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Articles taggés avec: Trojman Patricia

Spinoza encore… (par Patricia Trojman)

Ecrit par Patricia Trojman , le Jeudi, 14 Décembre 2023. , dans La Une CED, Les Chroniques

Peut-on penser l’actualité malgré son innommable barbarie qui nous laisse sans voix ? Relire Spinoza dans la nouvelle édition Pléiade publiée sous la direction de Bernard Pautrat, avec la collaboration de Dan Arbib, Frédéric de Brizon, Dénis Kambouchner, Peter Nahon, Catherine Sécrétan, et Fabrice Zagury, sonne aujourd’hui comme une nécessité. Nécessité morale et non vertueuse dans la mesure où nous en avons fini avec l’ère de la vertu aristotélicienne, à cet idéal de l’homme de bien qui est voué au cynisme d’une nouvelle anthropologie réaliste, sans nulle transcendance.

Nous revivons l’impensable retour de l’impensé : la haine de l’homme européen. Le contexte violent dans lequel vivait Spinoza, dans ces Provinces dites unies mais déchirées par les incessantes guerres de religions et les traques des bûchers encore brûlants des tribunaux de l’Inquisition, nous permet de mieux comprendre les affres de notre présente actualité. Avant Hegel qui faisait de la lecture du Journal sa prière réaliste du matin, que dire de l’extraordinaire Éthique de Spinoza articulant dans son système à la fois l’analyse du mal et la connaissance de la substance divine générant sérénité et béatitude ?

Quand la beauté ne rime plus avec superficialité, Patricia Trojman

Ecrit par Patricia Trojman , le Jeudi, 07 Septembre 2023. , dans La Une CED, Les Chroniques

 

Enfin un article intelligent sur la beauté des femmes tant décriée dans le néo-féminisme dénonçant les codes et les critères tyranniques de la beauté féminine. Dans la rubrique Parlons philo du Un hebdo du 17 mai, on a la belle surprise de lire enfin un article qui pour une fois ne verse pas dans l’encrier de la pensée unique.

Camille Froidevaux-Metterie, professeur de science politique, auteur d’Un corps à Soi (Seuil, 2021) et d’un premier roman, Pleine et douce (Sabine Wespieser), analyse avec une remarquable justesse la non-superficialité́ de la coquetterie féminine.

Des siècles entiers de condamnation de la beauté́ plastique comme pure extériorité́, liée à la frivolité́ des femmes sans profondeur, étrangère à jamais à la conceptualisation philosophique !

Cet obscur et austère discours théologico-moral n’est finalement qu’une volonté́ de censurer le désir féminin. La première phrase de l’article synthétise tout : « Si l’obsession des femmes pour la beauté́ s’explique au regard de siècle d’enfermement dans leur corps-objet, si elle traduit le poids des injonctions patriarcales à la disponibilité́ sexuelle, si elle nourrit la dynamique néolibérale de la concurrence intraféminine, alors il est grand temps de nous réapproprier notre apparence et le soin que nous en prenons dans une perspective féministe ».

A propos de la revue "éléments" et BHL (par Patricia Trojman)

Ecrit par Patricia Trojman , le Vendredi, 12 Mai 2023. , dans La Une CED, Les Chroniques

 

François Bousquet dans la pitoyable revue d’extrême-droite, Eléments, « le magazine des idées à l’envers » ! daté fraîchement de Mars-Avril 2023 (p.43-45) alors qu’il sent le rance des années 30, déverse son venin de vieil entarteur professionnel sur Bernard Henri-Lévy. Pour ne citer qu’un mince passage, et c’est déjà grand honneur que de le citer : le titre de son article en première de couverture, « Comment j’ai entartré un fauteur de guerres », en dit long sur le grand courage combatif du pseudo-journaliste, qui déclare de BHL « c’est le plus fascinant chez lui, l’endurance. Increvable, il a survécu à tous ses échecs. Comme l’hydre de Lerne, vous lui coupez une tête, deux autres repoussent… Omniprésent, omniscient et omnipotent – comme Dieu », si on ne lisait que cet extrait sans lire les 3 pages d’une virulente et rageuse jalousie, on croirait à un panégyrique involontaire !

Un déconstructeur nommé Spinoza (par Patricia Trojman)

Ecrit par Patricia Trojman , le Vendredi, 13 Janvier 2023. , dans La Une CED, Les Chroniques

 

Arno Münster, spécialiste des philosophes de l’école de Francfort fait partie de cette brillante génération des penseurs du post-marxisme qui travaille d’un point de vue critique sur tous les grands débats idéologiques contemporains qui exigent une nouvelle éthique politique : la violence, la démocratie, l’hyper-capitalisme, l’environnement. C’est tout dernièrement la traduction en français des Quatre conférences d’Ernst Bloch sur Spinoza paru aux Editions Delga que l’on doit à la découverte d’Arno Münster que la presse ne devrait pas tarder à saluer comme l’événement intellectuel majeur pour l’année 2022, tant cet écrit permet une nouvelle approche de la philosophie de Spinoza en la ramenant à son héritage culturel profond. Car pour Ernst Bloch dont l’œuvre célèbre est Le Principe Espérance, connaître Spinoza implique un retour à ses racines juives et à l’hébreu dont il n’a pas manqué de consacrer à la fin de sa vie une Grammaire hébraïque. E. Bloch a l’illumination de poser des questions transparentes sur l’Ethique, que nul auparavant n’avait posé : pourquoi l’Ethique s’appelle l’Ethique ?, qu’est-ce que Spinoza désigne par substance ? pourquoi l’homme ne disparaît-il pas dans la définition océanique de la substance par exemple ?