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Articles taggés avec: Duclos Marie

Le Train des enfants (Il treno dei bambini), Viola Ardone (par Marie Duclos)

, le Mardi, 28 Novembre 2023. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Italie, Roman, Le Livre de Poche

Le Train des enfants (Il treno dei bambini), Viola Ardone, Le Livre de poche, 2022, trad. italien, Laura Brignon, 288 pages, 8,40 € Edition: Le Livre de Poche

Le roman débute à Naples en 1946 où vit Amerigo, encore garçonnet, seul avec sa mère Antonietta dans un petit appartement mais la plupart du temps dans une rue peuplée de voisins, de voisines qui s’interpellent et partagent un quotidien précaire, sonore et coloré.

Amerigo va découvrir un autre monde, celui du Nord de l’Italie, celui d’une famille nombreuse « d’obédience » communiste et celui de la musique. Pour cela il a fallu prendre Il treno dei bambini, malgré les rumeurs insistantes, il a fallu attendre à l’arrivée qu’une personne le choisisse… Ce sera Derna dévouée à la cause politique. Et c’est Amerigo qui raconte, qui nous emmène dans ses pensées au quotidien, ses peurs, ses espoirs, ses réussites en calcul et ses déceptions, son analyse du monde adulte et des sentiments avec un mélange de légèreté et de philosophie :

« L’après midi, à l’atelier, alors qu’on cirait un piano qu’on devait rendre, Alcide m’avait dit que les enfants méchants ça n’existe pas. C’est que des préjugés, c’est quand tu penses quelque chose avant même de le penser parce que quelqu’un te l’a mis dans la cervelle et qu’il y est resté bien planté ».

Les Jours de Saveli, Grigori Sloujitel (par Marie Duclos)

, le Mercredi, 23 Novembre 2022. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Editions des Syrtes

Les Jours de Saveli, Grigori Sloujitel, Editions des Syrtes, août 2022, trad. russe, Maud Mabillard, 330 pages, 22 € Edition: Editions des Syrtes

 

Ce roman raconte les pérégrinations d’un chat aux multiples vies et multiples ressources. C’est une sorte de conte anthropomorphique plein de charme et empreint d’une certaine philosophie. L’unité de lieu est Moscou dont on découvre les quartiers et l’ambiance à vue de chat. L’œil est aiguisé, et l’odorat présent, les descriptions sont précises, des bords de la Iaouza, à la banlieue, au centre de la ville et dans le jardin Bauman.

Les rencontres de ce chat indépendant et bavard lui font partager la caisse « chiquita » avec ses sœurs et sa mère, les visites de Tante Madeleine, des vies en famille avec plusieurs générations, avec des étudiants Kirghizes, avec un vieux gardien, avec des comparses et autres animaux puis dans un « barachats ». Son destin est émaillé de nouveaux prénoms, de ballades, de petits plats et de rencontres dont la dernière avec la jeune Greta lui fera connaître un grand amour aux yeux verts.

Hamnet, Maggie O’Farrell (par Marie Duclos)

, le Mardi, 15 Février 2022. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Iles britanniques, Roman, Belfond

Hamnet, Maggie O’Farrell, Ed. Belfond, avril 2021, trad. anglais (Irlande) Sarah Tardy, 368 pages, 22,50 € Edition: Belfond

 

Cette œuvre de fiction nous transporte au 16ème siècle dans la famille de Shakespeare dans la campagne anglaise.

Hamnet est le frère jumeau de Judith. C’est une deuxième naissance dans ce foyer un peu insolite mélangeant des histoires de famille complexes avec des personnalités dont la vie et les tourments sont décrits avec détails, force et délicatesse dans un langage poétique malgré la dureté du monde qui les entoure.

La poésie est aussi restituée par le tempérament et les activités d’Agnès, maman des jumeaux et d’une première fille, Susanna. Agnès est l’épouse de Shakespeare qui est plutôt évoqué comme le précepteur de latin, le fils puis le père puis l’écrivain et directeur de troupe à Londres.

Agnès a la connaissance des plantes médicinales et de la nature en général, ce qui occupe ses journées. Elle dispense des soins à ceux qui frappent à sa porte jusqu’au jour où la maladie « pestilentielle » et ses bubons rentre dans la maison et touche les deux jumeaux.

Un été sans les hommes, Siri Hustvedt, Actes Sud (par Marie Duclos)

, le Mardi, 07 Décembre 2021. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Babel (Actes Sud), Roman, USA

Un été sans les hommes, trad. anglais, Catherine Le Bœuf, 224 pages, 18,30 € . Ecrivain(s): Siri Hustvedt Edition: Babel (Actes Sud)

 

Ce roman est une pérégrination entre générations, déclenchée par une pause sentimentale entre Mia, épouse blessée qui déroule le récit, et son mari Boris, neurobiologiste. Le ton peut être humoristique quand Mia nomme la maîtresse de son mari « la Pause », mais il devient triste et touchant lorsqu’elle explique que cet événement a déclenché son hospitalisation en milieu psychiatrique pour une psychose.

Mia, à la suite de cet enfermement, va rejoindre sa mère et reprendre une vie relationnelle à distance de son mari. Ces relations vont aller du club de lecture de sa mère à la classe de poésie qu’elle anime pour un groupe d’adolescentes complexes, en passant par une voisine mère de famille au bord de la rupture. Mia analyse avec finesse et précision les états d’âme de toutes ces personnes et va de l’une à l’autre. La fiction est donc composée de plusieurs voix émanant de femmes d’âge différent et vivant des situations différentes. Elle se nourrit aussi de chacun, mais surtout elle prend le parti de donner d’elle-même, ce qui lui permet de prendre de la distance par rapport à son aventure conjugale qu’elle aborde avec une intelligence émotionnelle retrouvée peu à peu au contact des autres et de sa fille Daisy.

Des milliers de lunes, Sebastian Barry (par Marie Duclos)

, le Mercredi, 08 Septembre 2021. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Joelle Losfeld, Iles britanniques, Roman

Des milliers de lunes, août 2021, trad. irlandais, Laetitia Devaux, 240 pages, 21 € . Ecrivain(s): Sebastian Barry Edition: Joelle Losfeld

 

Lorsque l’on referme ce livre, on s’attend à tourner la tête et croiser le regard curieux et mélancolique de Winona Cole, orpheline indienne lakota, sur son mulet à la lisière d’une forêt. Son personnage est riche de ses origines mélangées à sa drôle d’éducation par deux hommes qui après avoir été soldats travaillent dans une ferme qui ne leur appartient pas. Nous sommes dans le Tennessee au cours des années qui suivent la guerre de sécession.

Très vite le lecteur vit les relations de ces personnes pauvres qui font au mieux pour élever Winona en compagnie de Lige, le propriétaire de la ferme, et Rosalee, ancienne esclave, et son fils, et qui travaillent dur. Les sentiments et émotions de chacun sont analysés avec le regard à la fois acéré́ et tendre de la jeune indienne. Le texte allie ainsi légèreté́, profondeur et poésie. La société́ américaine après la guerre est nourrie de violence à l’égard des indiens et des anciens esclaves. Les réflexes identitaires sont très présents.