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Articles taggés avec: Devaux Patrick

L’Arnitoile, En attendant la parque, Patryck Froissart (par Patrick Devaux)

Ecrit par Patrick Devaux , le Mardi, 28 Novembre 2023. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Poésie

L’Arnitoile, En attendant la parque, Patryck Froissart, Sinope éditions, Poèmes, septembre 2023, 92 pages, 8 € . Ecrivain(s): Patryck Froissart

 

La vie, tisserande d’une toile en continu, laisse-t-elle une chance de s’en sortir quand il est impossible de s’en échapper sinon avec la fin connue de tous : « le talent tors/ la pensée torve/

tisserands retors que nous sommes/ retorsadons le fil de haine/ lançons au travers de nos trames/nos navettes dans les foulées/tordues de nos tortueux consorts » ?

On comprend que dans cette Arnitoile (le mot veut dire toile d’araignée en wallon), les mots eux-mêmes et les allitérations sont pris au piège du son « fa si la » évoqué à plusieurs reprises : « porte à faux/ ce bois dévergondé divorçant du chambranle/ sur la fugue infinie des unions dégondées/ branle et bat et m’obsède/ fa si la ».

Cette volupté de mots saisissants à bien des égards m’a fait penser à Gérard de Nerval (précurseur du surréalisme) donnant aux mots un sens à la fois profond et obscur.

Ecume, Véronique Bergen (par Patrick Devaux)

Ecrit par Patrick Devaux , le Jeudi, 16 Novembre 2023. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Roman, Editions des Equateurs

Ecume, Véronique Bergen, éditions des Equateurs, Onlit-Roman, août 2023, 416 pages, 21,90 € Edition: Editions des Equateurs

 

Roman d’amour entre deux êtres que tout oppose : un marin en quête d’aventure à l’instar du capitaine Achab pour Moby Dick et une fille à hôtesse embarquée dans une aventure marine à priori pas de son goût. Le roman se veut océanique à dénouer nos désastres écologiques et une mer épuisée : « Cent cinquante millions de tonnes de poissons, crustacés, mollusques, animaux marins pêchés par an en 2021, un plafond dépassé d’année en année, trois millions deux cent mille navires en Asie… ». Dans une nature affolée, la « Mirabelle », le bateau utilisé par les protagonistes « doit comprendre que les trompettes ne sonnent pas le Jugement dernier mais que, sur la grande scène de l’Univers, le ciel, les mers aux abois, se réveillent, reprennent leurs droits ». Le roman se veut également plaidoyer écologique.

Le Livre de Liane, Agathe Lemaitre (par Patrick Devaux)

Ecrit par Patrick Devaux , le Mercredi, 06 Septembre 2023. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Roman

Le Livre de Liane, Agathe Lemaitre, éditions Harper Collins Traversée, mars 2023, 290 pages, 19 €

 

Liane rêvait de devenir écrivaine. Sa sœur Louise apprend son suicide alors qu’elle s’apprête à fêter son anniversaire. Louise opère alors une démarche à deux voix rendant vie aux évènements qui ont mené sa sœur au drame, les faits étant rendus compréhensibles, notamment, à partir d’archives policières, courriels et journal intime de la défunte. Harcelée à l’école, la tragédie se révèle au grand jour tandis que les tentatives d’interventions, gardées secrètes à ses proches, ne s’avèrent d’aucune aide. Les traces laissées révèlent la forte personnalité de la personne meurtrie :

« Laissez-moi vous dire que je comprends votre point de vue. Je peux entendre que vous trouviez que la situation est au point mort. C’est vrai, j’ai déchiré plusieurs options que vous auriez pensé bénéfiques. J’ai rejeté la possibilité d’hospitalisation, ne pensant pas que cela aurait pu m’aider. J’ai refusé les traitements médicamenteux, et ce même si je suis à ce jour incapable de justifier pourquoi. Je mets en doute l’idée de contacter mes parents, car je ne ressens pas l’envie de m’expliquer avec eux, j’ai juste besoin d’être protégée d’eux ».

Flambeaux de vie, Parme Ceriset (par Patrick Devaux)

Ecrit par Patrick Devaux , le Jeudi, 24 Août 2023. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Poésie

Flambeaux de vie, Parme Ceriset, Poésie, Pierre Turcotte éditeur, avril 2023, 54 pages, 13 €

 

Parme Ceriset nous dit-elle, avec ses mots à elle, de réinventer l’Humain, se rappelant une de ses sources culturelles : « En craquant dans une figue savoureuse/tu te souviendras parfois/que tu fus chassé de l’Eden… Cruelle chair d’étamines et de rêves » ? Entre errance et ténèbres, la lueur se fait fulgurante, envahissant tout jusqu’au « cœur/incandescent/gardien des passions ». Mettre un chant à l’abri est sans doute la façon la plus sûre de le rendre accessible : « tu marcheras au bras de l’Amour/ A ses côtés tu te sentiras invincible ». Persuasive, la guerrière de l’Humain nous invective à la lutte de et pour la Lumière : « Sois un fragment de constellation/un rêve/ une pépite d’Eden/ une étincelle/ de passage/ mais infiniment brûlante ». Le recueil, dans son esprit de sauvegarde, m’a parfois fait penser à l’Arche de Noé : « Tu es amant de la terre/…/Délivre-les des fléaux/ de toutes les épées de Damoclès/…/Sois chevalier veillant sur sa pérennité/rends sa souveraineté immortelle ».

Comme la poétesse elle-même peut le faire, sa poésie préserve « l’instant fugace et précieux/le trésor inestimable/de chaque seconde de vie offerte/ dans l’immensité de la lumière ».

Le gardien de Téhéran, Stéphanie Perez (par Patrick Devaux)

Ecrit par Patrick Devaux , le Mardi, 16 Mai 2023. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Roman, Plon

Le gardien de Téhéran, Stéphanie Perez, éd. PLON, mars 2023, 235 pages, 20 € Edition: Plon

 

En 1967 les rues de Téhéran sont en liesse. Reza Pahlavi se fait empereur en intronisant par la même occasion l’impératrice Farah. Le peuple, lui, souffre et les opposants du régime sont traqués par la Savak. L’impératrice Farah inaugure, en grandes pompes, le Musée de Téhéran où seront exposées les toiles de plusieurs impressionnistes et des peintres modernes, tel Warhol, Pollock, etc.

Cyrus est engagé comme chauffeur pour véhiculer les œuvres. Cyrus se pose en observateur d’un monde qui change tandis que son amie Azadeh, opposante au régime, est arrêtée : « L’Iranien moyen n’a jamais assisté à un tel show dans le pays, la collision entre les deux mondes est brutale. Les souverains ne sont-ils pas déconnectés de la réalité ? Il se demande si tout ne va pas trop vite, si cet Ouest inaccessible n’est pas une vision caricaturale qu’on leur jette à la figure sans ménagement ».

L’auteure fera d’habiles raccourcis entre l’Art et la révolution qui éclate : « Le chemin tortueux de ses pensées le conduit vers la toile de Pollock et la fureur de ses taches colorées. La puissance de cette colère serait-elle en réalité celle de son peuple qui ne demande qu’à éclater ? Les couleurs en furie sont-elles prêtes à s’échapper de leur cadre étriqué ? ».