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Dis-moi quelque chose, Yves Namur (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Mardi, 25 Mai 2021. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Arfuyen

Dis-moi quelque chose, Yves Namur, Arfuyen, mars 2021, 156 pages, 14 €

 

Il s’agit aujourd’hui moins d’accroître nos connaissances

que de nous dépouiller, afin de retrouver

ce que devraient garder toute leur vie les hommes :

une fraîcheur de vision pareille à celle des enfants.

Michel Leiris

Ostinato

J’ai hésité à commencer une recension du recueil de Yves Namur, que publient les éditions Arfuyen, par crainte de compromettre l’intégrité de ce livre. Cette première hésitation se justifie en partie par la variété des points de vue que j’ai portés sur cette lecture. Ainsi, cette phrase répétée qui revient dans les 115 poèmes du volume, ne limite pas le champ de l’explication ni celui de la sensation. J’ai pris cette anaphore comme un rythme musical, un ostinato comme on en rencontre dans le Boléro.

Une Épiphanie, Alexis Bardini (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 17 Mai 2021. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

Une Épiphanie, Alexis Bardini, Gallimard, mars 2021, 104 pages, 12 €

 

Poème au carré

Le livre d’Alexis Bardini m’a interpellé, autant par le régime poétique de son texte, que par le nombre de réflexions à quoi convie ce recueil. Du reste, l’aspect intellectuel de l’ouvrage prend souvent le dessus, ce qui m’a entraîné, dans ma prise de notes, à revenir davantage sur l’intellection du poète sur son travail, qu’à me concentrer sur une étude musicale de cette herméneutique. C’est en cela que le poème est au carré, multiplié par sa propre substance, sa force. Et dans cette architectonique des vers, il me semble que recueillir le monde dans sa netteté importe moins à A. Bardini que de définir l’acte qui le lie à son énoncé. En un sens, le but latent et supposé en général de l’occupation poétique, celle de rendre acceptable l’univers qui entoure le rédacteur et le lecteur, en passe dans ce livre par une conception du monde comme phénomène de l’écriture, comme si l’écriture enveloppait plus que le simple monde lui-même.

Café Néon et autres îles, Chemins grecs, Jean-Christophe Bailly (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 10 Mai 2021. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

Café Néon et autres îles, Chemins grecs, Jean-Christophe Bailly, éditions Arléa, mars 2021, 144 pages, 17 €

 

De l’identification

Pour relater le sentiment d’empathie que j’ai éprouvé à la lecture de ce texte, je crois que le meilleur moyen était d’user d’une catharsis, se rapprocher ainsi des visions de la Grèce, du voyage, avec en regard une purgation de mes peines, celle que préconise la tragédie grecque justement. Car j’y ai trouvé une représentation du désespoir kierkegaardien. En tout cas, ce désespoir que j’ai ressenti durant mes voyages en Grèce, où à dix-sept ans, avec Les Fleurs du mal pour seul livre dans mon bagage, je cultivais sans le savoir une plaie douloureuse et brûlante : ma jeunesse. C’est encore là que je quittai le continent européen du point de vue physique pour la première fois de ma très jeune vie, puisque le bateau vers la Crète faisait physiquement le pas hors de l’Europe continentale. Ma famille a depuis des liens avec la Grèce (mes sœurs ayant fréquenté longuement des étudiants Grecs de la Sorbonne).

Hormis la joie, Pierre Andreani (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 03 Mai 2021. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Poésie

Hormis la joie, Pierre Andreani, éd. Sous le Sceau du Tabellion, février 2021, 96 pages, 13 €

 

Fouillement

Mon travail critique a le mérite de me faire ressentir de la joie et bien souvent de la curiosité pour des textes nouveaux qui me parviennent. C’est le cas ici avec ce livre de Pierre Andreani, où la difficulté non pas de trouver une clé dans ce mystère, mais un surcroît d’intensité en découvrant la personne, le poète derrière ses lignes, est devenue au cours de ma lecture justement cette clef-là que je cherchais. Ainsi, je crois avoir compris où la signification rationnelle venait buter, grâce à une expérience de la langue profonde et énigmatique. Cette double compréhension – moi lisant un texte feuilleté par un divorce entre l’épithète et son explication – s’est révélée une gymnastique dans laquelle ce qui est intervallaire a plus de poids que la réalité des sens, que la teneur intellectuelle des définitions et des sèmes.

Les Chants de l’Enténébré, Georg Trakl (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 26 Avril 2021. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Langue allemande, Poésie

Les Chants de l’Enténébré, Georg Trakl, éditions Arfuyen, janvier 2021, trad. de l'allemand (Autriche) par Michèle Finck, 144 pages, 15 €

 

Couleurs

Il y a longtemps que je connais la poésie de Georg Trakl. Mais, c’est la première fois que je distingue autre chose que l’expressionnisme auquel on le rattache habituellement. Bien sûr, il y a du vrai dans cette classification, mais cela reste une vérité relative, car on trouve tout aussi bien le Rimbaud des Voyelles que l’influence des avant-gardes des années 10. Je m’appuie sur cette belle idée de Todorov, qui écrit que l’œuvre de génie, capable de changer la compréhension esthétique d’une époque, est feuilletée : des liens avec le passé, pour avancer dans ce maillage des héritages, stigmates qui autorisent la nouveauté, le pas en avant. L’œuvre qui transforme la littérature n’est pas qu’une destruction de l’ancienne littérature.