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Articles taggés avec: Galabru Sophie

Le trésor des humbles de Maurice Maeterlinck : une poésie de l’occulte. (par Sophie Galabru)

Ecrit par Sophie Galabru , le Lundi, 27 Janvier 2020. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Essais, Poésie, Grasset

Le trésor des humbles, Maurice Maeterlinck Edition: Grasset

 

Prix Nobel de littérature 1911, Maeterlinck est notamment l’auteur du Trésor des humbles où il se fait poète de l’occulte. Paru en 1896, l’année de la mort de Verlaine, la prose poétique de Maeterlinck est encore d’un langage symboliste, tout en s’en dégageant déjà. Témoin des énigmes, Maeterlinck lie l’infini et le fini, la mort et le sens, les évènements et leur vérité, notre ignorance et le secret de nos lignes de vie. Poète d’un monde invisible, cet écrivain belge écrit avec une conviction spirituelle : « Nous vivons à côté de notre véritable vie et nous sentons que nos pensées les plus intimes et les plus profondes ne nous regardent pas, que nous sommes autre chose que nos pensées et nos rêves » (p. 47). Nous ne pouvons donc pas comprendre Maeterlinck si nous n'acceptons pas l'idée selon laquelle « c’est par distraction que nous vivons nous mêmes » (ibid). Certain que de nous détenons plus de vérités que nous l’imaginons, l'auteur s’essaye à décrypter la vie souterraine et aérienne de nos âmes ; celle que l'on vit en toute absence à soi.

Eloge du risque, Anne Dufourmantelle (par Sophie Galabru)

Ecrit par Sophie Galabru , le Jeudi, 06 Juin 2019. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Rivages poche, Essais

Eloge du risque, 320 pages, 9 € . Ecrivain(s): Anne Dufourmantelle Edition: Rivages poche

 

Au risque de la responsabilité

Eloge du risque est un appel au lecteur à s’engager envers l’Autre – l’inconnu, l’étranger, l’irréfléchi, l’évènement, autrui. Anne Dufourmantelle mesure parfaitement cet appel à l’incommensurable lorsqu’elle commence par écrire : « La vie est un risque inconsidéré pris par nous, les vivants » (p.1). La grande inversion de l’ouvrage est d’affirmer que ce n’est pas l’individu qui risque sa vie, lorsqu’il s’élance vers l’inconnu, mais bien plutôt la vie qui se risque à nouveau en l’individu – n’était-ce pas le cas dans l’évènement de la naissance ? – et lui offre un renouvellement inégalé de ses forces. Et si la vie s’est risquée en nous, alors être vraiment vivant ne consiste pas à perpétuer la vie au sens d’une conservation, mais à la perpétuer en renouvelant ce risque d’être. En lisant Anne Dufourmantelle, nous nous posons une question fragile et essentielle : pourquoi faudrait-il conserver sa vie et au nom de quoi ?

Introduction à la pensée de Gilles Deleuze Entretien avec Daniel Adjerad, par Sophie Galabru

Ecrit par Sophie Galabru , le Mardi, 04 Juillet 2017. , dans La Une CED, Entretiens, Les Dossiers

 

Daniel Adjerad est professeur agrégé de philosophie au lycée. Il prépare une thèse sur le concept d’économie chez Pierre Bourdieu sous la direction de Frédéric Lordon à l’Université Paris 1. Il a récemment publié un ouvrage clair et inventif pour introduire à la pensée de Gilles Deleuze. L’auteur parvient à restituer le style de pensée deleuzien à l’aide de citations habilement choisies, expliquées et illustrées par des exemples.

 

Sophie Galabru : Dès le début de votre ouvrage, vous expliquez combien l’inventivité deleuzienne a pu paradoxalement consister dans ses travaux de commentateur. Vous cherchez à souligner ce travail spécifique consistant à penser avec un autre pour formuler et résoudre ses propres questions. Seriez-vous d’accord pour dire que Deleuze est moins le nom d’un contenu philosophique que d’un style ou d’une manière de philosopher ?

Entretien avec John Truby, l’art et la manière de créer, par Sophie Galabru

Ecrit par Sophie Galabru , le Mardi, 21 Mars 2017. , dans La Une CED, Entretiens, Les Dossiers

John Truby est un des plus célèbres « script doctor » des Etats-Unis. Il a élaboré un art et une manière de créer des scénarios. Ses conférences mais aussi la parution de son ouvrage L’anatomie du scénario (éd. Michel Lafon) délivrent des conseils efficaces et précis, fondés sur une conception philosophique de la démarche créative.

 

Sophie Galabru : John Truby, j’aimerais revenir sur votre vision esthétique du processus de création. Pensez-vous que l’on puisse faire de n’importe qui un écrivain ou un bon scénariste ?

 

John Truby : Non, je le ne pense pas.

 

Nous pourrions considérer que des éléments irréductibles tels qu’une vision du monde ou la personnalité d’un auteur jouent un rôle considérable dans la détermination d’un style, le choix d’un sujet original ou la façon de capter et monter des images.

Etty Hillesum, Une vie bouleversée ou l’itinéraire de la grâce ?, par Sophie Galabru

Ecrit par Sophie Galabru , le Jeudi, 02 Mars 2017. , dans La Une CED, Les Chroniques

 

 

Parler des écrits d’Etty Hillesum – et notamment de son journal, paru sous le titre Une vie bouleversée – est une difficile entreprise, tant nous voudrions en préserver la richesse. Produire un cheminement intellectuel, psychologique et spirituel d’une telle ampleur est un exploit. Il force l’admiration quand on sait qu’il fut accompli durant l’une des plus douloureuses périodes de l’histoire. C’est cet héroïsme dont fit preuve une jeune femme juive de vingt-sept ans, de 1941 à 1943, alors qu’elle résidait à Amsterdam et souffrait moins de l’Histoire que d’elle-même. Elle traduisait alors des œuvres de Rilke et lisait beaucoup, elle savait se faire aimer des hommes mais sans jamais s’engager envers un seul. Alors qu’Etty mène une vie tranquille mais profondément mélancolique, de plus en plus assombrie par la montée du nazisme, elle ose débuter un journal où se reflète un travail méditatif et philosophique sans précédent, la conduisant à changer ses convictions, ses sentiments et ses douleurs pour rejoindre la femme qu’elle voudrait devenir.