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Nous les vivants, Ayn Rand (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Jeudi, 08 Février 2024. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, USA, Roman, Les Belles Lettres

Nous les vivants, Ayn Rand, Les Belles-Lettres, mai 2023, trad. anglais (États-Unis), Élisabeth Luc, 606 pages, 23,90 € Edition: Les Belles Lettres

 

Bien que la France se targue (ou se targuât ?) d’être à la fine pointe du goût et de la modernité, elle ignore coupablement le nom d’Ayn Rand (1905-1982). Née Alissa Rosenbaum, dans une famille juive de Saint-Pétersbourg, d’un père pharmacien, elle fut en sa jeunesse une lectrice assidue des grands auteurs français. La famille perdit ses biens lors de la Révolution de 1917 et, après différentes étapes, dont quelques années en Crimée, la jeune fille s’exila aux États-Unis, travaillant pour Hollywood et publiant en 1936 son premier roman, Nous les vivants. D’autres suivront qui connaîtront le succès, car une des originalités de celle qui avait choisi le pseudonyme d’Ayn Rand fut de couler ses préoccupations philosophiques dans la forme romanesque, son œuvre la plus fameuse (dans son pays d’adoption en tout cas) étant Atlas Shrugged (Le Réveil d’Atlas, publié en France sous le titre de La Grève).

Nietzsche au piano, Frédéric Pajak (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Mardi, 06 Février 2024. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Récits, Arts, Editions Noir sur Blanc

Nietzsche au piano, Frédéric Pajak, Les Editions Noir sur Blanc, janvier 2024, 96 pages, 15 € Edition: Editions Noir sur Blanc

 

« À le lire et à le relire, on s’aperçoit que la musique imprègne son écriture : ses phrases sont toujours musicales, ses livres sont des symphonies. Nietzsche est musicien avant tout ; la musique ne l’a jamais quitté. Sa vie se lit à livre ouvert dans les quelques partitions qu’il nous a laissées, et qu’il faut entendre pour ce qu’elles sont : des promesses ».

« Paris, la Provence, Florence, Jérusalem, Athènes, ces noms-là prouvent une chose : c’est que le génie ne saurait vivre sans un air sec et un ciel pur, c’est-à-dire sans échanges rapides, sans la possibilité de se ravitailler continuellement en énergie par énormes quantités » (Friedrich Nietzsche, Ecce Homo, traduction d’Alexandre Vialatte, 10/18).

L’Auteur ! l’auteur !, David Lodge (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Mardi, 06 Février 2024. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Iles britanniques, Roman, Rivages poche

L’Auteur ! l’auteur !, David Lodge, Rivages Poche, octobre 2023, trad. anglais, Suzanne V. Mayoux, 528 pages, 12 €

Pour L’Auteur ! l’auteur !, publié en 2004, David Lodge se fait romancier du réel d’un… autre romancier. En effet, il s’appuie, pour raconter essentiellement la frustration d’Henry James par rapport au succès littéraire, en particulier théâtral, sur « des sources factuelles », mentionnées en fin de volume, et tous les personnages de ce roman ont bel et bien existé, certains ayant été voire étant toujours renommés. Lodge, ainsi qu’il l’écrit en préambule, a « usé d’une licence de romancier en relatant ce qu’ils pensèrent ou ressentirent et les propos qu’ils échangèrent », d’où un fort travail sur des dialogues enlevés, à la teneur et au rythme plausibles, et une grande profondeur psychologique globale offerte à tous les personnages principaux, qu’il s’agisse de James, ses amis, sa famille ou même ceux à son service, secrétaires ou domesticité. Le travail romanesque est aussi lié à la structure du roman, remarquable parce qu’elle permet un aperçu de la carrière et la vie privée d’Henry James tout en restreignant la narration à son agonie et sa mort (première et quatrième parties, les plus brèves, de décembre 1915 à février 1916), et à son désir de devenir un auteur dramatique reconnu, de 1880 à 1897, année où il emménage à Lamb House, son refuge idéal trouvé après des années de villégiatures diverses et même un vague projet vénitien.

Désappartenir, Psychologie de la création littéraire, Sophie Képès (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Lundi, 05 Février 2024. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Essais, Editions Maurice Nadeau

Désappartenir, Psychologie de la création littéraire, Sophie Képès, Editions Maurice Nadeau, octobre 2023, 234 pages, 19 € Edition: Editions Maurice Nadeau

 

Désappartenir.

Psychologie de la création littéraire.

L’association titre et sous-titre, énigmatique a priori, prend rapidement sens à la lecture de cet ouvrage dense que l’autrice qualifie d’essai autobiographique.

Sophie Képès a publié une partie de son œuvre sous le nom de Nila Kazar, ce qu’elle analyse ici avec le recul comme le désir d’effacer son appartenance à une ascendance dont elle a découvert que certains de ses membres, y compris son propre père, ont eux-mêmes occulté le lignage ashkénaze, tout en adoptant paradoxalement ponctuellement un pseudonyme par l’usage duquel elle se rattache volontiers à un arbre généalogique profondément enraciné en Hongrie. L’usage systématique du TU au lieu du JE contribue à ce souci d’effacement de soi.

Le meilleur de l’Europe pour les femmes, Collectif coordonné par Violaine Lucas (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 02 Février 2024. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Essais, Editions Des Femmes - Antoinette Fouque

Le meilleur de l’Europe pour les femmes, Collectif coordonné par Violaine Lucas, Préface de Gisèle Halimi, éd. Des femmes Antoinette Fouque, novembre 2023, 9 € Edition: Editions Des Femmes - Antoinette Fouque

 

Hommage à Gisèle Halimi : questions juridiques, Europe des femmes

Cet ouvrage collectif, Le meilleur de l’Europe pour les femmes, est la poursuite actualisée du texte La Clause de l’européenne la plus favorisée, publié sous la direction de Gisèle Halimi en 2008, laquelle avait cofondé l’association Choisir la cause des femmes avec Simone de Beauvoir en 1971.

Défendre une Europe équitable avec la pleine participation des femmes a été le but et le combat de la grande avocate, militante féministe, députée et ambassadrice de France à l’UNESCO franco-tunisienne Gisèle Halimi (née Zeiza Gisèle Élise Taïeb en juillet 1927 à La Goulette, dans une famille juive d’origine modeste, et morte en 2020 à Paris). Droit à l’avortement, à la libre disposition de son corps (sans stigmatiser les « femmes prostituées », ce qui ne fait pas l’unanimité chez les féministes), pour l’abrogation de la peine de mort, « contre la loi de la jungle, celle de l’égalité et du respect de tous », fut et reste le leitmotiv du discours de cette forte personnalité.