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Articles taggés avec: Gavard-Perret Jean-Paul

Le regard inconnu, Silvia Baron Supervielle (par Jean-Paul Gavard-Perret)

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Mardi, 05 Janvier 2021. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Biographie, Gallimard

Le regard inconnu, octobre 2020, 110 pages, 12 € . Ecrivain(s): Silvia Baron Supervielle Edition: Gallimard

 

Une femme à sa fenêtre

Ecrire n’est venu à l’esprit de celle qui était encore adolescente que progressivement : « J’écrivais des poèmes et des contes en espagnol, mais je ne pensais pas sérieusement à écrire ». C’est même après son arrivée en France que tout commence réellement et ce, au moment où elle passe de sa langue maternelle au français : « J’ai pas mal tardé à changer de langue. Pour faire plaisir à mes amis, qui voulaient lire quelque chose de moi, je me suis mise à écrire en français. Ça m’a beaucoup plu, je voyais les choses d’une autre façon ».

Le passage d’une langue à l’autre en effet n’est jamais de l’ordre du simple transfert mais de l’infusion. Et l’auteure dans sa nouvelle langue donne à sa langue de jeu un caractère moins baroque. Cela resserre sa pensée là où comme chez Beckett s’instruit un travail d’économie lexicale et aussi de solitude essentielle que fomente l’exil. Toutefois il n’exclut pas l’autre mais l’appelle.

La Classe ouvrière blanche, Surmonter l’incompréhension de classe aux États-Unis, Joan C. Williams (par Jean-Paul Gavard-Perret)

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Lundi, 14 Décembre 2020. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Essais, USA

La Classe ouvrière blanche, Surmonter l’incompréhension de classe aux États-Unis, Joan C. Williams, Editions Unes, octobre 2020, trad. anglais, Carole Roudot-Gonin, 152 pages, 20 €

 

« Nègres blancs » d’Amérique

Joan C. Williams a étudié à l’université de Yale et au MIT avant d’obtenir son doctorat à la Faculté de Droit de Harvard. Ses travaux sur le statut des femmes et les enjeux familiaux au travail, sur la classe ouvrière américaine, lui ont valu une large reconnaissance et de nombreux prix aux États-Unis.

Ce nouveau livre restera un texte essentiel à qui veut comprendre la politique « sociale » de Trump. À travers une série de questions sociétales sur le travail, l’éducation et les valeurs, elle restitue les modes de vie et le parcours d’une classe ouvrière blanche en déclin démographique, touchée par la crise économique et en partie abandonnée par le Parti Démocrate.

Le Sens du calendrier, Nathalie Léger-Cresson (par Jean-Paul Gavard-Perret)

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Mardi, 08 Décembre 2020. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Contes, Poésie, Editions Des Femmes - Antoinette Fouque

Le Sens du calendrier, Nathalie Léger-Cresson, octobre 2020, 171 pages, 15 € Edition: Editions Des Femmes - Antoinette Fouque

 

Se méfier de l’eau qui dort

Nathalie Léger-Cresson, dans ce qui pourrait être pris pour une autofiction – tant elle se dit « transparente » – crée de fait une « surfiction » poétique, ou au minimum une traversée des apparences dans un réalisme magique très personnel, où les calendriers perdent leurs jours ou en possèdent trop par effet lunaire.

Ecrivant, voire au besoin « médisant », et ce « à la lumière de ma lampe à huile de thon en boîte », l’auteur met dans sa poche – mais ce n’est qu’une façon de parler – des amants de passage, tout comme ses rêves et ses cauchemars encore plus lumineux, dans le noir, là où les lapins levés n’ont pas d’oreilles, et où de l’amour une chose se retient – à savoir la technique.

Secret défense, Hervé Temime (par Jean-Paul Gavard-Perret)

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Jeudi, 03 Décembre 2020. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Essais, Gallimard

Secret défense, Hervé Temime, septembre 2020, 192 pages, 18 € Edition: Gallimard

 

Hervé Temime : éloge du secret et de l’ambiguïté

Hervé Temime s’est intéressé très jeune à la vie judiciaire. S’y engageant, il eut comme modèle Emile Pollak, « avocat inclassable » et défenseur entre autres de Pierre Goldman.

L’avocat pénaliste est qualifié comme avocat des riches et des stars – ce qui est réducteur et un peu court ? Et ici il explique ce qu’il en est de son travail. Il ne cherche pas à tout connaître de ses clients : il se positionne par rapport à ce qu’ils font et ce que dit leur dossier. Mais il sait éventuellement faire juste pression sur eux par la communication qu’il entretient, afin de leur arracher certaines postures impossibles à tenir lorsque les dés sont pipés pour et par eux. Ce qui parfois est impossible et l’a entraîné quelquefois à quitter une affaire.

Princesse de Windsor et Méphisto fait d’aise (par Jean-Paul Gavard-Perret)

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Mardi, 24 Novembre 2020. , dans Nouvelles, La Une CED, Ecriture

Aux négateurs de percolateurs, aux mangeurs de l’eusses-tu cru, aux retournés des aisselles, aux barrés d’ocre noir, aux adeptes des cuillères à spatule j’adresse mon stupre et mon levain. Je pleure par les pieds les offrandes du cœur. J’offre mon squelette au rabbin à chaussettes, au pope cornu, au curé de La Roche sur Foron. Pas de religion, de doctrine, de vierge ou de putain. Je suis mon corps de brute dont la sexualité va de dehors au dedans. Fini la pose, haro superflu. Ma mémoire c’est du sexe. D’enfant mâle, rond, sans rudesse plein de mépris pour moi-même, Foutriquet me dis-je et me dois-je à ma promise et faire de ma Windsor (80 ans au compteur et à un vu de seins cinq de plus) une tristesse où une fois de plus je décharge mon outil de jardiner. Ma chasse n’est d’aucun chant, n’est tombé d’aucun mystère, ma châsse c’est du sexe. Larmes et hoquet font monter le thermomètre. A deux nous serons une fois de plus vieux tigres de guère, oiseaux bécasses, poissons voraces amoureux des étoiles, hirondelles basses (quand repassent les cavalières), cygnes au trognon blanc de plume. De ma tête le cerveau glissa dans la culotte de ladite lady viande à piton. Exode, exode. L’honorer de tant de vilaines pensées qui finissent en boulemimines jusqu’à ton appareil à boyau. Pantins nous sommes, pantins nous resterons, adorateurs du rut en faisant glisser mon brandi dans ta hure. Morue et maquereau gloire aux nuées, gare aux écailles. Allons-y du croupion et du reste. A foison dans ta toison pour une ablumition à toute allumure.