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Le Tigre Absence, Cristina Campo (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 08 Janvier 2024. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie, En Vitrine, Arfuyen, Cette semaine

Le Tigre Absence, Cristina Campo, éd. Arfuyen, Coll. Neige, trad. italien, Monique Baccelli, novembre 2023, 132 pages, 15 € Edition: Arfuyen

 

Hauteur

Le mot Hauteur m’est venu assez vite pour qualifier en propre comme au figuré cette poésie d’une grande force d’ascèse, qui trouve son expression dans une langue très retenue, mais sans formalisme, donc laissée vivante aux yeux du lecteur. Cristina Campo mêle à son poème quelque chose d’inouï, et que l’on pourrait traiter de sublime (si ce mot a encore une valeur intellectuelle), une poésie qui se justifie par sa rencontre avec l’essence de l’écriture. La poète circule presque avec pudeur dans son monde, son univers, son imaginaire, lesquels sont composés de figures dansées, espèce de ballet linguistique très organisé et ne laissant place à aucune erreur, aucun faux-pas (il faut donc faire confiance à la traductrice qui a restitué en français ces textes depuis l’italien). Textes de l’épure, plume aussi retenue que celle d’Emily Dickinson, emplis d’une spiritualité sans emphase. Voilà pour l’ordre d’idée auquel nous convie cette littérature, simplicité non affectée, peuplée du petit dieu ailé de l’opportunité du Kairos qui surgit çà et là, témoin d’une activité de création toujours en mouvement.

Cafés-Philo en France, Un malentendu & un échec, Jean-Christophe Grellety (par Marjorie Rafécas-Poeydomenge)

Ecrit par Marjorie Rafécas-Poeydomenge , le Lundi, 08 Janvier 2024. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Essais

Cafés-Philo en France, Un malentendu & un échec, Jean-Christophe Grellety, BoD Editeur, janvier 2023, 180 pages, 21 €

 

La mode des « cafés-philo » serait-elle née d’un idéalisme platonicien cultivé par de jeunes esprits à cheveux longs, fatigués du dogmatisme universitaire ? Jean-Christophe Grellety a appartenu à cette trempe chevelue et rebelle aux côtés de Marc Sautet, auteur d’Un Café pour Socrate et l’instigateur du premier « Café philosophique » en France.

Jean-Christophe Grellety est resté fidèle à cet engagement civique de Marc Sautet (hélas décédé en 1998), qu’il n’hésitait pas parfois à contredire et à titiller… Telle est la vertu du dialogue. Il continue à croire envers (en verve) et contre tout, à la puissance de la dialectique, et c’est pourquoi il persiste et signe par un nouvel essai (1) qui pourrait s’apparenter à un pamphlet contre la pensée moutonnière et paresseuse.

De natura florum, Clarice Lispector (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 22 Décembre 2023. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie, Langue portugaise, Arts, Editions Des Femmes - Antoinette Fouque

De natura florum, Clarice Lispector, éd. Des femmes-Antoinette Fouque, novembre 2023, trad. portugais (Brésil), Jacques & Teresa Thiériot, Claudia Poncioni, Didier Lamaison, ill. Elena Odriozola Belastegui, 50 pages, 17,50 € . Ecrivain(s): Clarice Lispector Edition: Editions Des Femmes - Antoinette Fouque

 

Les Jeux floraux, également appelés Floralies ou Floralia, étaient des fêtes célébrées dans la Rome antique en l’honneur de Flore, déesse des fleurs, des jardins et du printemps, d’origine sabine.

Le culte de celle-ci fut établi à Rome par Titus Tatius, roi légendaire de Cures Sabini, puis roi de Rome en même temps que Romulus.

Institués de façon annuelle en 173 av. J.-C. par les édiles curules, les Jeux floraux faisaient partie des plus anciens célébrés à Rome même. Ils se déroulaient du 27 avril au 2 mai.

Ils furent introduits dans tout l’Empire au fur et à mesure des conquêtes romaines, et fort appréciés des peuples conquis en raison de leur caractère licencieux (Source, Wikipédia).

Aimer sans savoir, être sans comprendre, Frederika Amalia Finkelstein (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 21 Décembre 2023. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, L'Arpenteur (Gallimard)

Aimer sans savoir, être sans comprendre, Frederika Amalia Finkelstein, Gallimard, Coll. L’Arpenteur, octobre 2023, 136 pages, 16 € Edition: L'Arpenteur (Gallimard)

« Cette chambre était celle de ma mère et c’est maintenant la mienne. Les chambres contiennent des strates de mémoire : elles sont comme les contes que l’on narre le soir aux enfants. Leur matière, leurs trésors se transmettent comme un flambeau, d’une mémoire à une autre, avec la tendresse et la fragilité d’un récit fantasque où tout est à peu près possible ».

Aimer sans savoir, être sans comprendre, est le troisième roman de Frederika Amalia Finkelstein, après L’Oubli, et Survivre, un roman de l’enfance et des origines, de l’Argentine où elles se cristallisent, roman de la perte et des disparitions. La narratrice revient dans l’appartement familial à Buenos Aires, d’où elle visualise sa maison d’enfance à Miramar, qui condense en un mot le désir de regarder la mer et d’avoir son regard qui s’y perd, ce roman est aussi celui du désir et du regard. L’appartement, cet îlot de vie et de résistance, a gardé toutes les traces vibrantes du passé, de ceux qui l’ont habité, sa mère, ses grands-parents, les murs l’ont protégé des atteintes du Temps et de l’oubli, pour sauvegarder la présence du défunt.

Au sud de la frontière, à l’ouest du soleil, Haruki Murakami (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Jeudi, 21 Décembre 2023. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Roman, Belfond, Japon

Au sud de la frontière, à l’ouest du soleil, Haruki Murakami, éd. Belfond, novembre 2023, trad. japonais, Corinne Atlan, 224 pages, 21 € Edition: Belfond

 

Hajime est fils unique. C’est une exception, une sorte de tare dans le Japon de l’après-guerre, où il est convenu de compter en moyenne trois enfants par famille. Il en souffre et a tendance, dans son enfance, à rechercher la compagnie d’autres enfants sans fratrie. C’est ainsi qu’il se lie de profonde amitié, vers l’âge de douze ans, avec Shimamoto-San, jeune voisine et condisciple du même âge, affectée d’un handicap qui lui confère une allure claudicante.

« Au début, nous nous sentîmes plutôt mal à l’aise l’un avec l’autre. C’est souvent le cas entre une fille et un garçon de cet âge-là. Mais lorsque nous eûmes compris que nous étions tous deux des enfants uniques, nos échanges devinrent vite vivants et intimes ».

Surviennent un déménagement et un changement de collège pour Hajime, de nouvelles fréquentations pour chacun des deux adolescents, le sentiment de ne plus appartenir au même monde.