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Essais

La petite différence et ses grandes conséquences, Alice Schwarzer (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Mardi, 09 Janvier 2024. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Langue allemande, Editions Des Femmes - Antoinette Fouque

La petite différence et ses grandes conséquences, Alice Schwarzer, éditions Des femmes Antoinette Fouque, octobre 2023, trad. allemand, Marthe Wendt, Leslie Gaspar, nouvelle préface traduite en allemand, Anne-Charlotte Chasset, 298 pages, 9 € Edition: Editions Des Femmes - Antoinette Fouque

 

Article 16. Toute société dans laquelle la garantie des droits n’est pas assurée, ni la séparation des pouvoirs déterminée, n’a point de constitution. La constitution est nulle si la majorité des individus qui composent la Nation n’a pas coopéré à sa rédaction (Olympe de Gouges, Déclaration des droits de la femme et de la citoyenneté, 1791).

 

Contraintes et résignation du rôle féminin

La petite différence et ses grandes conséquences d’Alice Schwarzer (née en 1942 à Wuppertal, journaliste, l’une des féministes allemandes les plus reconnues) est un texte militant. L’ouvrage, réédité, fut un best-seller dans les années 1970 et traduit en plusieurs langues.

Cafés-Philo en France, Un malentendu & un échec, Jean-Christophe Grellety (par Marjorie Rafécas-Poeydomenge)

Ecrit par Marjorie Rafécas-Poeydomenge , le Lundi, 08 Janvier 2024. , dans Essais, Les Livres, Recensions, La Une Livres

Cafés-Philo en France, Un malentendu & un échec, Jean-Christophe Grellety, BoD Editeur, janvier 2023, 180 pages, 21 €

 

La mode des « cafés-philo » serait-elle née d’un idéalisme platonicien cultivé par de jeunes esprits à cheveux longs, fatigués du dogmatisme universitaire ? Jean-Christophe Grellety a appartenu à cette trempe chevelue et rebelle aux côtés de Marc Sautet, auteur d’Un Café pour Socrate et l’instigateur du premier « Café philosophique » en France.

Jean-Christophe Grellety est resté fidèle à cet engagement civique de Marc Sautet (hélas décédé en 1998), qu’il n’hésitait pas parfois à contredire et à titiller… Telle est la vertu du dialogue. Il continue à croire envers (en verve) et contre tout, à la puissance de la dialectique, et c’est pourquoi il persiste et signe par un nouvel essai (1) qui pourrait s’apparenter à un pamphlet contre la pensée moutonnière et paresseuse.

Penser avec Marc Fumaroli, Antoine Compagnon (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Mardi, 19 Décembre 2023. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Penser avec Marc Fumaroli, Antoine Compagnon, Librairie Droz (Genève), juin 2023, 218 pages, 42 € . Ecrivain(s): Antoine Compagnon

 

Motus in fine velocior, dit le vieil adage scolastique. De plus en plus malade, Marc Fumaroli a vécu ses dernières années dans une frénésie de publications, qu’il s’agisse de livres-bilans, comme Partis pris, Littératures, esthétique, politique (Bouquins Laffont) ou Lire les arts dans l’Europe d’Ancien Régime, mais également d’un ouvrage neuf, Dans ma Bibliothèque, paru après sa mort, et dont Antoine Compagnon écrit, faisant écho à ses propres recherches (La Vie derrière soi, Fins de la littérature), qu’il « s’offre l’audace géniale des œuvres ultimes » (p.11).

En cinquante années de vie intellectuelle (il participa dans les années 1970 à la fondation de la Revue Contrepoint, avec Raymond Aron. Il y publia son premier article, en 1971, sur la crise universitaire), Marc Fumaroli eut un parcours académique à la fois impeccable (il collectionna les titres, les honneurs, les récompenses) et paradoxalement sinueux, puisqu’il partit d’une thèse (jamais écrite en tant que telle) consacrée à Corneille, laquelle se métamorphosa en un maître-livre sur la rhétorique, L’Âge de l’éloquence (1980), qui fonda à lui seul une discipline.

Un été avec Jankélévitch, Cynthia Fleury (par Guy Donikian)

Ecrit par Guy Donikian , le Lundi, 11 Décembre 2023. , dans Essais, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Récits, Editions des Equateurs

Un été avec Jankélévitch, Cynthia Fleury, Editions Equateurs, mai 2023, 189 pages, 14 € Edition: Editions des Equateurs

Pour qui n’a pas lu Jankélévitch, un été avec… constitue un premier pas et plus qu’une simple initiation à la philosophie du susnommé. Ne pas l’avoir lu peut avoir pour cause un abord parfois difficile, encore que, ou une aridité apparente de certains textes. Avec Cynthia Fleury, ces possibles entraves volent en éclat, l’abord y étant écrit de manière claire et limpide, les aspects du travail du philosophe présentés méthodiquement et sans verbiage, sans cette logorrhée qui n’est souvent présente que pour satisfaire l’ego du scripteur. Ici, le rapport au lecteur est de l’ordre du partage de l’intérêt évident que la philosophe porte aux raisonnements, aux intuitions aussi de Jankélévitch. En voici quelques exemples.

« Ne manquez pas votre unique matinée de printemps », cette phrase extraite du Je ne sais quoi et le Presque rien, Cynthia Fleury en dit « qu’elle manie l’évidence et l’énigmatique, signe le renouveau mais aussi la disparition, la grâce et la gravité, un certain lyrisme ». Cette phrase « condense toute la philosophie, métaphysique et morale, et donc politique de Jankélévitch », ajoute-elle. Une injonction qui interpelle le sujet, vous, moi, en écrivant ne ratez pas, ne perdez pas, un impératif qui indique aussi que c’est ici et maintenant, « c’est à saisir, il faut être plus rapide que le temps, car le temps file, irréversiblement ». Enfin le printemps comme symbole du commencement, du seuil inaugural de la décision : c’est l’énergie vitale de Jankélévitch, cet héritage de Bergson qui infuse toute sa pensée.

Apologie de Socrate, Platon (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Jeudi, 07 Décembre 2023. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Bassin méditerranéen, Folio (Gallimard), En Vitrine, Cette semaine

Apologie de Socrate, Platon, Folio, avril 2023, trad. grec ancien, Léon Robin, Joseph Moreau, 80 pages, 3,50 € Edition: Folio (Gallimard)

 

Zut, un livre dont le héros meurt à la fin ! Oui, mais quel héros ! Celui de la pensée libre de toute convenance, de toute contrainte, de tout désir autre qu’exister et se perpétuer dans la vérité ! Plus sérieusement, l’Apologie de Socrate est un des « dialogues socratiques » de Platon, celui qui présente le plaidoyer de Socrate lors de son procès en -399. Ce plaidoyer, parfaite machine argumentative qui malheureusement ne convaincra pas les citoyens athéniens, s’articule en trois parties : le plaidoyer à proprement parler, la plus longue ; le « débat contradictoire sur la peine », Socrate ayant été jugé coupable ; enfin, la réaction de Socrate face à la peine choisie, c’est-à-dire la mort.

Ici n’est pas le lieu d’une exégèse philosophique ou d’un commentaire sur les tenants et aboutissants historiques du procès de Socrate ; ici est le lieu de relever dans ces quelques pages la fulgurance qui les rend toujours indispensables aujourd’hui ; ici est le lieu de célébrer la liberté avec laquelle Socrate défend la vérité au risque de sa vie.