursus à l’École d’art Saint-Luc à Bruxelles, avant d’être admis à la Miami Arts Charter School de Wynwood. D’autre part, il avait collaboré avec le rappeur XXXTentacion (né en 1998 en floride, assassiné en 2018). Charles Molina, lui, a disparu à l’aube de sa vie, en 2021.

Cent-trente-cinq reproductions de qualité permettent d’accéder à un large éventail de l’œuvre de cet artiste américain. Des photographies, dont l’une d’enfance et les autres prises dans son atelier, un manifeste de l’artiste ainsi qu’un entretien avec Capucine Milliot, responsable de la communication de la galerie Nahmad Contemporary de New York, complètent cet épais catalogue. Catherine Milliot qualifie sa peinture de « frénétique et rebelle », créée dans un « sentiment d’urgence ». Expression qui rejoint celle du street art, élan artistique qui requiert en priorité immédiateté et rapidité à propos de peintures réalisées dans l’espace public urbain.

Nicolas Le Flahec – Jean-Patrick Manchette : écrire contre (par Jean-Jacques Bretou)

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Mercredi, 17 Septembre 2025. , dans Critiques, Les Livres, Essais, La Une Livres, Gallimard

Nicolas Le Flahec – Jean-Patrick Manchette : écrire contre – Éditions Gallimard – 729 p. – 30 € Edition: Gallimard

 

Ce livre anniversaire parait pour les trente ans de la disparition de Manchette et les soixante dix ans de la Série Noire (SN). Si la lecture d’Eliott Chaze (numéro196 de la SN) a marqué fortement à l’âge de 11 ans Jean-Patrick Manchette, on apprend en parcourant son journal que son cursus scolaire fut sinon normal tout du moins celui d’un jeune homme qui ne se prépare pas à écrire des polars. Le Flahec dans son gros mémoire qui à l’origine était une thèse de doctorat nous livre ainsi une multitude de choses sur celui qui en onze livres fut l’auteur français phare de la SN. Il a exploité chez le littérateur qui écrivait énormément : livres, correspondances (Paul Buck, Maud Mannoni, Richard Morgiève, Echenoz, Siniac etc,) auxquels il faut ajouter son journal (qui a fait l’objet d’une publication), ses carnets, les manuscrits de scénarios, et la littérature purement alimentaire y compris érotique ; enfin toute la somme représentant la construction de ce qu’était J-P M.

Soleil blanc, Sabine du Faÿ (par François Baillon)

Ecrit par François Baillon , le Mardi, 16 Septembre 2025. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, Jeunesse

Soleil blanc, Sabine du Faÿ, Oskar Éditeur – Février 2024, 136 pages – 12,95 €

 

D’emblée, ce roman destiné aux adolescents affirme un caractère politique : la dédicace faite à « Giovanni Falcone et Paolo Borsellino, juges antimafia assassinés » interpelle le regard, mais il est tout aussi important de souligner qu’à cette dédicace s’ajoute celle « à tous les enfants ».

Le sujet dont s’empare Sabine du Faÿ est parmi les plus délicats à aborder quand il s’agit de s’adresser à la jeunesse : la dépendance lancinante, avant qu’elle ne puisse devenir dévorante, à la drogue – le cannabis, quant au roman qui nous intéresse. Comment éviter, en effet, le piège du manichéisme ? Mais comme il s’agit d’une fiction, la différence se fera avec son personnage principal, Guillaume.

Dès les premiers chapitres, le talent de Sabine du Faÿ émerge à travers la dimension poétique qu’elle donne aux moindres éléments du quotidien. Qu’il s’agisse d’une atmosphère matinale ou d’un après-midi d’été brûlant, l’observation portée autour de soi nous fait entrer dans un tableau – une observation reliée directement à la curiosité d’un enfant.