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Articles taggés avec: Ayres Didier

Les lointains, Jean-Christophe Bellevaux (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Mardi, 17 Septembre 2024. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Poésie

Les lointains, Jean-Christophe Bellevaux, éditions Faï Fioc, 2023, 89 pages, 11 €

 

Proximité

J’ai de la joie et de la surprise en rédigeant cette chronique sur ce poète important qui vit dans la région Centre-Val de Loire, région mienne depuis maintenant un an. Parce que je me sens proche à la fois du style et de ce que contiennent ces poèmes. Une sorte d’écoute de soi, d’images qui hantent, de lieux de proximité, de confessionalisme, d’associationnisme. Avec en ligne de mire, guettant la liberté, une langue qui exprime cette disponibilité à la chose toujours nouvelle qu’est la vie. Peut-être est-ce pour moi un miroir, miroir tendu par la main du poète où je reconnais mes années 80 à Paris, la déroute brutale des années punk et la faillite sociale.

Cette poésie est bel et bien une double focale entre celle de l’auteur et celle des pages de l’écrivain, mitoyenneté du langage et de la chose vécue ou revécue.

La Ligne d’ombre, Marie Alloy (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 09 Septembre 2024. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Al Manar, Poésie

La Ligne d’ombre, Marie Alloy, éditions Al Manar, juin 2024, 116 pages, 20 €

 

Écrire, voir ; voir, écrire

L’intérêt primordial à mon sens de ce recueil que publie Marie Alloy chez Al Manar, c’est la confrontation de l’écrivaine avec son autre talent, la peinture. L’on y voit d’ailleurs une rencontre avec la saison hivernale, à la fois dans les aquarelles qui illustrent l’ouvrage, et dans la prosodie même, combinaison savamment agencée de la peintre et éditrice du Silence qui roule (une autre corde à son arc). J’ai dit l’hiver en pesant mes mots, car pour moi c’est la saison du poème (comme l’été est celle d’Yves Bonnefoy). La nature se dépouille, les eaux s’immobilisent dans la glace, les chemins sont éclairés par des lumières froides et parfois rasantes. Tout y est poudreux, au contraire de l’été où tout rayonne. J’aime ce sentiment minéral, cette sorte de pureté presque pérenne de la neige dans sa brièveté violente. J’ai retrouvé cela dans La Ligne d’ombre.

La Forge #1 octobre 2023, La forge #3 juin 2024, Revue de poésie (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 02 Septembre 2024. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Revues

La Forge #1 octobre 2023, La forge #3 juin 2024, Revue de poésie, éditions de Corlevour, 22 €

 

Revue buissonnante

1

Je chronique peu les revues, néanmoins j’en connais le labeur et le besoin de diversité – dirigeant moi-même une revue papier. Ici, je suis en terrain connu avec les numéros 1 et 3 de la revue de poésie La Forge. D’ailleurs, dès les premiers mots de l’éditorial de Réginald Gaillard de la première livraison de ce périodique, l’on voit se dessiner un propos : faire de la poésie une affaire d’inclusion et de correspondance des affects et des styles littéraires ; « Encore faut-il, quand même l’intention serait juste et louable, que cela sonne juste. Là est la seule limite qui tienne », nous dit-il.

Séries Parisiennes, Vues de quartier, Étienne Faure (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 26 Août 2024. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

Séries Parisiennes, Vues de quartier, Étienne Faure, Gallimard, juin 2024, 144 pages, 17 €

 

Plasticité

Avant d’en venir au cœur de mon impression de lecteur du dernier livre d’Étienne Faure, je voudrais un peu parler de moi. Cela sera peut-être instructif. Paris, la ville dont il est question dans l’ouvrage, ma ville natale, se présente à moi qui vis en province depuis des décennies, et qui me tourmente par son excès de civilisation, comme le lieu idéal de la pensée sensitive. Ville dont simplement la Seine contient toutes les couleurs allant du vert d’eau au gris anthracite, de l’écoulement bleuté où se mirent les nuages jusqu’aux eaux les plus noires de l’angoisse, du spleen. Et ce seul élément n’est qu’une pièce rapportée aux noms des rues, aux jardins, aux parcs, Luxembourg, Monceau, Buttes-Chaumont, aux cafés, Le Flore, Le Beaubourg, Le Dôme, et à cette population ultraraffinée, sujette à différentes langues, sociolectes, accents… Tout cela pour dire que je suis déchiré depuis longtemps par cette coupure en moi de l’ultra-éducation de la capitale, par opposition au silence et aux voix sourdes de la campagne, des petites villes de la France profonde, villages vivant sur eux-mêmes, construction antagoniste entre la poétique et les réalités.

Défense de la poésie, Percy Bysshe Shelley (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Mardi, 20 Août 2024. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Rivages poche, Poésie

Défense de la poésie, Percy Bysshe Shelley, Payot Rivages Poche, mai 2024, 128 pages, 8,20 €

 

Ordre et harmonie

Écrire une théorie de la poésie, voire la défendre contre les autres arts, contre l’époque, est un sujet délicat à traiter. Il ne faut rien de complètement définitif et donc ménager une voix au théoricien – un célèbre poète romantique anglais ici –, défendre une théorie qui pousse ensemble à confondre le poète et le poème, l’ordre esthétique et l’ordre moral. Il s’agit ainsi de partager le poème entre Raison et Imagination, saisir au-delà du poème une influence qui dépasserait les clivages entre la pensée et la matière.

La raison est l’énumération de quantités déjà connues ; l’imagination est la perception de la valeur de ces quantités, à la fois prises séparément et comme un tout. La raison envisage les différences, et l’imagination les ressemblances entre les choses. La raison est à l’imagination ce que l’instrument est à l’agent, ce que le corps est à l’esprit, ce que l’ombre est à la substance.