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Articles taggés avec: Gosztola Matthieu

Un peu de parole dans un âge de fer (pour un chant odeur de nouveau-né), Jean-Marc Fournier

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Lundi, 10 Octobre 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Livres décortiqués, Poésie, Les Vanneaux

Un peu de parole dans un âge de fer, mai 2016, 138 p. 18 € . Ecrivain(s): Jean-Marc Fournier Edition: Les Vanneaux

Dans le seau reste un peu d’eau,

Offrande aux bêtes et aux dieux,

Ne la buvez pas.

Quelque chose dans la vie

Ne doit pas nous servir.

Sinon la mélodie des mondes

Nous resterait inaudible.

Ce qu’écrit Jean Starobinski de l’acte poétique de Pierre Jean Jouve pourrait convenir parfaitement à celui de Jean-Marc Fournier : « [u]n tel acte poétique, qui met le mystère en lumière sans lui retirer sa qualité de mystère, peut apparaître comme un acte de connaissance, si nous acceptons l’idée d’une connaissance engagée sur d’autres voies que celles du savoir objectif.

Épître langue louve, Claude Ber

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Mardi, 04 Octobre 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie

Épître langue louve, Éditions de l’Amandier, Coll. Accents graves, Accents aigus, 2015, 111 pages, 15 € . Ecrivain(s): Claude Ber

 

Il y a entre Claude Ber et René Char une affinité profonde. En ce sens, ce qu’écrit Jean Starobinski de Char vaut aussi pour Ber, – et il convient, bien sûr, de retirer au terme « violence » tout le péjoratif imaginable (qui ne se trouve nullement, du reste, dans la bouche de Starobinski) : « L’on voit d’ordinaire en Char un poète de l’énergie violente […]. Mais on omet trop souvent d’ajouter que c’est là ce qui l’habilite à être un poète de l’amour. Violence et tendresse, loin d’être exclusives l’une de l’autre, doivent s’allier pour répondre à l’inconnu, quand celui-ci vient à nous sous l’aspect miraculeux de la chance et de la faveur. La chance s’annonce dans des personnes, dans des vivants, dans des visages : ce n’est plus un horizon neutre, c’est un être offert dans sa singularité charnelle ». « Le poème est toujours marié à quelqu’un » écrit en effet Char dans « Partage formel » (in Fureur et mystère).

Cela, on le ressent, fortement, à la lecture du dernier livre de Claude Ber : Épître langue louve. Poème pluriel de l’énergie folle, où le corps existe follement par la langue, par le travail effectué sur la langue, c’est également – et d’abord – un poème d’amour.

A propos de "Le livre, la table, la lampe" de Claude Ber

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Vendredi, 23 Septembre 2016. , dans La Une CED, Les Chroniques

Le livre, la table, la lampe, Claude Ber, Éditions le Grand incendie, Coll. Les Petites anthracites, 2010 (réédition in "il y a des choses que non", Editions Bruno Doucey, 2017)

 

Le livre, la table, la lampe est dédié – notamment, comme nous le verrons – à René Char. Jean Starobinski constate avec justesse : « Il n’est aucun poème, aucune ligne de René Char qui ne nous donne le sentiment de l’ouverture. Un espace accru apparaît devant nous, s’illumine en nous. Cet espace s’offre à nos yeux ouverts. Il n’a pas les facilités du songe : c’est le volume foisonnant et rude de notre séjour terrestre, c’est l’instant de notre souffle présent, révélés dans leur étendue plénière. Quelque chose d’immense, d’intense, s’annonce impérieusement. […] La parole poétique s’environne d’un en deçà et d’un au-delà qui ne sont pas atteints et nommés, mais que l’énergie du poème ne cesse de désigner. Le sentiment d’ouverture, plus encore qu’il ne résulte de l’étendue offerte à la domination de notre regard, tient à la façon dont René Char, en donnant au présent et à la présence tout leur éclat, sauvegarde l’intégrité du lointain et de l’absence. La grande alchimie du poème consiste à impliquer dans le présent du langage, dans le mouvement actuel de la parole, une relation vigilante avec ce qui ne se laisse ni posséder ni nommer, avec ce qui s’annonce et se dérobe dans l’intervalle absolu ».

Derrière le dos de Dieu, Lorand Gaspar

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Samedi, 17 Septembre 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie, Gallimard

Derrière le dos de Dieu, 111 pages, 14,90 € . Ecrivain(s): Lorand Gaspar Edition: Gallimard

 

Par le seul titre de son nouveau recueil de poèmes, qui s’inscrit dans l’œuvre complète de telle sorte qu’il semble inséparable du précédent recueil intitulé Patmos, et publié chez Gallimard en 2001, Lorand Gaspar parle tout à la fois de son goût pour Dieu et de son goût pour les voyages, l’un et l’autre se révélant inséparables.

En effet, « Derrière le dos de Dieu » est le « nom donné à cette région de la Transylvanie orientale où se situent les rudes villages des hauts plateaux des Carpates ». Les grands-parents de l’auteur viennent de cette belle région rocailleuse et inhumaine. D’où, peut-être, en partie, le goût de toujours de l’auteur pour l’austérité des déserts (la montagne et le désert étant plus proches qu’on pourrait le penser, l’un et l’autre forçant l’homme à ne s’intéresser qu’à son environnement, à cette chair de la terre qui prend soudain toute la place, physique et psychique).

Album Shakespeare, Iconographie commentée, Denis Podalydès (La Pléiade)

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Vendredi, 09 Septembre 2016. , dans La Une Livres, La Pléiade Gallimard, Les Livres, Critiques, Théâtre

Album Shakespeare, Iconographie commentée, Denis Podalydès, mai 2016, 256 pages, 28 € . Ecrivain(s): William Shakespeare Edition: La Pléiade Gallimard

 

 

En chaque œuvre de Shakespeare (hormis les sonnets), l’on voit éclore, grandir, puis mourir cette énergie sans pareille qu’est l’énergie théâtrale, énergie qu’il ne faut en aucun cas « saper » lorsque l’on doit traduire telle ou telle pièce du grand William, comme l’a remarqué Jean-Michel Déprats.

Cette énergie est tout. Elle est le visage de la joie (l’intrigue aurait-elle partie liée avec le malheur), comme l’a rappelé – notamment – Valérie Dréville. En 1987, elle participe à « l’aventure historique » du Soulier de satin de Claudel mis en scène par Vitez au Festival d’Avignon.