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Articles taggés avec: Ayres Didier

Tandis que j’attends dans les champs au crépuscule, Robert Frost (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 13 Février 2023. , dans La Une CED, Ecriture, Création poétique

 

Quel prodige, ce paysage qui s’offre à la rêverie lorsque, tel un spectre

longeant les piles légères de hautes meules de foins,

j’entre solitaire dans les chaumes

où vient de s’éteindre la voix des paysans.

Et lorsque dans le chant et le contre-chant des derniers reflets du couchant

et des premières lueurs de la pleine lune, je m’assieds

près de la première meule, du côté éclairé par l’astre au front d’argent

où parmi tant de merveilles, tout aussi belles, je m’égare.

Réalité 3 (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Mercredi, 08 Février 2023. , dans La Une CED, Ecriture, Création poétique

 

Village

16 années durant

Le souffle de l’ange dans ce simple tambourinement des moteurs d’automobiles

Le monde physiquement dans la rue principale

Des photographies bleutées d’Henri Le Secq

L’horloger

Quelle nuit pour cela ?

Quel oubli tardif et désormais violent ?

Le village peut ne plus exister.

La Peur de peindre, Jacques Le Scanff (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Mardi, 07 Février 2023. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

La Peur de peindre, Jacques Le Scanff, préf. Claude Louis-Combet, éd. Fario, 2022, 13€50

 

Je tordrai à dessein la citation de Boileau dans L’Art poétique : « Ce que l’on conçoit bien s'énonce clairement. Et les mots pour le dire arrivent aisément », pour faire valoir ce que la représentation écrite recouvre parfois de difficultés, d’obscurités, de tensions littéraires, propres à décrire les états divers du peintre et de sa peinture. Ici, cela aboutit à une écriture intense, pleine, mais qui reste assez maigre, sur laquelle il ne faut pas hésiter à revenir plusieurs fois (ainsi que le peintre use de sa brosse ou de ses pinceaux). Ici, donc, un petit traité de l’art de peindre. Ici, le sujet agissant et le sujet disant, faisant acte de création et revenant sur cet acte par écrit. Ici, enfin, un univers personnel tout autant qu’universel, lequel se satellise sur la vérité intérieure, la profondeur exigée d’un tableau.

Ceci dit, il faut rentrer plus avant dans l’ouvrage (illustré richement par des reproductions des travaux plastiques de Jacques Le Scanff). Lecture légèrement âpre, à l’image des allées et venues de Cézanne vers la Montagne Sainte-Victoire, escarpements, confrontation du regardeur et du regardé, comme si l’œuvre peinte faisait parole, énigme, affaire de style, endroit de coupure du poème et de la toile, réflexions, agissements, connaissances et pratiques. Nous sommes en l’espèce dans une forme de schize. Le mystère : peindre.

Une entrevue subreptice, Philippe Boutibonnes (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 30 Janvier 2023. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

Une entrevue subreptice, Philippe Boutibonnes, coll. Préoccupations, éd. L’Ollave, 2022, 13 €

 

Image peinte

J’ai été heureux de passer plusieurs heures en compagnie de L’Annonciation de Paris Bordone, image qui justifie le livre. Car ce livre nous ouvre autant au mystère de cette Annonciation qu’au grand mystère de la peinture, en son feuilletage conceptuel.

Cette lecture a été pour moi une errance, un vagabondage, une dérive situationniste, allant sans but, faisant des pas dans les lacs compliqués de ce que produit comme travail un tableau où j’étais là comme spectateur, sinuant et m’insinuant dans l’œuvre peinte. On y voit aussi bien une approche théologique qu’esthétique, profondeur compliquée d’un tableau qui par essence est à deux dimensions, mais dont le troisième terme est l’écriture, la pensée, sachant qu’ici le thème religieux se vectorise surtout sur les Évangiles de Matthieu et de Luc. Et la pensée devient chantante, prise librement dans la mutité consubstantielle de la peinture, en un acte muet, mais étoffé par la pensée. Oui, je ne cessais de fixer la Vierge et, côté Jardin, l’ange mystérieux, lui aussi au bord de l’aphonie.

Ainsi parlait, Jean de Ruysbroeck (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Jeudi, 26 Janvier 2023. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Arfuyen

Ainsi parlait, Jean de Ruysbroeck, trad. et préf. Marie et jean Moncelon, éd. Arfuyen, 2022, 14€

 

Une approche de Dieu

Ainsi parlait Jean de Ruysbroeck laisse entrevoir une relation à Dieu fondée sur une expérience mystique, en tout cas telle que j’ai pu la percevoir. Approche de Dieu contemplative, intérieure et mystérieuse. Tout confine ici à la rencontre de Dieu par le croyant qui a besoin de « toute parole qui sort de la bouche de Dieu » (Matt. IV, 4). Cela dit, il faut donner quelques éléments saillants qui justifient ici cette quête, car le chemin pour le chapelain de Sainte-Gudule est balisé. Son langage dessine les reliefs d’un paysage escarpé et montagneux, c’est-à-dire des flans abrupts, des chemins complexes, des pierres dures et surtout des découvertes spirituelles. Il y a un nombre important de termes de cette métaphore de l’élévation de l’âme : hauteurs, accroissement, croissance, fructification, agrandissement, toutes ces images concourant à dresser le portrait d’un Dieu intérieur. Si ces images de l’élévation découlent de l’imaginaire religieux du prêtre d’une simple paroisse de Bruxelles, il se trouve aussi des allusions récurrentes au feu, à l’ignition, au soleil, à la combustion des consciences, à l’embrasement de l’Esprit.