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Articles taggés avec: Ayres Didier

Je ne vois pas l’oiseau, Jean-Pierre Chambon (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 10 Octobre 2022. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Al Manar, Poésie

Je ne vois pas l’oiseau, Jean-Pierre Chambon, éditions Al Manar, ill. Carmelo Zagari, juin 2022, 64 pages, 16 €

 

 

Oiseaux mortels et immortels

Ce recueil de 5 textes de prose de Jean-Pierre Chambon, prend pour sujet les oiseaux. Mais, là, pas de bons sentiments ni autres sucreries mais des tétrapodes de sang, oiseaux qui s’articulent sur la relation humaine, qui enseignent en un sens sur l’homme, sur les sentiments humains, le bien et le mal. Ces oiseaux sont ensemble abstraits et concrets, mortels et immortels. L’on est plus au théâtre que dans la nature, car ces bipèdes manifestent symboliquement leur rapport à l’être humain, sachant que celui-ci s’explique à lui-même en conversant avec le monde du gibier à plume.

Fragments du désert, Jean Marc Fournier (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 03 Octobre 2022. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Poésie

Fragments du désert, Jean Marc Fournier, éditions Ars Poetica, juin 2022, 77 pages, 18 €

 

Dieu

Oscillant entre Claudel et Eckart, ce livre, dont l’accès est exigeant, relate le lien de Jean Marc Fournier au monde spirituel, à la fois comme le contemporain de son siècle et dans la vision plus large de l’affirmation de sa croyance en Dieu. Cette lecture absorbante, qui engage le lecteur, nous conduit à réfléchir, donne matière à réfléchir, c’est-à-dire à penser et à miroiter dans le langage, ce dernier étant la ressource la meilleure pour se prendre dans les arcs lumineux de l’Évangile, ou au moins ce qu’est le Verbe pour le poète ici. C’est une aventure d’abord métaphysique.

Cette ambiance porte ce monologue, ce soliloque, sur les rangs du silence, de la solitude de l’être, loin des bruits du monde pourrait-on dire, dans un chemin de lisière, et hors de portée du matérialisme de notre époque, cheminement au-dedans de la personne, de la créature, pour refléter l’esprit du Verbe.

Sur les chemins de non-retour, Jean-Pierre Otte (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 26 Septembre 2022. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Poésie

Sur les chemins de non-retour, Jean-Pierre Otte, éd. De Corlevour, mai 2022, 128 pages, 16 €

 

Déjà essayé. Déjà échoué.

Peu importe. Essaie encore. Échoue encore. Échoue mieux.

Samuel Beckett

 

Limite du temps, temps limité

J’ai trouvé dans le recueil de poésie de Jean-Pierre Otte un questionnement continu sur la lucidité avec laquelle l’on peut considérer l’existence, la sagesse de vieillir – âge où l’interrogation sur le temps peut se concevoir. Donc, une réflexion constante sur le temps concret de vivre, avec une maturité qui englobe à la fois l’âge et le désir. Et cette philosophie, du genre sceptique, se rapproche, je crois, de celle de Cioran. Scepticisme radical. Ellipses, effacement de soi au profit d’un autre soi, celui qui observe, dans une partition de l’être. Le temps limité de la vie et les limites de la vie, comme pris dans une seule question : que devenons-nous ?

Poèmes vernaculaires, Les Murray (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 19 Septembre 2022. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Poésie, Océanie

Poèmes vernaculaires, Les Murray, éditions De Corlevour, août 2022, trad. anglais (Australie) Thierry Gillybœuf, 112 pages, 18 €

Des choses

Le sel actif qui persiste après la lecture de cette belle traduction très récente de Thierry Gillybœuf de Les Murray, le grand poète australien, c’est la combustion des mondes dans la poésie agissante en sa réalité mondaine avec son idiotisme, combustion qui implique le combustible de la langue elle-même, laquelle fige les choses, ou observe l’inertie des choses, transforme tout en chose. De là, une vision du monde extraordinairement complexe. Celle d’un poète parataxique, fait de fragments de compréhension et d’énigme. Une force surgit en tout cas.

 

L’infâme météorite est en route pour éteindre le monde,

c’est sûr. Mais regarde bien, et sa menace remplit ta journée.

Les braves ne meurent-ils qu’une seule fois ? Je pourrais le faire cent fois par semaine,

cramponné à mon pouls avec le bord du monde à portée de main.

Poétique du silence, Stefan Hertmans (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 12 Septembre 2022. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Poésie, Gallimard

Poétique du silence, Stefan Hertmans, Gallimard, Coll. Arcades, mai 2022, trad. néerlandais, Isabelle Rosselin, 132 pages, 13,50 €

 

Bruissement

Qu’est-ce que le silence tout d’abord ? Fonctionne-t-il comme un impossible bruissement ? Quel rôle tient-il au sein du poème, celui de Paul Celan notamment ? Quelles en sont les conséquences ? Quelle forme la littérature prend-elle dans l’exercice de cette mutité fondamentale de tout travail d’écrivain, celle de la page blanche ? Le silence est-il borné par l’aphasie, par les voix sourdes du poète ? Toute littérature n’est-elle pas une relation, un échange entre le mot et l’absence de mot ? Et pour l’écrivain est-ce une dysphasie fondamentale qui hanterait la création littéraire, donc une sorte d’arrière-monde de langage invisible ; un langage qu’il faut trouver au sein de la vaste fureur de la langue ? La page écrite n’est-elle pas par définition un espace sourd, sans voix, pour le lecteur à voix basse également ? J’ai déduit l’ensemble de ces questions de ma lecture de cette poétique du silence de Stefan Hertmans.