Identification

Articles taggés avec: Morin Anne

Veiller sur elle, Jean-Baptiste Andrea (par Anne Morin)

Ecrit par Anne Morin , le Mardi, 05 Mars 2024. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, L'Iconoclaste

Veiller sur elle, Jean-Baptiste Andrea, L’Iconoclaste, août 2023, roman, 581 pages, 22,50 € Edition: L'Iconoclaste

 

Ce n’est pas une histoire, c’est une transposition… Voir à côté, en dessous, au-dessus de la ligne de vue… Ce n’est pas pour rien que Mimo – de son vrai prénom Michelangelo – est petit, et que son nanisme l’oblige à lever les yeux pour voir le rendu des choses, du ciel, des hommes. Mimo est, depuis toujours, un sculpteur de génie et/mais un rustre, rustique, mal dégrossi comme les sculptures à leur origine, avant de rencontrer Viola.

Elle, qui depuis ses trois ans sait lire, et qui depuis, n’oublie rien de ce qu’elle a lu. C’est une enfant, une adolescente un peu sauvage, un peu cachée par sa famille de noble souche.

Viola, comme l’origine de son prénom, à la fois papillon, plante, instrument de musique.

Charlie Roquin, Les maîtres de Bayreuth (par Anne Morin)

Ecrit par Anne Morin , le Mardi, 21 Novembre 2023. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Le Cherche-Midi

Charlie Roquin, Les maîtres de Bayreuth, Le Cherche Midi 2023, 225 pages, 20 €, Anne Morin Edition: Le Cherche-Midi

 

Roman d'une trahison, de trahisons, de faux jour, de faux-semblants, les maîtres de Bayreuth, ceux qui dirigent – à tous les sens du terme -, ceux qui en parlent, ceux qui les écoutent et reprennent, comme un chœur moutonnier les impressions des critiques, qui attendent le verdict pour savoir quoi penser, comment s'exprimer, relayer, prendre à son compte telle critique même si parfois ils ne s'y retrouvent pas, comment prendre le sens du vent même si, au doigt levé le vent souffle d'une autre direction.

Des maîtres ? Non, de petits maîtres, la modernisation, la mise au goût du jour frôlant parfois le ridicule, entachant, ou dévastant même tout l'opéra, opère un contresens à sa lecture, à son écoute, à son déchiffrement.

Campagne, Raymonde Vincent (par Anne Morin)

Ecrit par Anne Morin , le Mardi, 12 Septembre 2023. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman

Campagne, Raymonde Vincent, éditions Le Passeur, Coll. Les Pages Oubliées, mai 2023, 291 pages, 19 €

 

Le temps qui passe, le temps qui rythme l’activité et la vie, la rencontre, la concentration des forces et des vies humaines et de la vie de la nature.

Dans ce microcosme où les distances sont allongées par l’économie des moyens de transport, Marie vit jusqu’à son adolescence avec sa grand-mère jusqu’au jour où, la guerre s’annonçant, la vieille femme est emmenée avec petite-fille et bêtes, un peu contre son gré, tout à fait à contrecœur, chez des cousins lointains. Car ici, l’espace s’enclot, se referme sur êtres et bêtes. L’éternel retour des choses aboli par ce chemin qui s’ouvre peu à peu aux regards de Marie, sonne aussi comme un adieu à l’avant :

« Qu’y avait-il, là-bas au tournant du chemin, dont les hautes herbes semblaient défendre l’approche ? Tout était changé ; ces arbres, ces fougères, ce sentier frais, ces choses si familières, si quotidiennes, Marie croyait les voir pour la première fois. Brusquement elles avaient l’apparence de ces paysages dans les contes de fées que sa grand’mère lui disait parfois ; (…) La voix de Robert qui l’appelait fit rebrousser chemin à Marie » (p.38).

La Maison, Julien Gracq (par Anne Morin)

Ecrit par Anne Morin , le Mardi, 30 Mai 2023. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Récits, Editions José Corti

La Maison, Julien Gracq, éditions Corti, avril 2023 (récit inédit, incluant le récit, son manuscrit et la postface), 77 pages, 15 € . Ecrivain(s): Julien Gracq Edition: Editions José Corti

 

La Maison, ce titre banal et qui recouvre un terme familier, rassurant. Un abri, une terra cognita. Dans ce court récit, Julien Gracq ménage la montée en puissance de l’inconnu, de l’autre côté des choses.

La maison à la façade austère, biscornue, mangée de végétation dont pourtant elle ne cesse d’émerger, là où rien ne paraît habitable, où tout se retranche, du paysage et de la vie, la maison symbole de stabilité, de durée, de plain-pied, reprise par les herbes folles, les lierres et la végétation accrochés à elle sans pour autant la faire sombrer, peu à peu s’anime.

Pour le narrateur, il s’agit d’en avoir le cœur net – belle expression pour ce cheminement à travers paysages et climats variés sur une distance pourtant très restreinte, pour cet égarement, puisque cette entrée en matière, où celui qui guette, qui chasse, à l’affût, se mue peu à peu en proie, et le pouvoir, la force d’attraction de la maison en guet-apens.

Sur la terre des vivants, Déborah Lévy-Bertherat (par Anne Morin)

Ecrit par Anne Morin , le Mardi, 09 Mai 2023. , dans La Une Livres, Rivages, Les Livres, Critiques, Roman

Sur la terre des vivants, Déborah Lévy-Bertherat, Rivages, avril 2023, 378 pages, 21 € . Ecrivain(s): Déborah Lévy-Bertherat Edition: Rivages

 

Le livre s’ouvre sur la naissance d’Irma, Irma qui se présente mal, qui en ce monde-ci aura tant de mal à s’accorder, et sur une photo du passé où trois dames âgées semblent installées pour l’éternité, et se referme sur la mort d’Irma et le regard neuf porté sur cette même photo. Entre-temps : « life goes on » (p.353).

Qu’est-ce qui sépare, mais aussi, également, qu’est-ce qui répare ? Est-ce la mémoire, est-ce le souvenir ? Qu’est-ce qui donne dans cette visite aux archives de la famille de l’auteur cette « humeur de retrouvailles » (p.37) ? Dans ce laps de temps tour à tour accordé et désaccordé, Irma et ses sœurs voient dans la chambre d’écho de Déborah Lévy-Bertherat leur petite-nièce revivre, se reconstituer.