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Le Juif Süss, Lion Feuchtwanger

, le Lundi, 15 Juillet 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Langue allemande, Roman, Le Livre de Poche

Le Juif Süss, traduit de l'allemand par Maurice Rémon 697 pp., 8 €. . Ecrivain(s): Lion Feuchtwanger Edition: Le Livre de Poche

Si on lance une recherche à la mention « Le Juif Süss » sur Google, il faut attendre pas moins de quatre-vingt références avant de tomber sur une maigre notice Wikipédia consacrée au roman que Lion Feuchtwanger publia sous ce titre en 1925. À croire que l’autodafé des nazis à l’encontre de ce chef-d’œuvre se poursuit par malentendu interposé, dans  la mesure où l’unique information qui focalise l’attention à son sujet, c’est le film de propagande, supervisé par Goebbels, qu’en tira le réalisateur Veit Harlan en 1940. Or, voici qu’en décembre dernier reparaissait, dans sa version intégrale, ce texte superbe qu’il n’y a plus désormais aucune excuse à ignorer.

« Version intégrale », la chose mérite d’être soulignée. En effet, les rares à s’être plongés dans la précédente traduction française, due à Maurice Rémon, n’eurent accès qu’au pâle reflet des sept cents pages originales ; à un ersatz, amputé de maints passages et rendu par une langue autrement surveillée. La présente mouture se base sur l’édition Aufbau-Verlag de 1959 et, en la matière, la belle ouvrage de Serge Niémetz est à saluer sans réserve, car il aura su restituer à la prose de Feuchtwanger son ampleur, sa souplesse, sa richesse lexicale et expressive, bref son énergie. Du noir et blanc manichéen du film antisémite qui en fut tiré, la palette se rehausse pour le coup de toutes les nuances du fresquiste hors pair qu’était le romancier.

Peter Singer, la libération animale

, le Mardi, 06 Novembre 2012. , dans La Une CED, Etudes, Les Dossiers

 

La Libération animale, Peter Singer, traduction de l’anglais par Louise Rousselle, relue par David Olivier, présentation Jean-Baptiste Jeangène Vilmer, Petite bibliothèque Payot, 2012, n°884, 480 pp., 10,65 €

 

En quelques décennies, la « question animale » s’est imposée dans le débat public. Les campagnes de défense, les prises de position de stars ou de personnalités en faveur de tel mammifère menacé ou contre telle pratique jugée indigne (la corrida ou le port de la fourrure par exemple), les créations d’associations et même les décisions concrètes au niveau politique se sont multipliées. Elle semble bien révolue, l’époque où Brigitte Bardot semblait crier seule sur la banquise à l’arrêt du matraquage des bébés phoques aux grands yeux innocents. Les tenants de la cause animale sont désormais légion, et comme il en va dans tout courant d’opinion, leur discours est loin d’être monolithique. À bien y regarder, des sensibilités se dessinent, allant des plus modérées aux plus extrémistes et, aussi bizarre que cela paraisse, dans l’ardente promotion de leur combat, des essayistes (brillants par ailleurs) ne tiennent pas des propos moins aberrants que l’activiste un brin foldingue incarné par Brad Pitt dans L’Armée des 12 singes.