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Etudes

Le Diable et l’Histoire (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Vendredi, 07 Février 2020. , dans Etudes, Les Dossiers, La Une CED

« De la Ville, les mourants se lamentent

et l’âme des blessés crie au secours,

mais Eloah n’entend pas la prière !

Au petit jour se lève l’assassin,

Il tue le pauvre et l’indigent

Et l’œil de l’adultère épie le crépuscule

Il se dit : « un œil ne m’aperçoit point ! »

Et il met le voile sur sa face.

Et dans la nuit marche le voleur,

Il perfore, dans les ténèbres, les maisons

Qu’il a repérées le jour (…)

S’il n’en est pas ainsi, qui me convaincra

De mensonges et réduira à néant ma parole ? »

Job. XXIV. 12-25

Une pensée philosophique ou L’œuvre de Michel Guérin (1) (par Pierre Windecker)

Ecrit par Pierre Windecker , le Vendredi, 22 Novembre 2019. , dans Etudes, Les Dossiers, La Une CED

André Leroi-Gourhan, L’évolution ou la liberté contrainte, Michel Guérin, Hermann, juillet 2019, 206 pages, 25 €

à l’occasion de la parution de « André Leroi-Gourhan, L’évolution ou la liberté contrainte »

 

J’ai consacré plusieurs chroniques à la présentation d’ouvrages de Michel Guérin dans La Cause littéraire. Chacun peut se douter que l’auteur est un vieil ami. Mais il est facile de comprendre que cela ne ferait pas un motif suffisant. Le motif unique, c’est évidemment le sentiment qu’il y a une pensée philosophique de Michel Guérin, et qu’elle mérite à coup sûr d’être mieux connue. Je me suis souvent demandé comment en suggérer l’idée sans tomber dans le travers d’un exposé doctrinal. Le dernier livre de Michel Guérin m’offre peut-être un biais.

Ce livre est consacré à l’anthropologue et préhistorien Leroi-Gourhan, à ses travaux, à ses démarches de chercheur, à ce que Michel Guérin n’hésite pas à appeler sa « pensée ». Sa parution coïncide heureusement avec une réédition du premier livre de Leroi-Gourhan, La Civilisation du renne (Les Belles Lettres, collection Encre marine), accompagné d’une préface de Michel Guérin.

Ecritures de soi, Ecritures du corps, Actes du colloque de Cerisy, sous la direction de Jean-François Chiantaretto et Catherine Matha

Ecrit par Marie-Josée Desvignes , le Lundi, 02 Janvier 2017. , dans Etudes, Les Livres, Critiques, Livres décortiqués, La Une Livres, Revues, Hermann

Ecritures de soi, Ecritures du corps, Actes du colloque de Cerisy, sous la direction de Jean-François Chiantaretto et Catherine Matha, 2016, 300 pages, 26 € Edition: Hermann

Le corps et la sensorialité, omniprésentes aujourd’hui à travers les medias (blogs, réseaux sociaux) parfois jusqu’à la surexposition, voilà le propos de ce colloque, du corps somatique au corps érotique, du corps à aimer au corps à détruire. C’est ce dont il est question à travers différents champs, celui de l’écriture, celui de la cure et dans les différentes cultures, avec anthropologues, linguistes, psychologues cliniciens, psychanalystes et écrivains.

Dans la première partie intitulée Ecritures, Jean-François Chiantaretto dans son article « Présence et absence du corps dans l’écriture de soi : Martin Miller contre Alice Miller » y présente le rapport complexe et douloureux entre Alice Miller – dont l’œuvre pourtant témoignait d’une véritable attention portée au corps de l’autre, de l’enfant, à son intime – et son propre fils Martin Miller, lui-même devenu thérapeute, qui vient d’écrire un ouvrage : Du côté de l’enfant, une approche subversive de la souffrance humaine, L’essentiel d’Alice Miller. Martin Miller revendique dans son essai biographique une double légitimité, d’abord comme « enfant maltraité de sa mère », victime muette et observateur de sa mère, puis « auditeur empathique de ses élaborations théoriques ».

Bertrand Russell, penser avec et au-delà des mathématiques - Épisode 6 (et dernier) : Cher Bertie

Ecrit par Marie-Pierre Fiorentino , le Lundi, 04 Juillet 2016. , dans Etudes, Les Dossiers, La Une CED

 

Dans votre autobiographie où vous livrez aussi une partie de votre correspondance, j’ai découvert ce diminutif affectueux par lequel s’adressait à vous vos proches, Bertie, et je l’ai fait mien. Ce fut d’abord timidement, en mon for intérieur. C’est à présent pour le plus grand amusement de mon auditoire quand j’évoque devant lui vos pensées ou commente des pages de vos livres.

Je n’ai pourtant pas lu tous ces derniers et j’avoue que ce fut toujours en traduction. Je ne suis donc pas spécialiste de votre philosophie et mon esprit est bien incapable, ignorant des mathématiques, de pénétrer dans la logique de vos Principia Mathematica qui lui resteront à jamais mystérieux.

« Russellienne illégitime » s’indigneront les puristes.

Bertrand Russell, penser avec et au-delà des mathématiques - Épisode 5 : Le mariage et la morale

Ecrit par Marie-Pierre Fiorentino , le Lundi, 27 Juin 2016. , dans Etudes, Les Dossiers, La Une CED

 

Le mariage et la morale (1929) est le livre auquel Russell attribue l’obtention de son Nobel de littérature récompensant « toute personne ayant grandement participé à l’amélioration de l’humanité » (1). Mais en quoi cet ouvrage, plus qu’un autre, y participe-t-il ?

Russell y met au jour les origines de la morale pour montrer qu’elle ne repose pas sur des fondements absolus mais surtout sur des superstitions qui règlementent principalement la sexualité. La morale ne tolérant pas de relations entre les sexes en dehors du mariage, celui-ci lui est logiquement associé. Mais étant à la fois l’union intime de deux individus et une institution légale, le mariage forme un nœud d’enjeux psychologiques, sociaux, économiques, politiques et même scientifiques que le philosophe dénoue pour dénoncer ce qu’il considère comme source de maux pour l’humanité : l’inégalité entre hommes et femmes, l’éducation obscurantiste, la culture du péché sexuel.