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Articles taggés avec: Verdun Olivier

Sauvegarde, Journal 2001-2003, Imre Kertész (par Olivier Verdun)

Ecrit par Olivier Verdun , le Mercredi, 09 Novembre 2022. , dans La Une Livres, Actes Sud, Les Livres, Critiques, Essais, Pays de l'Est

Sauvegarde, Journal 2001-2003, Imre Kertész, Actes Sud, 2012, trad. hongrois, Natalia Zaremba-Huzsvai, Charles Zaremba, 223 pages, 19,80 € . Ecrivain(s): Imre Kertész

 

« La vie est une erreur que même la mort ne répare pas » (Imre Kertész, Sauvegarde, p.82).

« Depuis notre naissance, nous sommes des prisonniers condamnés à mort ; moi, le destin me le rappelle sans cesse. Et comme je suis partisan des principes raisonnables, je ne peux en vouloir à personne pour cela. De ce point de vue, Job avait la partie facile, avec son Dieu amateur de paris » (ibid., p.87).

Pour ceux qui ne connaissent pas Imre Kertész, prix Nobel de littérature en 2002, il faut lire Sauvegarde, le journal que le grand écrivain hongrois a tenu de 2001 à 2003. On y découvrira un homme au soir de sa vie, diminué par la maladie de Parkinson qui restreint l’usage de sa main et qui le contraint à tenir son journal grâce à un ordinateur – un homme profondément lucide sur le monde et sur lui-même, taraudé par les « humiliations physiques de la vieillesse », arpentant les « antichambres grises de la mort », un homme d’une sincérité absolue, à l’ironie subtile et jamais cynique, qui n’hésite pas à déclarer, avec la verve qu’on lui connaît : « Je ne suis pas un humaniste, il me reste encore quelque sentiment humain ».

L’approche de Delft, De la peinture hollandaise & de Marcel Proust, Daniel Kay (par Olivier Verdun)

Ecrit par Olivier Verdun , le Jeudi, 13 Octobre 2022. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

L’approche de Delft, De la peinture hollandaise & de Marcel Proust, Daniel Kay, éditions Isolato, 2011, 71 pages, 14 €

Le livre tout en finesse de Daniel Kay, L’approche de Delft, publié en 2011 par Isolato, se propose, en quatre chapitres particulièrement denses, de tisser des liens entre la peinture hollandaise, dont Vermeer de Delft constitue le parangon, et l’œuvre de Marcel Proust, A la recherche du temps perdu. Il s’agit de mettre au jour la façon dont une œuvre d’art, qu’elle soit picturale ou littéraire, opère une transfiguration allégorique du réel le plus ordinaire. L’idée, très hégélienne au fond, qui sous-tend cette réflexion, est qu’il n’y a pas, en art, de réalisme stricto sensu, à quoi on tend souvent à réduire, à tort, la peinture hollandaise, accusée de prosaïsme bourgeois, comme le croit, par exemple, Eugène Fromentin dans Les maîtres d’autrefois : selon lui, le but des peintres hollandais du XVIIe siècle, qui excellent dans la peinture de genre, c’est-à-dire dans la représentation de la vie quotidienne, est « d’imiter ce qui est, de faire aimer ce qu’on imite, d’exprimer nettement des sensations simples, vives et justes ».

Protest Song, La chanson contestataire dans l’Amérique des Sixties, Yves Delmas, Charles Gancel (par Olivier Verdun)

Ecrit par Olivier Verdun , le Mercredi, 05 Octobre 2022. , dans La Une Livres, Les Livres, Arts, Recensions, Le Mot et le Reste

Protest Song, La chanson contestataire dans l’Amérique des Sixties, Yves Delmas, Charles Gancel, Editions Le Mot Et Le reste, Coll. Attitudes, août 2012, 456 pages, 26 € Edition: Le Mot et le Reste

 


Le livre que signent Yves Delmas et Charles Gancel aux Éditions Le Mot Et Le reste, Protest Song, La chanson contestataire dans l’Amérique des Sixties, se définit d’emblée non comme un livre d’Histoire mais d’histoires, non comme un documentaire, mais un concert. Il s’agit, au fil des morceaux de l’époque, depuis l’arrivée de Bob Dylan à New York en 1961 jusqu’au concert de Joan Baez en 1972, chantant sous les bombes américaines à Hanoï, de retracer à travers le prisme de la chanson contestataire américaine la révolution musicale et sociale des années soixante.

Contes de la rue Broca, Pierre Gripari (par Olivier Verdun)

Ecrit par Olivier Verdun , le Jeudi, 29 Septembre 2022. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Jeunesse, Grasset

Contes de la rue Broca, Pierre Gripari, ill. Claude Lapointe, 25 € . Ecrivain(s): Pierre Gripari Edition: Grasset


Les Contes de la rue Broca, qu'ont réédité pour notre plus grand bonheur les Éditions Grasset-Jeunesse et qui sont superbement illustrés par Claude Lapointe, est sans conteste l’œuvre la plus célèbre du truculent Pierre Gripari. Traduite dans le monde entier, elle paraît pour la première fois en 1967 aux Éditions de la Table Ronde et passe étrangement inaperçue à cette époque. En 1982, quatre de ces contes sont adaptés pour la télévision par Patrick Le Gall et Alain Nahum.

Il s’agit d’une anthologie de treize histoires (La sorcière de la rue Mouffetard, La Fée du robinet, La patate est une star, L’idiot deviendra une star…) guidée par l’humour facétieux, la fantaisie, le sens du rythme, la magie des mots. Chaque récit a pour toile de fond la rue Broca qui est située dans le cinquième arrondissement de Paris, près des Gobelins, mais qui, note l’auteur dans la préface, n’est pas une rue comme les autres : « Tel l’univers d’Einstein, Paris, en cet endroit, présente une courbure, et passe, pour ainsi dire, au-dessus de lui-même […] la rue Broca, comme la rue Pascal, est une dépression, une rainure, une plongée dans le sub-espace à trois dimensions ».

Anthologie du théâtre français du 20ème siècle, Écrire le théâtre de son temps (par Olivier Verdun)

Ecrit par Olivier Verdun , le Lundi, 19 Septembre 2022. , dans La Une Livres, Anthologie, Les Livres, Critiques, Folio (Gallimard)

Anthologie du théâtre français du 20ème siècle, Écrire le théâtre de son temps, anthologie et dossier réalisés par Cécile Backès, lecture d’image par Henri Scepi, 383 pages, 8,90 € Edition: Folio (Gallimard)


L’anthologie qui nous est ici offerte par Cécile Backès regroupe une trentaine d’extraits présentant un panorama historique du théâtre français du 20ème siècle. D’Émile Zola à Yasmina Reza, de Roger Vitrac à Marie N’Diaye, en passant par une pléiade d’auteurs connus et reconnus – Albert Camus, Samuel Beckett, Bernard-Marie Koltès, etc. –, cet ouvrage condense en 383 pages des pièces qui ont fait événement, qui sont synonymes de ruptures esthétiques, qui ont créé la surprise ou le rejet parfois. Le décor est campé dès la première page : « On trouvera ici des premières pièces, des chefs-d’œuvre, des naissances et des apogées. Des pièces à “message”, des pièces à “thèse”, des langues qu’on dirait étrangères, des langages inouïs, des formes inconnues. Toutes sont des actes poétiques ».