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Le Signe et la touche, Philosophie du toucher, Michel Guérin (par Pierre Windecker)

Ecrit par Pierre Windecker , le Mercredi, 10 Janvier 2024. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Essais, Hermann

Le Signe et la touche, Philosophie du toucher, Michel Guérin, éditions Hermann, octobre 2023, 104 pages, 18 €

 

 

« La pensée cristalline, le style fluide et poétique de Michel-Charles Guérin font de la lecture de cet essai un exercice d’intelligence et un véritable moment de littérature. Un éclairage essentiel sur les syntaxes constitutives de l’art ».

(Léon-Marc Lévy, sur le site Facebook du club de La Cause littéraire).

 

Le sujet de ce dernier livre de Michel Guérin, annoncé comme « protéique », c’est « l’ensemble formé par toucher/être, touché/le toucher/la touche » (p.11). Riche est en effet la matière abordée : successivement le « toucher » (et l’« être touché ») lui-même entre contact épidermique et émotion du cœur ; puis le dessin, et la touche en peinture ; enfin, l’écriture, et surtout la prise de risque (on l’évoquera plus loin) qui donne naissance à l’écriture littéraire et poétique.

La Troisième Main, Des techniques matérielles aux technologies intellectuelles, Michel Guérin (par Pierre Windecker)

Ecrit par Pierre Windecker , le Mercredi, 05 Janvier 2022. , dans La Une CED, Actes Sud, Les Chroniques, Les Livres, Essais

La Troisième Main, Des techniques matérielles aux technologies intellectuelles, Michel Guérin, Actes-Sud, octobre 2021, 224 pages, 23 €

Disons-le tout de suite. A mesure qu’on avance dans la lecture de La Troisième Main, un sentiment s’installe et gagne peu à peu la force de l’évidence : voilà un livre qui fraye un chemin qui n’est pas encore relevé sur les cartes de l’anthropologie. Il ouvre dans l’enquête sur l’humain un nouvel espace de compréhension et de recherche, qui permet de se repérer tout autrement dans la traversée de champs qui ont été déjà parcourus longuement et en tous sens, parce qu’ils contiennent les enjeux les plus critiques du développement humain : le devenir historique du travail et de la technique, celui de l’écriture – depuis celle des langues dites « naturelles » jusqu’à celle des codes cybernétiques –, celui de l’économie productive et de l’antagonisme social qui ne manque jamais de l’accompagner.

Mais un chemin nouveau n’est pas un chemin surgi de nulle part : il suppose au contraire de solides camps de base à l’arrière. Il y en a ici de deux sortes, ceux que Michel Guérin a dressés lui-même dans des travaux antérieurs, notamment dans Philosophie du Geste, et ceux qui ont été édifiés et laissés en héritage dans le champ de l’anthropologie par d’autres chercheurs, parmi lesquels une place à part doit être réservée au préhistorien André Leroi-Gourhan.

Une pensée philosophique ou L’œuvre de Michel Guérin (2) (par Pierre Windecker)

Ecrit par Pierre Windecker , le Vendredi, 29 Novembre 2019. , dans La Une CED, Les Chroniques

André Leroi-Gourhan, L’évolution ou la liberté contrainte, Michel Guérin, Hermann, juillet 2019, 206 pages, 25 €

A l’occasion de la parution de « André Leroi-Gourhan, L’évolution ou la liberté contrainte »

J’ai essayé de présenter au début de cette chronique l’œuvre de Michel Guérin dans son ampleur et sa diversité. Cela se justifiait d’un présupposé qu’il faut maintenant lever : celui de son unité – l’unité d’une pensée originale, qui s’atteste jusque dans un style, une écriture (1).

L’unité d’une œuvre aussi variée suppose qu’une navigation au centre ordonne, équilibre et, finalement, encourage la navigation dans les périphéries. Inutile de la chercher loin. Michel Guérin la présente lui-même (sur son site internet par exemple) sous la forme d’une cartographie simple et claire : d’un côté, il y a des ouvrages de philosophie, rassemblés à l’enseigne d’une Figurologie, de l’autre des essais esthétiques ou critiques, ainsi que des textes de fiction, désignés comme Figurologiques.

Une pensée philosophique ou L’œuvre de Michel Guérin (1) (par Pierre Windecker)

Ecrit par Pierre Windecker , le Vendredi, 22 Novembre 2019. , dans La Une CED, Etudes, Les Dossiers

André Leroi-Gourhan, L’évolution ou la liberté contrainte, Michel Guérin, Hermann, juillet 2019, 206 pages, 25 €

à l’occasion de la parution de « André Leroi-Gourhan, L’évolution ou la liberté contrainte »

 

J’ai consacré plusieurs chroniques à la présentation d’ouvrages de Michel Guérin dans La Cause littéraire. Chacun peut se douter que l’auteur est un vieil ami. Mais il est facile de comprendre que cela ne ferait pas un motif suffisant. Le motif unique, c’est évidemment le sentiment qu’il y a une pensée philosophique de Michel Guérin, et qu’elle mérite à coup sûr d’être mieux connue. Je me suis souvent demandé comment en suggérer l’idée sans tomber dans le travers d’un exposé doctrinal. Le dernier livre de Michel Guérin m’offre peut-être un biais.

Ce livre est consacré à l’anthropologue et préhistorien Leroi-Gourhan, à ses travaux, à ses démarches de chercheur, à ce que Michel Guérin n’hésite pas à appeler sa « pensée ». Sa parution coïncide heureusement avec une réédition du premier livre de Leroi-Gourhan, La Civilisation du renne (Les Belles Lettres, collection Encre marine), accompagné d’une préface de Michel Guérin.

Le Temps de l’art, Anthropologie de la création des Modernes, Michel Guérin (par Pierre Windecker)

Ecrit par Pierre Windecker , le Mardi, 27 Novembre 2018. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

Le Temps de l’art, Anthropologie de la création des Modernes, Michel Guérin, Actes Sud, octobre 2018, 432 pages, 27 €

Le titre indique simplement : Le Temps de l’art. Le sous-titre commente, il devance et récapitule : Anthropologie de la création des Modernes. Pour saisir toute la portée du livre, il est bon de le lire en faisant jouer à fond cette ambiguïté, en faisant vibrer cet accord, très légèrement dissonant, qu’il ménage en ouverture.

Ce que Le Temps de l’art prend pour cible de son enquête, c’est le destin historique de « l’art », celui qui va du Grand Art de la Renaissance florentine aux productions artistiques de notre époque, celle qui se désigne généralement comme « postmoderne ». Entendons-nous : ce livre n’est pas du tout un « livre d’histoire ». Il ne cherche pas à construire, pour nous la livrer, une narration continue qui articulerait ses questions à partir d’une chronologie unique. Son propos est de rendre intelligible un mouvement, un devenir, qui nous apparaît aussi fatal (nécessaire) que déconcertant. Il l’appréhende toujours sous des angles multiples, pour faire apparaître leur unité, en s’attardant électivement sur les moments de bascule ou de glissement. Il s’agit d’expliquer beaucoup de choses en effet, dont l’« évidence » ne nous éclaire ni sur leur nécessité, ni sur leurs rapports.