Identification

Articles taggés avec: Nguyen Victoire

L’Ombre de l’eunuque, Jaume Cabré

Ecrit par Victoire NGuyen , le Vendredi, 11 Mars 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Babel (Actes Sud), Roman

L’Ombre de l’eunuque, trad. catalan Bernard Lesfargues, 480 pages, 9,70 € . Ecrivain(s): Jaume Cabré Edition: Babel (Actes Sud)

 

Confessions d’un enfant du siècle

Julia, une jeune journaliste, invite Miquel Gensana dans un restaurant pour un dîner d’affaire. En effet, ils sont censés parler des circonstances imprécises de la mort de Bolos, un ami de Miquel. Cependant, la conversation dévie et se focalise sur la vie de Miquel Gensana ; ce dernier, surpris de se retrouver dans un restaurant qui fut jadis la maison familiale des Gensana, une famille bourgeoise qui était très en vue et qui s’est enrichie grâce à l’essor de l’industrie du textile au 19ème siècle avant de tomber dans l’oubli à la fin de la guerre civile.

Confronté à cette trouvaille de ce lieu de son enfance, Miquel Gensana se laisse aller et taquine sa mémoire afin que resurgisse l’odyssée familiale et ses vicissitudes liées à l’Histoire de l’Espagne et particulièrement la Catalogne. Bolos devient un prétexte, une palissade pour Miquel pour évoquer ses luttes politiques, ses amours déçues et sa vie sans gloire.

La carte perdue de John Selden, Timothy Brook

Ecrit par Victoire NGuyen , le Vendredi, 05 Février 2016. , dans La Une Livres, Payot, Les Livres, Critiques, Canada anglophone, Histoire, Roman

La carte perdue de John Selden, Sur la route des épices en mer de Chine, mars 2015, trad. anglais (Canada) Odile Demange, 293 pages, 21 € . Ecrivain(s): Timothy Brook Edition: Payot

 

Sur la trace de la carte perdue

« Le livre que vous vous apprêtez à lire s’intéresse à une autre carte, la carte de Selden, ainsi nommée parce qu’un certain John Selden, juriste anglais, l’a léguée à la Bodleian Library d’Oxford en 1654. Cette carte chinoise, la plus importante des sept derniers siècles, représente la partie du monde que connaissent les Chinois de ce temps, c’est-à-dire la superficie qui s’étend de l’océan Indien à l’ouest aux îles aux Epices à l’est, et de Java au sud au Japon au nord ».

Dès la préface, le ton est donné. Il ne s’agit pas d’un roman d’aventure ou d’investigation, mais d’un ouvrage atypique dont le héros principal est une vieille carte longtemps reléguée dans les tiroirs obscurs des bibliothèques. De type essai mais adoptant une trame romanesque, La Carte perdue de John Selden happe l’imagination et la curiosité du lecteur. En effet, l’auteur, en fin chercheur, nous conte les mésaventures de la carte. Mais de quelle carte s’agit-il ? Timothy Brook nous livre l’histoire secrète d’une carte de Chine datant de 1608 et dont le détenteur est un étrange personnage, le sir John Selden.

Octobre, Zoë Wicomb

Ecrit par Victoire NGuyen , le Jeudi, 28 Janvier 2016. , dans La Une Livres, Afrique, Les Livres, Critiques, Mercure de France, Roman

Octobre, septembre 2015, trad. Anglais (Afrique du Sud) Edith Soonckindt, 290 pages, 23 € . Ecrivain(s): Zoë Wicomb Edition: Mercure de France

Une femme en crise

« Mercia Murray est une femme de cinquante-deux ans qui vient d’être quittée.

Nous le savons, et elle aussi d’ailleurs, cette situation pour le moins banale équivaut à une forme de mort ».

Ainsi commencent les premières lignes de ce roman. Zoë Wicomb prend comme point de départ cet instant de crise. Mercia Murray devient, au lendemain de la terrible nouvelle, une femme anéantie. Son compagnon la quitte pour une femme plus jeune et comble de l’ironie, il va aussi devenir père. Face à cet échec sentimental, Zoë entame une introspection. Son voyage intérieur la ramène aux sources. En effet, au même moment où elle entame sa vie de célibataire forcée en Ecosse, Mercia reçoit une lettre de son frère alcoolique et malade lui demandant de revenir au pays, en Afrique du Sud. Notre protagoniste n’a plus rien à perdre et décide d’effectuer son voyage de retour. Elle ne s’attend pas à l’ampleur du désastre et constate avec impuissance la déchéance de son frère rongé par la haine qu’il porte à son défunt père. Le retour à la terre natale fait émerger des souvenirs douloureux. Les images d’une enfance malheureuse resurgissent et avec elles, l’ombre d’un père terrible dévoré par l’angoisse du péché et le puritanisme.

Wulf, Hamish Clayton

Ecrit par Victoire NGuyen , le Vendredi, 22 Janvier 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Océanie, Roman, Editions de la Différence

Wulf, mai 2015, trad. anglais (Nouvelle-Zélande) Marc Sigala, 270 pages, 22 € . Ecrivain(s): Hamish Clayton Edition: Editions de la Différence

 

A la frontière du mythe

« Au cours de mes nombreuses errances, jamais je n’ai vu de pays si frais, si rude, si majestueusement vert. Jamais je n’ai mis les pieds dans aucun pays dont le froid soit si mordant à ses beaux jours. Juillet et août, joyaux de givre. Ainsi les ressentaient nos peaux nordiques.

Cette terre repose en des eaux lointaines et agitées. L’histoire reste dans l’attente de cette terre lointaine et agitée ».

Ainsi débutent les premières pages de ce roman consacré à la découverte de la Nouvelle-Zélande et de ses héros par les Européens commerçants.

Les premières pages s’ouvrent sur l’année 1830. Le narrateur ainsi que l’équipage du navire Elisabeth quittent Londres pour un long périple qui les mène vers les terres lointaines en pleine hémisphère sud :

Victoria n’existe pas, Yannis Tsirbas

Ecrit par Victoire NGuyen , le Samedi, 05 Décembre 2015. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Bassin méditerranéen, Roman, Quidam Editeur

Victoria n’existe pas, octobre 2015, trad. grec Nicolas Pallier, 66 pages, 10 € . Ecrivain(s): Yannis Tsirbas Edition: Quidam Editeur

 

Paroles décomplexées

Dans un train qui mène vers Athènes, deux voyageurs se retrouvent dans le même compartiment. La conversation s’engage. Il faut dire qu’il s’agit plutôt d’un échange unilatéral. En effet, l’un des hommes se tient en retrait. Il écoute son comparse déverser son flot de mots et de temps en temps relance la dynamique lorsqu’il sent que le débit de son voisin se tarit.

Ainsi, par un monologue très étudié au style cru, Yannis Tsirbas crée un personnage, digne héritier de la crise grecque. En effet, ce dernier décrit à son compagnon de voyage les difficultés de sa vie quotidienne. Réduit à des petits « boulots » sans lendemain, obligé de vivre chez ses parents, il assiste impuissant selon lui à la décrépitude de son quartier, Victoria.

« La place Victoria, enfin, Victoria-city ! Personne ne venait nous chercher. Et maintenant, même pour en faire le tour, tu réfléchis à deux fois. Ils bloquent les rues et se foutent sur la gueule. Entre eux, race contre race. L’autre jour ils tenaient des types à terre, ils les savataient sur le bitume. La circulation était stoppée. Du sang sur le trottoir, sérieux ! »