Identification

Articles taggés avec: Ayres Didier

Sur Dieu, Rainer Maria Rilke (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Mercredi, 27 Octobre 2021. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Arfuyen, Poésie

Sur Dieu, Rainer Maria Rilke, Arfuyen, septembre 2021, trad. allemand, Gérard Pfister, 123 pages, 14 €

 

AH, N’ÊTRE PAS SÉPARÉ

 

Dieu sien

C’est tout à une métaphysique que ces écrits spirituels de Rilke nous mandent. Ils auraient pu s’intituler : Que sais-je en Dieu ? Car pour le poète autrichien, compte surtout le parcours de l’homme vers Dieu. Regarder la mort, prendre en compte l’invisible, étudier sa foi, évoquer la vie, tout cela conduit à la divinité. Mais à une divinité personnelle et nullement grégaire ou moutonnière. Donc un lien à une religiosité profonde et active, et non pas routinière ou sociale. C’est la charnière axiologique qui articule, à mon sens ici, l’édification spirituelle du croyant.

Donc, avec Rilke il est possible d’envisager le mystère ou le chant, l’énigme ou la prière. Dieu se livre par une espèce d’illumination. En tout cas, est une représentation intérieure. C’est là, dans le monde du dedans, que gît la déité.

Le vent la couleur, Jean Pierre Vidal (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 25 Octobre 2021. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Poésie

Le vent la couleur, Jean Pierre Vidal, éditions Le Silence qui roule, septembre 2021, 100 pages, 13 €

 

Explication du vent

Ce recueil tourne proprement dans le vent et la couleur. Mais tourne sans presque de bruit, avec un vent sans nom et une couleur sans couleur, réduits à leur essence. Nous sommes plus dans l’archétype du vent que dans le vent, dans le gris plutôt que la couleur. De ce fait nous nous tenons à la limite de l’exprimable, tant sont resserrées cette émanation et cette teinture. Du reste, ce n’est pas le vent de l’Évangile, lequel n’est pas synonyme de l’amour du Dieu car il cesse sans raison et ne connaît que le désordre.

Le vent de Jean Pierre Vidal s’explique de ce qu’il fait et explique le destin de la ventosité. La quête demeure de toute façon, elle aussi essentielle, mais qui ne se jette pas par caprice depuis les quatre points cardinaux, mais davantage comme symbole de ce qui élève et emporte.

Dans les branches, Thierry Metz (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Mercredi, 20 Octobre 2021. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

Dans les branches, Thierry Metz, éditions Le Ballet Royal, décembre 2020, 62 pages, 13 €

 

Habitation

Je suis heureux de faire part ici de mon sentiment au regard de ce petit recueil de Thierry Metz, disparu en mettant fin à ses jours en avril 1997. Je fais cette remarque car je découvre cette écriture. Et c’est grâce à l’amitié de Jean Maison, qui a composé plus un vrai texte qu’une postface à cette réédition, que je peux lire cette tragique position devant le monde. Car c’est bel et bien devant que se poste Thierry Metz. Devant le monde, un monde de signes restreints, voire fragiles, éthériques, une habitation poétique qui campe un espace de très peu de signaux, et de plus témoignant de l’abrupte réalité sans images, sans métaphores, sorte d’univers anorexique, essoufflé, côtoyant le vide. C’est ainsi d’abord une vision de la présence humaine, demeure intérieure qui s’ouvre sur quelques mots ; huis, fenêtre, description presque glaciale de la porte, de la table, et peut-être un rayon d’une lumière innommable venant frapper le sol dur du texte. On goûte une espèce d’élixir de mort.

Ars Poetica, Poèmes bibliques, Yorgos Thèmelis (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 18 Octobre 2021. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Bassin méditerranéen, Poésie

Ars Poetica, Poèmes bibliques, Yorgos Thèmelis, Éd. Ressouvenances, mai 2021, trad. grec moderne, Bernard Grasset, 188 pages, 21,99 €

 

La vie est plus que la nourriture, et le corps plus que le vêtement.

Luc XXII, 23

 

Poèmes aigus

Pour définir mon sentiment à l’égard de cette traduction et du travail de Bernard Grasset, je voudrais user d’un peu d’étymologie avec une certaine licence. Car ces poèmes aigus, comme le titre de cette chronique le souligne, s’apparentent intellectuellement à la définition du baroque, ici pensé comme perle irrégulière. Et comme de plus cette poésie défend une idée de la croyance religieuse (orthodoxe ?), cette perle irrégulière donne à penser au caractère aigu de l’irrégularité de la perle. Angles, décrochements sur la page, majuscules, tout est ici hérissé, cubique.

Mes Arabes, Olivier Rachet (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Mercredi, 13 Octobre 2021. , dans La Une CED, Les Chroniques, Tinbad

Mes Arabes, Olivier Rachet, éditions Tinbad, septembre 2021, 168 pages, 19 €

 

Identité

Il serait compliqué de résumer les impressions qui furent miennes à la lecture de cet ensemble de textes qui tournent autour de la faculté révolutionnaire de l’identité, ici identité homosexuelle – même si celle-là n’est pas tout dans le livre. On y voit surtout aussi une belle défense de l’Islam en ce qui concerne les mœurs ou la littérature.

Il m’a fallu trois petites journées pour lire Mes Arabes, et étudier, trop hâtivement sans doute, ce que j’appellerai ici : une herméneutique ou une phénoménologie de l’identité, ici appuyée sur un trait sexuel personnel et agissant. C’est avec cette approche en définitive que j’ai pu, sans temps morts, parcourir ce livre, à la fois poème en prose et réflexion sur soi, sur le soi homophile. Du reste, puisque j’évoque cette agitation des signes, qui s’interpolent dans le sein le plus intime de la construction d’un homo, je donne ici quelques mots phares de cet essai de discours amoureux arabo-musulman (car telle est la relation de l’auteur à lui-même passé par la figure vigoureuse de l’Arabe) : arabesque, Arabe, Raï, Paradis, alcool ou révolution notamment.