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Articles taggés avec: Ceriset Parme

Ozane, Claude Donnay (par Parme Ceriset)

Ecrit par Parme Ceriset , le Mardi, 23 Avril 2024. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Poésie

Ozane, Claude Donnay, éditions M.E.O, février 2024, 250 pages, 22 €

 

Lorsqu’on ouvre un livre dont on sait qu’il aborde le thème de la Shoah, il y a toujours cette étrange sensation de glace qui envahit le corps, se répand de la page aux doigts du lecteur, et ne le lâche pas. Des images nous viennent à l’esprit ; des mots aussi ; ceux de Primo Levi notamment, qui résonnent dans le vide avec force et gravité : « Considérez si c’est un homme / Que celui qui peine dans la boue / Qui ne connaît pas de repos / Qui se bat pour un quignon de pain / Qui meurt pour un oui pour un non. / Considérez si c’est une femme / Que celle qui a perdu son nom et ses cheveux / Et jusqu’à la force de se souvenir / Les yeux vides et le sein froid / Comme une grenouille en hiver… ».

Il est très difficile d’écrire sur ce thème après cela, après ces mots gravés sur les murs du temps. Et Claude Donnay a su le faire, dans le roman Ozane, avec sobriété, humilité, dans une écriture à la fois poétique et dure, avec des mots justes, pour rendre hommage à Eliane Gillet et sa famille, et à tous les autres aussi, pour que l’on n’oublie pas…

Des chemins pleins de départs, Martine Rouhart (par Parme Ceriset)

Ecrit par Parme Ceriset , le Mercredi, 03 Avril 2024. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Poésie

Des chemins pleins de départs, Martine Rouhart, Toi Édition, janvier 2024, 68 pages, 12 € . Ecrivain(s): Martine Rouhart

 

Comme le dit Bruno Mabille dans la préface, la poésie de Martine Rouhart a cela d’extraordinaire que « rien n’y pèse, pas même les choses graves ». Et en effet, c’est ce qui donne toute leur force à ses poèmes peuplés d’oiseaux, à ses mots en apparence légers car souvent « ailés », mais seulement en apparence, car ils sont en réalité toujours empreints d’une certaine gravité, même si elle ne se perçoit pas au premier abord. Elle se propage dans l’esprit du lecteur avec délicatesse et douceur, dans des paysages « floutés » par une « eau intranquille ».

Comme chez Philippe Jaccottet, il est question de « labyrinthes ». Et les « chemins pleins de départs » de Martine Rouhart rappellent par leur beauté sobre les « chemins presque effacés » du poète dans L’encre serait de l’ombre. Là où, chez Martine Rouhart, certains souvenirs sont « aussi lointains que le bleu des montagnes », et certains mots sont « déjà perdus », Philippe Jaccottet affirme que « les chemins parlent, ou peu s’en faut, en se perdant ».

Ma Voix silence, Elisabeth Granjon (par Parme Ceriset)

Ecrit par Parme Ceriset , le Mercredi, 17 Janvier 2024. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Poésie

Ma Voix silence, Elisabeth Granjon, éditions La Rumeur libre, 2021, 88 pages, 10 €

 

Réalise-t-on toujours l’importance du langage comme vecteur d’intégration à une communauté humaine ? Selon le sociologue Pierre Bourdieu, les échanges langagiers ne reposent pas sur « un simple partage ». En effet, des jeux de pouvoir et de domination sont à l’œuvre entre les interlocuteurs. Ainsi, il en découle que celui ou celle qui ne maîtrise pas la langue d’un pays où il vient d’arriver se retrouve exclu du tissu social et privé de tout lien égalitaire avec ses semblables.

Dans le recueil, Ma Voix silence, postfacé par Patrice Vandamme, Elisabeth Granjon réussit la prouesse de se glisser dans la peau d’une femme qui se trouverait dans cette situation. « Je suis l’autre », dit-elle. « Leur étrangère. L’autre / Seulement l’autre / Étrange / Étrangère ».

Le Matin des Pierres, Guillaume Dreidemie (par Parme Ceriset)

Ecrit par Parme Ceriset , le Mercredi, 13 Décembre 2023. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Poésie

Le Matin des Pierres, Guillaume Dreidemie, Editions La Rumeur Libre, mars 2023, 80 pages, 14 €

 

Le Matin des Pierres, voilà un titre qui interpelle et plonge immédiatement le lecteur dans une atmosphère à la fois puissante et mystérieuse, l’acheminant vers un lieu imaginaire situé hors référentiel qui réunirait la grâce éphémère des matins et l’intemporalité des pierres.

Le poète, dans sa quête spirituelle, aspire ici à retrouver la pureté, la spontanéité, la sincérité de l’enfance perdue :

« Nous devrions poursuivre ce geste enfantin / Patientant les sources / Pour rafraîchir les mains / Oubliant de boire / Pour tendre la main ».

Il s’agit d’apprendre continuellement l’Amour, de le réinventer en somme, comme le suggérait Arthur Rimbaud, de deviner « ce qu’aimer veut dire », ce sens du mot que nous égarons dans les méandres du quotidien, « dans l’habitude de vivre ».

Le Trou de ver, Patrick Devaux (par Parme Ceriset)

Ecrit par Parme Ceriset , le Vendredi, 07 Juillet 2023. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Poésie, Le Coudrier

Le Trou de ver, Patrick Devaux, éditions Le Coudrier, février 2023, Ill. Catherine Berael, 60 pages, 16 € Edition: Le Coudrier

 

Se pourrait-il que la poésie soit créatrice d’un lien imperceptible entre les vivants et les morts, un « trou de ver » qui relierait deux régions distinctes de l’espace-temps, comme il en existe en astrophysique ?

Se pourrait-il qu’une « main blanche », celle d’un ange, revienne de l’après-vie et tende au poète un poème ultime, celui qui n’a encore jamais été écrit ?

Tout est possible dans l’univers de l’imaginaire, de l’art, et les métaphores de Patrick Devaux savent ressusciter les absents, immortaliser leurs parfums, la trace de leur passage. Bien sûr, chacun peut y croire ou non, car « les témoins se font rares », et « il reste si peu de nous », parfois un simple geste furtif « dans la mémoire d’un rétroviseur », à l’instant d’un drame irréparable, inoubliable, que personne n’a vu venir :