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La Une Livres

J’écris l’Illiade, Pierre Michon (par Gilles Cervera)

Ecrit par Gilles Cervera , le Lundi, 30 Juin 2025. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Gallimard

J’écris l’Illiade, Pierre Michon, Gallimard 269 p. 21 € Edition: Gallimard

 

J’écris Michon

Ou plutôt je le crie !

Car Michon peut crier aussi. On le savait savant. On le savait minuscule et immense, on le savait montagnard des montagnes, ombré de vallées d’arbres, profondes, obscures, et on savait, grâce à lui, de savants pas moins les zincs où boire et apprendre, les rivières de sources blanches et les Beunes, bon, on savait tout ça de Michon, mais de Pierre que savait-on ?

Le lire s’impose plus que jamais. Il est vieux, il a son âge, deux mille ans pas moins.

Il est jeune, pubère à peine. Il baise en fontaines les princesses de jupes courtes, d’ailées jarretelles. Il n’est pas politiquement ni wokement correct. Il se moque de woke et se fout de MeToo, il est Pierre et sur ce royaume, in saecula saeculorum, Pierre Michon est notre Grand Auteur et Lecteur Difficile.

Les ombres nues, Patrick Martinez et [Notes fantômes], Sylvain Jamet (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 26 Juin 2025. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques

Les ombres nues – Patrick Martinez – Diabase Littérature – 16 euros – 116 p. – 25/02/25

 

Légers comme un souffle littéraire

 

« Moins vivace le souvenir sorti faire le tour du quartier avec lui, et qui s’embraserait, sans doute, un soir d’été.

Comme si les mots l’aidaient à savoir à quoi tenir, ayant fixé pour lui et bien avant qu’il se fût agrippé à eux, quelque chose valant probablement d’être humé, approché, touché. »

Les ombres nues

Parfois la mémoire se glisse entre deux traits de lumière, dans l’ombre vive – comment la nommer autrement ? -, que lui livre ses souvenirs. Tout l’art du romancier est de lier entre eux ces souvenirs, de tisser une matière romanesque, que la mémoire éclaire. Les ombres nues est ce tissage, dans le fil à fil du temps.

Seaside, Didier Ben Loulou (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Jeudi, 26 Juin 2025. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Arts, La Table Ronde, Israël

Seaside de Didier Ben Loulou, éd. La table ronde, 84 p., 2025, 28 € . Ecrivain(s): Didier Ben Loulou Edition: La Table Ronde

 

Les frontières et la mer

Le nouvel ouvrage photographique de Didier Ben Loulou vient de paraître. Photographe franco-israélien, né en 1958 à Paris, auteur de monographies et de livres d’artistes, Didier Ben Loulou expose régulièrement, et ses œuvres font partie de certaines collections publiques. Après des études de photographie et d’histoire de l’art, il s’installe en Israël en 1981 où il fera l’expérience du kibboutz à Ma’agan Michael. Durant les deux Intifada (1991 et 2008), il se consacre comme photographe à Jérusalem, pierre d’angle de son travail. Lauréat de la Villa Médicis hors les murs en 1995, il obtient une bourse du Fiacre (ministère de la Culture) en 1997. Il arpente les lieux méditerranéens, de Marseille à Jaffa, en passant par l’Italie, la Grèce et le Maghreb. L’auteur capte des fragments de paysages, reconstituant des sortes de carnets de voyage. Son avant-dernier livre en 2023 s’intitulait Judée.

La chatte, Colette (par Marie-Pierre Fiorentino)

Ecrit par Marie-Pierre Fiorentino , le Mercredi, 25 Juin 2025. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Le Livre de Poche, En Vitrine, Cette semaine

La chatte, Colette, Le livre de poche . Ecrivain(s): Colette Edition: Le Livre de Poche

Chez Colette (3)

 

« Mon petit ours à grosses joues…

Fine-fine-fine chatte…

Mon pigeon bleu…

Démon couleur de perle…»

 

« Me-rrouin ». « R…rrouin… ».

Colette possède l’art du mot juste pour toucher nos sens. Elle nous fait entendre Saha, surgie de la végétation sous la main d’Alain, « comme si elle naissait à son appel. » Car Saha a boudé toute la soirée.

De l’ombre, Saïd Sayagh (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Mardi, 24 Juin 2025. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie

De l’ombre, Saïd Sayagh, préf. Marc Wetzel, éd. bilingue français/arabe, éd. Mars-A, coll. Poésie sur tous les fronts, 94 p., 2025, 20 €

Il alla s’asseoir, dans le fauteuil, en face de la croisée, et il regarda la pièce où les rayons épars de la lampe perdaient, en se fondant dans la sombreur des coins, l’orange de leurs lueurs, [...]

Joris-Karl Huysmans, En ménage

Sombreur

De l’ombre est le recueil de Saïd Sayagh, dicté par téléphone à son épouse depuis son lit d’hôpital. Agrégé d’arabe, Saïd Sayagh, enseignant en poste à Montpellier, poète, calligraphe, romancier, a traduit de l’arabe Mahmoud Darwish, Salah Al Hamdani, Michel Eckhart-Elial, notamment. Si l’écrit permet une distance salvatrice, Saïd Sayagh est pris entre le Français, le Berbère, l’Arabe classique et l’Hébreu. Dans sa préface, Marc Wetzel note : « Les poèmes ici réunis, malgré leur sereine unité (d’expérience et de scansion), gardent quelque chose d’une anxiété centrale, car - lors de cette longue période de suspens de toute vitalité - la consolation de mourir n’a pas été trouvée ».